Accueil / Politique

Maroc-Espagne : la crise diplomatique se poursuit

Temps de lecture

Alors que la crise diplomatique entre le Maroc et l’Espagne se poursuit, le Parti de l’Istiqlal a déclaré qu’il est temps de relancer le débat sur les revendications historiques du Royaume sur les présides occupés de Sebta et Melilia. De son côté, Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, a dénoncé l’inscription d’un projet de résolution au Parlement européen sur «l’utilisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire de Sebta». Un projet qu’il a qualifié de manœuvre visant à «européaniser» la crise entre Rabat et Madrid. Malgré ces tensions croissantes, le gouvernement ibérique tente de se réengager auprès du Maroc pour lutter contre le terrorisme.

Le Maroc est toujours en froid avec l’Espagne. Depuis la « fin »de l’épisode rocambolesque de Brahim Ghali, chef du Front Polisario, le gouvernement marocain s’est abstenu de tout commentaire, précisant que sa réponse aux provocations de Madrid sera livrée au «moment opportun». Cependant, à la suite de la tenue de la session ordinaire de son Conseil national le samedi 5 juin, le parti de l’Istiqlal est revenu sur la récente «attitude hostile» de la péninsule ibérique à l’égard de Rabat. Dans un communiqué de presse, le parti a appelé à une révision des termes dela coopération entre les deux pays, notammentdans les domaines de la migration et de la lutte contre le terrorisme. Il a aussi rejeté le rôle de «gendarme de frontières» que l’Union européenne (UE) et l’Espagne s’efforcent d’attribuer au Maroc.

Lire aussi :L’affaire Brahim Ghali divise les politiques en Espagne

Selon les Istiqlaliens, il est également grand temps que le Royaume réaffirme ses revendications légitimes sur les présides occupés de Sebta et Melilia ainsi que sur les îles Jaâfariennes. La même source soutient que seuls la reconnaissance de la souveraineté territoriale du Maroc et le respect de ses intérêts suprêmes pourraient sauver les relations maroco-espagnoles. Pour sa part, Nizar Baraka, secrétaire général du parti, a souligné que l’Espagne et l’UE doivent prendre clairement position quant à la question du Sahara et du plan d’autonomie proposé par le Maroc. «Ceci est d’autant plus évident qu’il n’y a plus de raisons d’ambigüité après la reconnaissance américaine», a-t-il lancé.

Lire aussi :Territoires marocains occupés : un mépris colonial

Instrumentalisation de la crise migratoire de Sebta

De son côté, Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, a exprimé ce dimanche son étonnementet sa déceptionsuite à «l’inscription d’un projet de résolution au Parlement européen sur l’utilisation des mineurs par les autorités marocaines dans la crise migratoire de Sebta». Cette résolution qui sera votée le 10 juin par l’organisme européen porte surune possible violation de la convention des Nations Unies relatives aux droits de l’enfant. D’après El Malki, cette initiative «est en total déphasage avec la qualité de la coopération entre le Parlement marocain et le Parlement européen» et vise surtout à «détourner l’attention d’une crise politique purement bilatérale entre le Maroc et l’Espagne». Et de dénoncer que «l’instrumentalisation de la question migratoire, notamment de la question des mineurs non accompagnés dans ce contexte, s’apparente clairement à une manœuvre qui vise à européaniser une crise bilatérale».

Le président de la Chambre des représentants a tenu à préciser qu’en termes de lutte contre la migration clandestine, le Maroc a toujours été un partenaire exemplaire. Un rôle, poursuit-il,que le Royaume a assumé non pas «en service commandépar l’Union européenne ou pour une contrepartie», mais dans le cadre d’un partenariat et d’une responsabilité partagée. Habib El Malki a par ailleurs noté qu’il espère que «l’esprit constructif de partenariat saura prévaloir et que le Parlement européen ne tombera pas dans le piège de l’escalade».

Lire aussi :Rapatriement de mineurs clandestins : le Maroc veut mettre fin à cette question

L’Espagne sollicite l’aide du Maroc pour la lutte contre le terrorisme

Malgré la crise entre l’Espagne et le Maroc, le pays ibérique tente de se réengager dans des efforts communs avec le Royaume notamment en termes de lutte contre le terrorisme. Selon le journal espagnol OkDiario, la mauvaise gestion de la diplomatie espagnole de l’affaire Brahim Ghali a conduit à l’arrêt de la collaboration entre les corps de police et de renseignement des deux pays. Les informations antiterroristes que le Maroc transmet régulièrement à l’Espagne sont d’une grande importance. Selon Market Research Telecast, ces renseignements sont aujourd’hui encore plus cruciaux vu que la menace extrémiste a atteint le «niveau quatre renforcé» (sur ses cinq niveaux au total) dans lepays, soit son niveau le plus élevé depuis juin 2015.

La même source rapporte qu’alors que le Championnat d’Europe de l’UEFA approche à grands pas, «la police espagnole a demandé au Maroc d’interrompre ce blocus de collaboration en raison du caractère exceptionnel du moment et des concentrations pour la compétition de football». Elle avance que le ministère marocain des Affaires étrangères ne tient le gouvernement espagnol responsable que de son «archaïsme hérité du passé».

Ainsi, la presse ibérique estime que dans ce contexte, il est probable que, malgré les tensions actuelles, le Maroc comptesoutenir son voisin du Nord. Bien qu’à titre officiel, leur coopération ait été mise en pause depuis début mai, les deux pays ont d’ailleurs continué à travailler en étroite collaboration dans leurs eaux communes pour prévenir le trafic d’êtres humains et la contrebande de drogue.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Transformation digitale au Maroc : défis et perspectives pour les régions

Politique - La transformation digitale s'impose comme une priorité stratégique pour le développement des régions marocaines, un enjeu mis en lumière lors des Assises de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

2e Assises nationales de la régionalisation avancée : le discours intégral du Roi

Politique - Voici le texte intégral du Message Royal, dont lecture a été donnée par le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Le roi Mohammed VI appelle à l’élaboration d’une feuille de route pour la régionalisation avancée

Politique - Lors des 2e Assises nationales de la régionalisation avancée, le roi Mohammed VI a souligné la nécessité d’élaborer une feuille de route claire pour la prochaine étape de ce chantier stratégique.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024
Voir plus

AMO : simplification en vue

Politique - Le Conseil de gouvernement marocain a adopté un nouveau projet de loi (n° 54.23) modifiant la loi n° 65.00 relative à l'AMO.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc

Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire