Accueil / Société

Médecins étrangers au Maroc : ce que recommandent les syndicats

Temps de lecture

Le projet de loi qui permettra aux médecins étrangers d’exercer au Maroc provoque une polémique chez les médecins marocains du secteur privé. Ces derniers affirment ne pas être contre l’idée de recruter des médecins étrangers, mais insistent pour que cette démarche soit réglementée. Ils appellent également à ce que deux choses principales soient respectées : la compétence de ces médecins et leur affectation aux régions où il y a le plus grand besoin.

Adopté le 27 mai dernier au Conseil du gouvernement, le projet de loi 33-21 modifiant et complétant la loi 131-13 relative à l’exercice de la médecine au Maroc continue de faire parler de lui. Un nouveau communiqué, dont LeBrief a reçu une copie, a été publié cette semaine par les médecins marocains du privé dans ce sens. Le Collège syndical national des médecins spécialistes privés (CSNMSP), le Syndicat national des médecins généralistes (SNMG), le Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL) et l’Association nationale des cliniques privées (ANCP) appellent le ministère de la Santé à encadrer de la meilleure manière la pratique de ces praticiens dans le système sanitaire.

Ils affirment qu’ils ne rejettent pas les médecins arrivant de l’étranger, mais ils exigent que ces derniers soient bien encadrés afin d’assurer l’efficacité de leur exercice médical et la protection de la santé des Marocains. Aussi, les médecins marocains du privé invitent le ministère de la Santé à «déterminer trois àquatre zones prioritaires vers lesquelles seraient orientés les médecins étrangers». Le communiqué ajoute que «la priorité doit être accordée aux médecins marocains exerçant à l’étranger, par la mise en place des conditions incitatives qui encourageraient leur retour au pays».

Lire aussi :Accès aux facultés de médecine : le concours commun d’accès assure l’égalité des chances

L’Ordre national des médecins et les syndicats se disent également indignés par la décision du ministère de tutelle de les écarter du processus d’élaboration de ce projet de loi. Ils soulignent que les notes et propositions qui ont été envoyées n’ont également pas été prises en compte, ajoutant que l’objectif était simplement de «produire une loi qui fait l’unanimité de toutes les composantes du secteur».

Rappelons que ce n’est pas le premier communiqué envoyé par les médecins du secteur privé au département de Khalid Aït Taleb. Deux lettres ont été envoyées dans ce sens le 7 et le 9 juin 2021.

L’ouverture sur les étrangers, est-ce la solution pour réduire le besoin en médecins ?

Plusieurs spécialistes s’accordent à dire que non, la problématique est ailleurs. C’est le cas de Jaâfar Heikel, professeur en médecine et expert en management sanitaire. Lors d’une déclaration accordée à Telquel, ce dernier a précisé que lier le problème uniquement au recrutement des médecins étrangers est une méconnaissance de la réalité des lacunes du système de santé.

«Au lieu de demander 16 de moyenne au bac et un concours pour ne retenir que 10% des candidats, il faut élargir l’accès et en admettre par exemple 20%», recommande le professeur en médecine. Ce dernier souligne que cela fait 18 ans que les responsables évoquent le manque de personnel médical au Maroc, mais que rien n’a été fait concrètement pour y remédier. Le professeur évoque également la problématique de la difficulté d’exercer partout au Maroc. «Je suis professeur de médecine à Casablanca, j’exerce dans le privé, mais je n’ai pas le droit d’exercer à Rabat, Kénitra ou Dakhla. Il faut que je ferme mon cabinet et que je demande une nouvelle autorisation. Imaginez que je puisse rendre service en allant travailler quelques jours dans une autre ville et revenir», s’interroge Jaâfar Heikel.

Lire aussi :Ouverture imminente de la faculté de médecine de Laâyoune

Le déficit dans le secteur de la santé au Maroc est grave. Le pays compte environ 28.000 médecins pour 36 millions de personnes, soit 7 médecins pour 10.000 habitants. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à un minimum de 15 médecins pour 10.000 habitants. Selon les derniers chiffres officiels, le déficit de personnel est de 97.566 professionnels de santé (32.522 médecins et 65.044 infirmiers).

Le secteur de la médecine au Royaume se confronte aussi à d’autres problèmes. Le ministère aura la lourde tâche de mettre fin à l’exode des médecins (600 médecins marocains quittent chaque année le Maroc vers l’étranger). De plus, même ceux qui restent ne travaillent pas majoritairement dans le public (53% des médecins exercent dans le privé). Par ailleurs, 36% des médecins qui exercent dans le public ont plus de 51 ans. La moyenne d’âge est élevée et le département d’Aït Taleb devra trouver une solution pour motiver les jeunes médecins diplômés à travailler dans le public. Le ministère de la Santé réussira-t-il à franchir cette étape importante ? Affaire à suivre.

Dernier articles
Les articles les plus lu

La France inaugure son nouveau consulat général à Tanger

Société - Le consulat est installé dans un bâtiment chargé d’histoire, ancienne résidence des consuls généraux jusqu’en 2021.

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

Oujda : réseau de trafic d’or démantelé, cinq arrestations

Société - Cinq individus appréhendés à Oujda par les autorités locales, en collaboration avec la DGST soupçonnés de faire partie d’un réseau international de trafic d’or.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Réhabilitation des forêts à Kénitra : l’ANEF présente les avancées de la stratégie « du Maroc 2020-2030»

Société - L'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a organisé une visite de terrain dans la forêt de Maâmoura, située dans la province de Kénitra

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Handicap : qui a réellement accès à la scolarité ?

Société - Au Maroc, le droit à l’éducation pour tous est inscrit dans la Constitution et soutenu par divers traités internationaux. Pourtant, pour les enfants en situation de handicap (ESH), ce droit demeure dans bien des cas, théorique.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

Casablanca : lancement dimanche prochain de la 10e édition de Sidaction Maroc

Société - La dixième édition de Sidaction Maroc se déroulera du 1er au 31 décembre, a annoncé l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS).

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

Retraites : manifestation prévue, la CIMR répond

Société - La CIMR a publié un communiqué pour rectifier certaines interprétations soulignant qu’elle procède à une revalorisation annuelle.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

TikTok au Maroc : vers un dialogue pour protéger les valeurs culturelles

Société - Le Maroc intensifie ses efforts pour encadrer la diffusion de contenus négatifs sur la plateforme sociale TikTok

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024
Voir plus

Un objet lumineux dans le ciel de Tanger

Société - Dans la nuit du 20 au 21 juin, vers 1h du matin, un phénomène lumineux dans le Nord du Maroc et le Sud de l'Espagne a attisé la curiosité des internautes.

Atika Ratim - 22 juin 2022

Réforme des retraites : vers un départ à 65 ans et le gel de la revalorisation des pensions

Société - La réforme propose de relever l’âge de départ à la retraite à 65 ans pour les secteurs public et privé, d’augmenter les taux de cotisation, et d’introduire un plafond unifié dans le système fondamental, équivalent à deux fois le salaire minimum.

Mbaye Gueye - 2 janvier 2025

Réseaux sociaux : quels sont les favoris des Marocains en 2024 ?

Société - Trois réseaux sociaux du groupe Meta sont les plus utilisés quotidiennement au Maroc. Oui, mais lesquels?

Hajar Toufik - 3 juin 2024

Rougeole : le Maroc face à la résurgence de la maladie

Société - Le Maroc connait l’apparition de plusieurs foyers de cas de rougeole, notamment dans les régions Beni Mellal, Souss Massa et Tanger.

Mouna Aghlal - 24 décembre 2024

La femme marocaine en chiffres (HCP)

Société - Le HCP a publié un rapport sur la situation de la femme marocaine à l'occasion de la Journée nationale de la femme.

Atika Ratim - 11 octobre 2023

Mariage mixte : la grande épreuve

Les différences culturelles rendent les mariages mixtes compliqués. Lire tous les différents cas de figure correspondant à un mariage mixte.

Hafid El Jaï - 29 mai 2021

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire