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Petite déception marocaine ce jeudi après-midi à Strasbourg. Le Parlement européen a adopté un projet de résolution proposé par des députés espagnols contre le Maroc. Le projet a été soumis par l’eurodéputé espagnol Jordi Canas Pérez qui appartient au parti Ciudadanos dont huit représentants siègent au Parlement européen à Strasbourg. Le texte reproche au Maroc d’avoir utilisé des mineurs dans la crise migratoire de Sebta et violé ainsi la convention des Nations Unies pour les droits de l’enfant. Le texte a été adopté par 397 voix favorables (85 contre et 196 abstentions). Heureusement, le vote de ce texte n’a pas de dimensions contraignantes et reste purement symbolique.
Dans la résolution adoptée, le Parlement européen a demandé à l’Espagne et au Maroc de travailler en étroite collaboration pour ramener les enfants bloqués au sud de l’Espagne à leurs familles. «Nous sommes confiants qu’une telle situation ne se reproduira pas. Il est aujourd’hui primordial de renforcer notre coopération basée sur le dialogue, la responsabilité, la confiance mutuelle et le respect», a déclaréHelena Dalli, commissaire européenne à l’Égalité.
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Dans une déclaration aux médias, l’eurodéputée belge Frédérique Ries a exprimé son rejet de cette résolution qui ne sert pas les intérêts de l’Europe. «J’ai voté contre cette résolution qui fait tout, sauf appeler à la désescalade. Le bon sens aurait voulu que le Parlement appelle l’Espagne et le Maroc à renforcer leur coopération. Au lieu de cela, la résolution met au pilori notre partenaire stratégique marocain et reste muette sur les responsabilités des forces de l’ordre espagnoles dans les violences rapportées par les ONG et pour lesquelles la justice espagnole a ouvert une enquête».
L’eurodéputé bulgare Ilhan Kyuchyuk a pour sa part déclaré que les désaccords bilatéraux entre partenaires proches doivent être réglés par le dialogue diplomatique. «Au lieu de chercher la confrontation, il faut chercher comment renforcer la coopération. Notre partenariat stratégique ne doit pas être compromis. Nous devons apaiser la situation en reprenant le dialogue bilatéral», a-t-il ajouté.
Le ministère des Affaires étrangères réagit
Dans un communiqué officiel publié ce vendredi matin, le ministère des Affaires étrangères a souligné que «les tentatives d’européanisation de cette crise sont vaines et n’altèrent aucunement sa nature purement bilatérale, ses causes profondes et la responsabilité avérée de l’Espagne dans son déclenchement». Le département de Nasser Bourita ajoute que «l’instrumentalisation du Parlement européen dans cette crise est contreproductive» et que «cette manœuvre, qui vise à contourner le débat des raisons profondes de la crise, ne trompe personne».
Le communiqué aborde également le rôle du Maroc dans la coopération avec l’UE. «Nul en Europe ne peut mettre en cause la qualité du partenariat entre l’UE et le Maroc dans tous les domaines, y compris migratoire. Rien que depuis 2017, la coopération migratoire a permis l’avortement de plus de 14.000 tentatives de migration irrégulière, le démantèlement de 5.000 réseaux de trafics, le sauvetage de plus de 80.500 migrants en mer et l’empêchement d’innombrables tentatives d’assaut».
Le département de Bourita affirme que le Maroc n’a pas besoin de caution dans sa gestion de la migration. «La posture du professeur et de l’élève ne fonctionne plus. Le paternalisme est une impasse. Ce n’est pas la punition ou la récompense qui induit des comportements, mais la conviction d’une responsabilité partagée», note le communiqué.
Le président sortant du Parlement panafricain se solidarise avec le Maroc
Roger Nkodo Dang, président sortant du Parlement panafricain (PAP) a déclaré dans un communiqué publié jeudi soir que le Parlement européen ne devrait pas s’impliquer dans la crise entre le Royaume du Maroc et l’Espagne, car il s’agit d’une crise bilatérale qui peut être résolue par des moyens diplomatiques ou à l’aide d’une négociation directe.
«Le Parlement Panafricain appelle son homologue européen à s’abstenir de toute prise de position susceptible d’exacerber les tensions et appelle les deux parties à résoudre la crise dans un cadre purement bilatéral», souligne Roger Nkodo Dang, président sortant du PAP. Ce dernier ajoute que «les faits prouvent que le Royaume du Maroc joue son rôle dans la lutte contre le terrorisme, l’immigration illégale et la traite des êtres humains, dans le respect des principes et des exigences du partenariat qui l’unit à l’Union européenne et à son environnement régional», a-t-il soutenu.
Il rappelle enfin que le Maroc a abrité le premier centre africain dédié à la migration et à l’examen de ce fléau, désormais intitulé « l’Observatoire Africain des Migrations », précisant que le royaume a toujours joué un rôle important dans la gestion du dossier de la migration en Afrique et continue aujourd’hui de le faire.
Le Parlement marocain dénonce les «dispositions inappropriées»du texte de résolution
Habib El Malki, président de la Chambre des représentants a regretté ce jeudi lors d’une réunion d’urgence que le Parlement européen soit instrumentalisé par quelques eurodéputés qui font fi du partenariat important entre le Maroc et l’Union européenne.
«La Chambre des représentants rejette les nombreuses dispositions inappropriées contenues dans le texte de cette résolution et dénonce ses arrière-pensées», souligne le communiqué, précisant qu’il est évident qu’il s’agit d’une manœuvre pour détourner l’attention d’une crise politique entre le Maroc et l’Espagne.
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Selon le communiqué, le Parlement européen se positionne à contre-courant d’une reconnaissance unanime du statut du Maroc et de son rôle dans la coopération migratoire, ajoutant qu’aucune agence onusienne (UNICEF, OIM, Haut-commissariat aux Droits de l’Homme…), ni rapporteur indépendant, ne se sont prononcés sur la question des mineurs marocains ou sur une quelconque violation des engagements internationaux du royaume.
Le communiqué souligne que tout en dénonçant l’activisme de certains eurodéputés, le Bureau de la Chambre des Représentants, les Présidents des groupes et de groupements parlementaires, continueront à travailler avec leurs partenaires européens dans le cadre du respect mutuel et des intérêts supérieurs du Maroc.
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