Accueil / Politique

Espagne-Maroc : quid de la concession du gazoduc Maghreb-Europe ?

Temps de lecture

Après avoir exclu l’Espagne de l’opération Marhaba 2021, le Maroc aurait interrompu les négociations pour le renouvellement de la concession du gazoduc Maghreb-Europe, en raison de son conflit diplomatique avec Madrid. Selon la presse espagnole, même si Rabat décide de mettre fin à cette concession, l’approvisionnement de l’Espagne en gaz naturel est assuré grâce au nouveau gazoduc Medgaz qui relie directement les installations de Beni Saf en Algérie à Almeria. De plus, la diplomatie ibérique a attisé les tensions avec le Maroc en demandant au gouvernement américain de retirer sa reconnaissance de la marocanité du Sahara.

Le Maroc est toujours en froid avec l’Espagne. En effet, selon la presse ibérique, le Royaume aurait interrompu les négociations pour le renouvellement de la concession du gazoduc Maghreb-Europe. Cegazoduc relie l’Algérie à l’Espagne en passant par le Maroc et transporte plus de 30% du gaz naturel consommé par la péninsule ibérique, selonEurope Maghreb Pipeline limited (EMPL). Ce dernier permet également au Portugal de recevoir son approvisionnement en gaz de l’Algérie via le Royaume.

D’après le journalespagnol El Mundo, c’est le gouvernement marocain qui a décidé de mettre fin aux négociations pour le renouvellement de ladite concession, qui expire en novembre prochain. Pour cause, les tensions croissantes avecle voisin du Nord et sa collusionavec l’Algérie pour aider le chef du Polisario, Brahim Ghali, à se rendre discrètement dans un hôpital espagnol pour y recevoir des soins médicaux post-infection à la Covid-19.

Lire aussi :Affaire Brahim Ghali : quel sort pour les relations Maroc-Espagne ?

La même source a affirmé que bien quele transit du gaz par le Maroc soit important, «il n’est plus décisif» depuis que le gouvernement de José Maria Aznar a promu un nouveau gazoduc qui relie directement l’Algérie et l’Espagne. Ce nouveau gazoduc direct s’appelle Medgaz. Certains experts ont assuré au média espagnol que «même si le Maroc décide de ne pas prolonger la concession et de ne plus faire passer de gaz par le gazoduc Maghreb-Europe, l’approvisionnement de l’Espagne est assuré». Ils soutiennent aussi que Medgaz «transporte déjà plus de gaz que le gazoduc Maghreb-Europe et qu’il est en train de se renforcer».

Notons que Medgaz relie directement les installations de Beni Saf en Algérie à Almeria en Espagne. Ce projet est porté par Sonatrach, la compagnie pétrolière publique algérienne, et Naturgy, une société espagnole de distribution et de commercialisation d’électricité et de gaz. Ledit pipeline est «opérationnel depuis 2011, avec une capacité initiale de huit milliards de mètres cubes par heure», selon News in 24.

Le Maroc se désengage de plus en plus de ses relations avec l’Espagne

Si elle est confirmée, la décision du Maroc de mettre fin aux négociations pour le renouvellement du gazoduc Maghreb-Europe serait la deuxième mesure prise par le pays à l’encontre de l’Espagne, dans un contexte de tensions bilatérales de plus en plus vives entre Madrid et Rabat.

La première portait sur l’exclusion des ports espagnols de l’opération Marhaba 2021, qui vise à accompagner des millions de Marocains de la diaspora lors de leur voyage enété vers le Maroc. D’ailleurs, le média ibérique La Razon a récemment rappeléque plus de 3,2 millions de Marocains résidant en Europe traversent traditionnellement les ports espagnols, dont ceux d’Algésiras, de Tarifa et d’Almeria, pour rejoindre le Royaume pendant la saison estivale. Et l’annulation de cette opération massive de transit pourrait coûter à l’Espagne 1,15 milliard d’euros (MM€). Cette suspension aura également de graves répercussions économiques sur toutes les entreprises du Sud de la péninsule ibérique.

Lire aussi :Exclue de l’opération Marhaba, l’Espagne risque de perdre 1,15 milliard d’euros

La décision d’exclure les ports espagnols de l’opération Marhabaa été considérée comme une réaction à la décision de l’Espagne d’autoriser Brahim Ghali à quitter son territoire. Avant sa sortie de l’hôpital de Logroño, Rabat avait insisté sur le fait que si le chef du Polisario n’est pas tenu responsable par la justice espagnole des nombreuses accusations criminelles que lui imputent des associations et des dissidents du mouvement séparatiste, cela pourrait fortement nuire aux relations maroco-espagnoles.

À la fin de la saga Ghali, après des semaines de protestations et de déclarations marocaines qui n’ont abouti qu’à de vagues réassurances de la part de Madrid, le Maroc a déclaré que la confiance entre les deux paysa été « brisée »et qu’il ne considère plus l’Espagne comme un allié fiable.

Lire aussi :Maroc-Espagne : la crise diplomatique se poursuit

La diplomatie espagnole aggrave les tensions avec le Maroc

Par ailleurs,il est fort probable queles tensions entre les deux pays empirent davantage dans les jours à venir, notamment après que la diplomatie ibérique ait demandé aux États-Unis de revenir sur sareconnaissance de la marocanité du Sahara. C’est lors d’un appel téléphonique remontant au 11 juin que la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, a demandé au secrétaire d’État américain, Antony Blinken, de revenir sur le soutien américain à la souveraineté du Maroc sur ses provinces du Sud. Elle a également blâmé l’ancien président américain Donald Trump pour la crise diplomatique actuelle que connait son pays avec le Maroc.

Lire aussi :L’affaire Brahim Ghali divise les politiques en Espagne

Pour rappel, le Royaume ainsi que sa diplomatien’ont toujourspas officiellement réagi à la dernière requête de Laya transmise à Blinken. Toutefois, le Maroc pourrait réduirede plus en plus ses liens avec Madrid, notamment en mettant fin ou en suspendantde nombreux projets de coopération de haut niveau qui ont longtemps caractérisé sa relation avec son voisin européen dont la coopération de lutte contre le terrorisme.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Centrale électrique « Sa Majesté le Roi Mohammed VI » : le président nigérien reçoit la délégation marocaine

Afrique, Politique, Politique - Le président du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, Abdourahamane Tiani, a reçu la délégation marocaine présente à l'inauguration de la centrale électrique "Sa Majesté le Roi Mohammed VI".

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Maroc-Kazakhstan : renforcement de la coopération judiciaire

Politique - Le Maroc et le Kazakhstan ont franchi une étape importante dans le renforcement de leur coopération judiciaire en concluant trois accords axés sur le domaine pénal.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Renforcement des relations entre le Maroc et le CCG

Politique - Aziz Akhannouch a reçu jeudi le secrétaire général du CCG, Jasem Mohamed Al-Budaiwi, en visite officielle au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Aziz Akhannouch reçoit le rapport 2023 de l’AMMC

Politique - Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a accueilli, Nezha Hayat, Présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC).

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

5+5 Défense : le Maroc renforce son engagement à Madrid

Politique - Abdeltif Loudyi, a participé, jeudi à Madrid, à la 20e réunion des ministres de la Défense des pays membres de l’Initiative « 5+5 Défense ».

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Politique générale : focus sur les infrastructures de base

Politique - La Chambre des représentants tiendra, lundi à 13h, une séance plénière consacrée aux réponses du Chef du gouvernement sur la politique générale.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Le Chef du Gouvernement reçoit le rapport annuel de l’ACAPS

Politique - Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a accueilli Abderrahim Chaffai, président de l’Autorité de Contrôle des Assurances et de la Prévoyance Sociale (ACAPS).

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Lutte anti-blanchiment : le Maroc renforce sa vigilance

Politique - Jawhar Nefissi a remis à Aziz Akhannouch le rapport annuel de l’Instance pour l’année 2023, conformément à la loi n°05-43 relative à la lutte contre le blanchiment d’argent.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024
Voir plus

Le Maroc milite pour un financement urbain agile

Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Sahara : Malte réaffirme son soutien au plan marocain

Politique - Malte a réaffirmé son soutien au plan d’autonomie marocain, le qualifiant de bonne base pour une résolution définitive de la question du Sahara marocain.

Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024

Entretien entre Aziz Akhannouch et le président de la BAD

Politique - Aziz Akhannouch a rencontré le 5 décembre 2024 à Rabat le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).

Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Maroc – BERD : vers une économie verte et inclusive

Économie, Politique - Aziz Akhannouch s’est entretenu à Rabat avec Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, ce jeudi 5 décembre.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Le Maroc, au cœur des réflexions sur l’avenir mondial

Politique - Rachid Talbi El Alami, a souligné l'importance de rétablir la paix et la sécurité mondiale en respectant le droit international et la souveraineté des États.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire