Accueil / Politique

Retour de Brahim Ghali en Algérie, et maintenant ?

Temps de lecture

Après 54 jours passés à l’hôpital San Pedro de Logrono et une comparution en visioconférence devant la justice espagnole, Brahim Ghali, chef du Polisario a quitté mardi soir l’Espagne vers l’Algérie comme si de rien n’était. L’Espagne tient donc tête à la diplomatie marocaine qui avait demandé l’ouverture d’un procès et la poursuite du criminel Brahim Ghali pour des actes commis contre des citoyens espagnols. Dans ces circonstances, la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays n’a jamais été aussi proche.

Aussi fou que cela puisse paraître, Brahim Ghali a quitté l’Espagne mardi soir en direction de l’Algérie. Le chef du mouvement séparatiste est arrivé mercredi vers 2h GMT à Alger pour y poursuivre sa convalescence, a indiqué Abdelkader Taleb Omar, ambassadeur du Polisario à Alger à l’APS, l’agence de presse algérienne. Le président algérien Abdelmajid Tebboune et le chef de l’armée Saïd Chengriha ont rendu visite, ce mercredi 2 juin, à Brahim Ghali, admis à l’hôpital militaire d’Aïn Naadja.

Le ministère espagnol des Affaires étrangères a souligné que le Maroc a été informé du départ du chef du Polisario de l’aéroport de Pampelune vers l’Algérie. Le ministère précise que ce dernier est parti «en utilisant des documents en son nom avec lesquels il est entré en Espagne». «Nous voulons des relations respectueuses, absolument constructives, car nos intérêts sont communs», a assuré mercredi le numéro deux du gouvernement espagnol Carmen Calvo.

Laya appelée à déposer immédiatement sa démission

Le Parti populaire (PP) espagnol a réclamé ce mercredi, la «démission immédiate» de la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzalez Laya, pour sa gestion «calamiteuse» de la crise avec le Maroc et l’«aveuglement» dont elle a fait preuve dans l’affaire du dénommé Brahim Ghali.

«Je pense que la ministre des Affaires étrangères devrait démissionner immédiatement. Je crois qu’elle a provoqué une crise diplomatique inédite et que le gouvernement a montré qu’il n’a aucun poids en matière de politique extérieure», a souligné le secrétaire général du PP, Teodoro Garcia Egea, dans un entretien à la télévision espagnole TVE.

La ministre «doit démissionner pour la gestion calamiteuse de cette affaire», a insisté Egea, assurant que le gouvernement de Pedro Sanchez «a agi de manière lamentable» parce qu’il «n’a pas géré avec transparence» l’entrée et la sortie du dénommé Brahim Ghali et n’a pas expliqué «clairement quel est le véritable problème».

Une comparution scandaleuse

La comparution de Brahim Ghali devant la justice espagnole ce mardi matin a fait couler beaucoup d’encre en Espagne comme au Maroc. Santiago Pedraz, juge près de l’Audience nationale espagnole chargé du dossier du chef du Polisario, a refusé d’adopter à l’encontre de Brahim Ghali des mesures conservatoires telles que la détention provisoire ou l’interdiction de quitter le territoire espagnol. Le juge a simplement demandé à Brahim Ghali de lui fournir une adresse ainsi qu’un numéro de téléphone afin qu’il reste joignable par la justice ibérique. Pedraz indique que «l’accusation ne dispose pas d’éléments circonstanciels qui prouvent l’implication de Ghali dans les crimes qui lui sont reprochés», notamment les crimes de génocides, de torture, de fusillades et de viols.

Lire aussi :La justice espagnole laisse Brahim Ghali en état de liberté

Pour le club des avocats du Maroc, la déclaration de ce juge est très surprenante. «Les déclarations sur la présomption d’innocence, le manque de preuves et la demande d’arrestation jugée excessive, le juge qui a défendu publiquement Ghali, nous laissent perplexes sur son devoir d’impartialité, et sur sa vraie fonction (juge ou avocat). Elles nous démontrent que les considérations politiques ont pris le dessus sur la procédure judiciaire», souligne Mourad Elâjoutti, président du Club des avocats au Maroc. Il rappelle que le fait de cacher ou d’aider un fugitif à fuir la justice est sanctionné pénalement en vertu de l’article 451 du Code pénal espagnol.

Par ailleurs et alors que la justice espagnole a autorisé le rapatriement de Ghali en Algérie, le tribunal d’instruction numéro 3 de Logroño a ouvert une enquête pour déterminer si le chef du Front Polisario est entré en Espagne avec de faux papiers. Pour l’instructeur José Carlos Orga, «les faits présentent des caractéristiques qui font présumer l’existence possible d’un délit de falsification». Le gouvernement espagnol n’est peut-être pas totalement sorti d’affaire.

Vers une rupture des relations ?

La possibilité d’une rupture des relations diplomatiques avec l’Espagne avait déjà été mentionnée par Karima Benyaich, ambassadrice du Maroc en Espagne. Cette dernière avait affirmé que «le recours au même procédé pour l’exfiltration du dénommé Brahim Ghali de la même manière avec laquelle il est entré en Espagne est un choix pour le statu quo et l’aggravation de la crise».

De son côté, Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères avait déclaré que l’accueil du leader du Front Polisario n’était pas la seule et principale raison du désaccord entre les deux pays. Il ajoute que «La crise ne se limite pas à la question d’un seul homme. Elle ne commence pas avec son arrivée et ne se terminera pas avec son départ».

L’ambassadeur d’Espagne à Rabat sera expulsé, selon El Espanol

Le site El Espagnolrapporte ce mercredi que le roi Mohammed VI aurait présidé une réunion de très haut niveau au Palais royal de Fès avec ses hommes de confiance, le conseiller personnel Fouad Ali Himma, le chef du renseignement international, Yassine Mansouri et un officier supérieur des Forces armées royales (FAR).

Lire aussi :Crise Maroc-Espagne : quel impact sur le tourisme ?

Le site qui cite «des sources crédibles»souligne que l’ambassadeur d’Espagne au Maroc sera invité à quitter le pays. D’après la même source, Il s’agirait d’une «décision diplomatique exceptionnelle qui serait suivie d’autres mesures drastiques, mais qui n’auraient pas à impliquer une rupture complète des relations».

Une chose est sûre, le rétablissement des relations diplomatiques n’est certainement pas pour demain et les récentes manœuvres militaires espagnoles sur l’île Nekkor, devant les côtes marocaines dans ce contexte particulier vient ajouter une couche à une tension déjà bien installée.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Maroc-Chili : un partenariat renforcé pour un avenir commun

Politique - Le Maroc et le Chili ont affirmé leur volonté commune de renforcer leurs relations bilatérales et de consolider leur coopération dans tous les secteurs clés.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Maroc, au cœur des réflexions sur l’avenir mondial

Politique - Rachid Talbi El Alami, a souligné l'importance de rétablir la paix et la sécurité mondiale en respectant le droit international et la souveraineté des États.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Le Maroc, moteur de l’intégration africaine (Driss Lachguar)

Politique - Driss Lachguar, premier secrétaire de l’USFP, a souligné l’importance des liens historiques, culturels et stratégiques entre le Maroc et le continent africain.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Conseil de gouvernement : examen de sept projets de décret

Politique - Le Conseil de gouvernement, présidé par Aziz Akhannouch, se réunira jeudi à Rabat pour examiner plusieurs projets de décret et des propositions de nomination.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Cour des comptes : le stress hydrique, un état d’urgence climatique et stratégique

Politique - Le rapport 2023-2024 de la Cour des comptes met en lumière les défis liés à la gestion hydrique.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Parlement abrite le « Congrès du Futur » les 17 et 18 décembre à Rabat

Politique - Le Parlement marocain, avec ses deux Chambres, organise, en collaboration avec la Chambre des députés et le Sénat de la République du Chili, la prochaine édition du «Congrès du Futur»

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Akhannouch : bâtir aujourd’hui, rayonner en 2030

Politique - Aziz Akhannouch a mis en avant les progrès significatifs réalisés par le Maroc grâce à des choix stratégiques déterminants.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024
Voir plus

Maroc – BERD : vers une économie verte et inclusive

Économie, Politique - Aziz Akhannouch s’est entretenu à Rabat avec Odile Renaud-Basso, présidente de la BERD, ce jeudi 5 décembre.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Le Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif

Tribune - Par une approche intégrée combinant soutien au renforcement des capacités sécuritaires, le Royaume se positionne comme un acteur central.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Eau et électricité : quatre régions gérées par les SRM

Politique - Les dates d’entrée en vigueur des contrats de gestion conclus avec les Sociétés régionales multiservices (SRM) sont désormais connues.

Rédaction LeBrief - 3 septembre 2024

Soutien public à la presse : un décret qui divise

Politique - Six organisations éditrices représentant plus de 800 entreprises médiatiques ont exprimé leur désaccord face au décret fixant les plafonds de soutien aux secteurs de la presse.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération migratoire par une réunion inédite

Politique - En marge du séminaire biannuel des consuls généraux organisé par l’Ambassade du Maroc en France, une réunion inédite a eu lieu le 29 novembre 2024 à la Chancellerie, réunissant de hauts responsables des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères des deux pays.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

«Pour renforcer la diplomatie parlementaire, plusieurs pistes méritent d’être explorées», Nadia Bouaida

Politique - Nadia Bouaida : « une attention particulière devrait être accordée à la dynamisation des groupes d’amitié parlementaire ».

Sabrina El Faiz - 30 décembre 2024

Réunion sur la politique actionnariale de l’État, présidée par Aziz Akhannouch

Politique - Jeudi, le chef du gouvernement a présidé une réunion de l'Instance de concertation sur la politique actionnariale de l'État.

Hajar Toufik - 20 septembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire