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Arancha Gonzalez Laya a été écartée ce samedi 10 juillet du poste de ministre des Affaires étrangères. C’est le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez qui a annoncé cette nouvelle dans le cadre d’un important remaniement de son cabinet. L’ex-ministre a ainsi été remplacée par l’ambassadeur d’Espagne en France Jose Manuel Albares. Gonzalez Laya était dans le collimateur de la presse ibérique et du palais de la Moncloa après des revers diplomatiques successifs qui ont conduit à une véritable crise bilatérale avec le Maroc. D’ailleurs, selon El Pais, l’échec de la gestion de l’épisode Brahim Ghali et le conflit avec Rabat qui en a résulté ont été les principaux facteurs dulimogeage de la responsable.
Les erreurs de Gonzalez Laya
D’après l’enquête en cours portant sur les conditions d’entrée du chef du Polisario en Espagne en avril dernier, Arancha Gonzalez Laya a coopéré discrètement avec l’Algérie pour permettre à Ghali d’accéder en Espagne, et ce, sans même passer par le contrôle obligatoire des passeports et de la douane. Un faux pas majeur qui a été jugé par le Maroc, comme par plusieurs politiciens espagnols, comme une violation de la confiance et de l’amitié qui réunissait Rabat et Madrid. D’ailleurs, la presse ibérique estime que «la crise provoquée par l’accueil du chef du Polisario Brahim Ghali en Espagne a causé plusieurs dégâts collatéraux, dont le plus grave demeure la perte de confiance entre les gouvernements des deux côtés du détroit». Ainsi, la décision de l’ex-cheffe de la diplomatie a remis en question les autres partenariats clés qui lient les deux pays, notamment en matière de lutte contre la migration irrégulière ou la lutte contre le terrorisme.
Pour le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, ce qui a le plus provoqué l’ire du Maroc, c’est le non-respect du bon voisinage, notamment le fait de ne pas le prévenir à l’avance de l’accueil de Ghali pour des «raisons humanitaires». Une erreur que Gonzalez Laya a fini par reconnaitre et qu’elle a essayé de rectifier en avisant le Royaume du départdu chef des séparatistes en Algérie après son rétablissement de la Covid-19.
Lire aussi :Crise Maroc-Espagne : l’étau se resserre autour d’Arancha Gonzalez Laya
Ce que représente ce remaniement pour le Maroc
Selon Mohamed Bouden, politologue et président du Centre Atlas pour l’analyse des indicateurs politiques et institutionnels, le limogeage d’Arancha Gonzalez Laya «est un premier pas pour corriger la trajectoire des relations maroco-espagnoles». Intervenant surla chaîne de télévision M24, l’expert a précisé que la responsable représentait un élément de tension dans les relations bilatérales entre les deux pays, et que son éviction confirme la volonté de l’Espagne à repenser les principes de base de ses rapports avec le Maroc, basée sur le partenariat et le bon voisinage. Les autorités espagnoles cherchent ainsi à éviter d’éroder davantage la position de leur pays au niveau régional. Jose Manuel Albaresconnaittrès bien la nature des relations maroco-espagnoles, poursuit Bouden, notant que la désignation de ce dernier ouvrira la porte à la communication entre les deux pays.
De son côté, le politologue Mustapha Tossa rappelle que malgré les pressions de Madrid et son recours au Parlement européen pour déstabiliser le Maroc, le Royaume est «resté droit dans ses bottes, solide dans ses convictions, imperturbable dans la défense de ses intérêts, prêt à toutes les hypothèses pour asseoir son unité et sa souveraineté». «Cette détermination a été à elle seule un facteur paralysant toute action de la ministre Arancha González Laya contre le Maroc», affirme Tossa dansson analyse intitulée « la malédiction du Polisario frappe l’Espagne » publiée sur le site Atlasinfo. Le politologue soutient en plus que la légitimité de la position marocaine a été défendue par de nombreuses voix espagnoles influentes qui ont dénoncé «l’amateurisme de leur diplomate en chef sur un sujet aussi explosif que la question du Sahara et les relations avec le Maroc».
Mustapha Tossa affirme que l’affaire Brahim Ghali qui était un cadeau discret aux services algériens en échange de concessions gazières sonnantes et trébuchantes, a eu un effet boomerang sur l’ensemble du gouvernement espagnol. Cette crise a ainsi terni et remis en cause plusieurs valeurs espagnoles et européennes. Elle a «ridiculisé» la justice du pays, censée être indépendante, mis à mal législation européenne sur l’entrée et le séjour des étrangers faisant l’objet de mandats d’arrêts internationaux et a anéanti un partenariat clé, théoriquement stratégique, avec le Maroc. Désormais, Jose Manuel Albares aura la lourde tâche de relancer le dialogue avec le Royaume pour mettre fin au froid entre les deux pays des deux côtés du détroit. D’ailleurs, dans sa toute première sortie médiatique, Jose Manuel Albares aindiqué que l’Espagne devait travailler avec ses partenaires et amis, citant explicitement le Maroc : «il faut renforcer nos relations, notamment avec le Maroc, notre grand ami», a-t-il déclaré.
Qui est Jose Manuel Albares ?
Jose Manuel Albares, le nouveau ministre espagnol des Affaires étrangères, est diplômé en droit et en administration des affaires et a précédemment occupé le poste de secrétaire général de l’Espagne pour les affaires internationales et la sécurité mondiale. Il a rejoint l’ambassade d’Espagne en France en tant qu’attaché culturel avant d’être nommé ambassadeur en France en janvier 2020.
Albares avait été pressenti pour le poste de ministre des Affaires étrangères avant la nomination de GonzalezLaya en janvier 2020. Il s’est vu confier le rôle d’ambassadeur en France peu de temps après qu’il soit devenu clair que Laya prendrait la tête du ministère espagnol des Affaires étrangères. Enfin, Madrid voit en Albares à la fois un diplomate chevronné et un communicateur expert, maîtrisant parfaitement l’utilisation des réseaux sociaux, un conseiller personnel de Sanchez et une personne ayant un intérêt marqué pour le Maroc.
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