Accueil / Politique

Maroc-Espagne : entre préoccupations et fake news

Temps de lecture

La responsable de la diplomatie espagnole a récemment exprimé son intention de rester discrète au sujet des tensions maroco-espagnoles ainsi que sur la position de son pays sur la question du Sahara. La réticence de Madrid à reconnaître la marocanité des provinces du Sud peut être expliquée par sa crainte de voir le Royaume revendiquer ensuite Sebta et Melilia. Aussi, les tensions entre les deux voisins ont suscité bien des inquiétudes et des fake news, notamment concernant l’accord de pêche et le contrat du gazoduc Maghreb-Europe.

La reprise desrelations Maroc-Espagne est toujours incertaine. Cependant, Arancha González Laya, ministre espagnole des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, assure que son pays s’efforce de calmer les tensions avec le Royaume et de créer les conditions nécessaires pour «réorienter la situation» actuelle. Dans une interview accordée à la radio Cadena SER, la responsable a exprimé son intention de rester «discrète» sur la situation diplomatique avec Rabat. «Je ne veux rien dire ou faire qui puisse remettre en cause notre volonté de reprendre nos relations avec nos interlocuteurs marocains», a-t-elledéclaré ce mardi 15 juin. Selonla cheffe de la diplomatie, le gouvernement ibérique cherche à désamorcer la tension avec le Maroc avec peu de bruit, car «c’est une situation que l’Espagne n’a pas recherchée et ne veut pas continuer à l’avenir».

Interrogée sur la demande qu’elle a faite au gouvernement américain pour retirer son soutien à la marocanité du Sahara, la ministre a soutenu qu’elle refuse de parler ou de spéculer au nom des États-Unis. «Nous respectons nos partenaires et alliés. Il appartiendra aux États-Unis de décider quelle est leur position», a-t-elle avancé. Le plus important pour le gouvernement espagnol, poursuit-elle, est qu’il puisse promouvoir et appeler à la multiplication des négociations aux Nations unies au sujetdu Sahara.

Lire aussi :L’affaire Brahim Ghali divise les politiques en Espagne

Pourquoi l’Espagne refuse-t-elle de reconnaitre la souveraineté du Maroc sur le Sahara ?

Le voisin du Nord, bien qu’il ait été un partenairetrès prochedu Maroc depuis plusieurs années, a toujours refusé de se prononcer clairement quant à sa position sur la question du Sahara. Selon la presse ibérique,la reconnaissance de la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud estune ligne à ne pas franchir pour Madrid, car cette dernière craint que Rabat ne revendique par la suite Sebta et Melilia. D’après le quotidien El Mundo, le Premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, ne cédera pas à la pression du Maroc, en dépit des appels lancés par plusieurs responsables en Espagne l’exhortant à revoir cette position.

Lire aussi :Maroc-Espagne : la crise diplomatique se poursuit

La même source explique que la crainte de voir le Royaume exiger la récupération des deux présides occupés a été attisée par des propos avancés par Saad Dine El Otmani, chef du gouvernement marocain, quelques mois auparavant. Ce dernier avait souligné : «le jour viendra où nous allons rouvrir la question de Sebta et Melilia, qui sont des territoires marocains comme le Sahara». C’est d’ailleurs pour cette raison qu’après la crise migratoire de Sebta et Melilia, Pedro Sanchez s’est rendu en personne dans les villes occupées pour «irriter les autorités marocaines», selon El Mundo.

Quid de l’avenir de l’accord de pêche ?

Au milieu de cette crise diplomatique entre les deux voisins, et aprèsl’exclusion de l’Espagne de l’opération Marhaba 2021, le doute quant à l’avenir de l’accord de pêche s’installe. Dans son édition de ce mercredi 16 juin, le journal Assabah rapporte que certains opérateurs espagnols de ce secteur étudient les moyens d’éviter que le Maroc n’utilise «la carte de la pêche maritime comme mesure de rétorsion». Afin de rassurer les travailleurs de ce secteur, Luis Planas, ministre espagnol de l’Agriculture, a affirmé queles tensions diplomatiques entre les deux pays ne risquent pas dechanger les accords économiques qu’ils avaient conclus auparavant. D’ailleurs, assure le responsable, aucun changement n’a été exigé ou demandé à ce jour au niveau du domaine de la pêche.

Lire aussi :Exclue de l’opération Marhaba, l’Espagne risque de perdre 1,15 milliard d’euros

Puis s’adressant à la presse, Planas a avancé que son pays et l’Union européenne (UE) veulent maintenir leurs excellentes relations avec le Maroc, d’autant plus que l’activité des pêcheurs espagnols et européens dans les eaux marocaines leur est cruciale, au même titre que leurs échanges agricoles avec le Royaume. D’après Assabah, la péninsule ibériqueest le principe bénéficiaire de l’accord de pêche avec l’UE, qui expire juridiquement en 2023. Cette dernière déploie plus de 90 bateaux de pêche dansles eaux territoriales marocaines, offrant ainsi des emplois à plusieurs milliers de personnes originaires d’Andalousie et plus particulièrement de la province de Cadix.

Intox sur le gazoduc Maghreb-Europe

Profitant des tensions maroco-espagnoles, la presse ibérique a commencé à diffuser plusieurs informations erronées. La dernière en date porte sur la décision du roi Mohammed VI d’interrompre les négociations pour le renouvellement de la concession du gazoduc Maghreb-Europe. Cet important pipeline relie l’Algérie à l’Espagne et au Portugalen passant par le Maroc et transporte plus de 30% du gaz naturel consommé par la péninsule ibérique. En annonçant cette suspension des négociations, El Mundo et El Confidencialont également précisé que de toute façon l’Espagne peut toujours avoir recours au gazoduc Medgaz, qui relie directement le pays à l’Algérie et qui satisfait près de 60% de ses besoins en cette ressource. Ce projet est dirigé par Sonatrach, la compagnie pétrolière publique algérienne, et Naturgy, une société espagnole de distribution et de commercialisation d’électricité et de gaz.

Cependant, une source du gouvernement marocain a contesté les informations rapportées par les journaux espagnols, affirmant que les négociations sont toujours en cours. Le ministre de l’Énergie et des Mines, Aziz Rabbah, a même ajouté que le Maroc «ne répond pas aux rumeurs de la presse. Et on ne peut pas l’empêcher d’écrire ce qu’elle veut. Si on voulait répondre, on aurait publié un communiqué pour préciser les choses». Le responsable a en plus tenu à préciser que «ce genre d’affaires ne se traite pas par médias interposés».

Lire aussi :Espagne-Maroc : quid de la concession du gazoduc Maghreb-Europe ?

La source gouvernementale proche de ce dossier a pour sa part affirmé qu’il est peu probable quele contrat, vieux de 25 ans, du gazoduc Maghreb-Europe ne soit influencé par les tensions actuelles entre le Maroc et l’Espagne. Selon elle, il est très compliqué de mettre fin à un tel engagement du jour au lendemain, notant que «les intérêts économiques dépassent les conflits passagers qu’il peut y avoir entre les différentes parties».Et de conclure que les négociations pour le renouvellement de la concession du gazoduc Maghreb-Europe sont purement commerciales, entre clients, acheteurs et propriétaires de l’infrastructure et qu’il est quasi impossible de les compromettre avec des manœuvres médiatiques malsaines.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Code de la famille : le RNI salue l’approche royale

Politique - Le parti a réuni sa commission interne dédiée à la révision du Code de la famille et a communiqué quatre axes.

Mouna Aghlal - 26 décembre 2024

Réforme du Code de la famille : ce qu’en pensent les camarades

Politique - Le PPS met en garde contre toute exception qui pourrait compromettre l’élan de modernisation du Code de la famille.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Réforme du Code de la famille : le PJD exprime sa satisfaction

Politique - Le PJD exprime sa satisfaction et sa fierté face aux propositions de révision, qui respectent les fondements religieux, constitutionnels et nationaux, conformément aux directives du Roi.

Mbaye Gueye - 26 décembre 2024

Réforme du Code de la famille : l’UC salue l’engagement royal pour une justice sociale

Politique - Le parti de l'Union constitutionnelle a exprimé son soutien total à l'initiative de réforme du Code de la famille lancée par le roi Mohammed VI.

Rédaction LeBrief - 26 décembre 2024

Code de la famille : les points soulevés par le PAM

Politique - Le PAM a souligné l'importance d'un système logistique efficace, comme les guichets uniques dans les tribunaux familiaux.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Numérique : vers un âge légal de 16 ans?

Politique - Le groupe parlementaire du PPS a proposé une loi relative à la protection des données personnelles des individus.

Mouna Aghlal - 25 décembre 2024

Paraguay : soutien renforcé au Sahara marocain

Politique - La Chambre des députés du Paraguay a récemment adopté une résolution renouvelant son appui à la souveraineté marocaine sur les provinces sahariennes.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

Maroc – Sénégal : vers un renforcement des relations diplomatiques

Afrique, Diplomatie, Politique - Nasser Bourita, a reçu, ce lundi à Rabat, Yassine Fall, ministre sénégalaise de l’Intégration africaine et des affaires étrangères.

Ilyasse Rhamir - 24 décembre 2024
Voir plus

Bourita reçoit le président de l’Assemblée nationale de la Mauritanie

Politique - Le Maroc et la Mauritanie confirment leur volonté de renforcer leurs relations, comme en témoigne la rencontre entre Bourita et Bemba Meguett.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

CDM 2030 : la BAD investit 650 M€ au Maroc

Politique - Le président de la BAD, a annoncé l’élaboration d’un projet de financement de 650M d’euros, destiné au développement des infrastructures ferroviaires et aéroportuaires du Royaume.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Les dessous de la carte

Dossier - Prononcé devant le Parlement du Maroc le 29 octobre, quels secrets, quelles promesses, quelle histoire se cache derrière le discours d'Emmanuel Macron ?

Sabrina El Faiz - 2 novembre 2024

PLF 2025 : des réformes pour un avenir social plus équitable

Politique - Le projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025 met en avant un ensemble de mesures visant à consolider l’État social.

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

Quelle année politique !

Dossier - 2024 s’inscrit pour le Maroc comme l'année du changement pour de meilleures perspectives. 12 mois de défis.

Mouna Aghlal - 31 décembre 2024

PLF 2025 : 231 amendements examinés par la Chambre des conseillers

Politique - La Commission des finances de la Chambre des conseillers a reçu 231 amendements sur la première partie du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025. Parmi eux, 66 ont été acceptés, 55 rejetés et 110 retirés. La majorité des propositions portaient sur le volet fiscal (177 amendements), suivi des volets douanier et divers.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire