Le Roi Mohammed VI a présidé ce mardi au Palais royal de Fès la cérémonie de présentation du rapport général de la Commission spéciale sur le modèle de développement (CSMD). Le Souverain a reçu à cette occasion Chakib Benmoussa, président de cette commission. Une copie de ce rapport a été présentée au Roi. Le travail de la CSMDa nécessité plus d’une année.
Chakib Benmoussa a affirmé que l’objectif ultime du modèle de développement est de hisser le Maroc dans le tiers supérieur mondial dans différents domaines d’ici 2035. Il a également souligné que les nombreuses séances d’écoute citoyennes effectuées ont révélé le chemin qu’il reste à parcourir.
«Une crise de confiance à l’égard de certaines institutions s’est exprimée avec acuité. Si ces préoccupations n’altèrent pas le sentiment d’appartenance à la Nation, il n’en demeure pas moins qu’elles alimentent la démotivation, la perte de foi en l’action publique et le sentiment de frustration nourri par le décalage entre les promesses et leur concrétisation sur le terrain», souligne Chakib Benmoussa lors d’un point de presse tenu mardi soir.
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Benmoussa a fait savoir que la Commission a identifié quatre obstacles à l’origine de l’essoufflement du modèle actuel à savoir :
- le manque de cohérence entre la vision stratégique et les politiques publiques;
- la lenteur de la transformation structurelle de l’économie;
- les capacités limitées du secteur public en termes de mise en œuvre des politiques publiques;
- le poids des contraintes qui limitent les initiatives.
Contacté par LeBrief, Mohamadi El Yacoubi, président du Cercle des fiscalistes du Maroc souligne que «la publication de ce rapport vient à point nommé, dans un contexte particulier, marqué par le besoin accru d’une réflexion profonde sur le devenir du modèle de développement national». El Yacoubi souligne aussi que ce rapport est produit «avant la publication de la loi-cadre issue des dernières Assises dela fiscalité, ce qui permettra de mieux affiner le projet de loi-cadre sur la fiscalité qui sera élaboré pour porter les grands principes de la réforme fiscale à veniret sa programmation précise à moyen terme».
Attentes et aspirations des Marocains
Dans le rapport, la CSMD a fait une lecture des attentes des Marocains dans différents domaines. Quatre domaines ressortent des attentes citoyennes : l’éducation, la santé, le transport et les opportunités d’ouverture et d’épanouissement, notamment à travers la culture et le sport.
Éducation : la CSMD souligne que c’est le thème qui concentre le plus d’attentes, l’accent est mis sur la réhabilitation de l’école publique, en améliorant substantiellement la qualité des apprentissages et leur adaptation aux besoins du marché du travail, en rehaussant les compétences pédagogiques des enseignants, en encourageant l’ouverture sur les langues étrangères, et en mettant en place un système d’orientation efficient pour maximiser les chances de réussite scolaire.
Santé : les citoyens exigent une offre de soins de qualité accessible à tous, en termes de coût et de proximité. Les attentes dans ce domaine portent sur le renforcement conséquent des effectifs du personnel médical et sur la répartition équitable des infrastructures de santé sur l’ensemble du territoire, pour résorber les disparités alarmantes relevées en la matière. S’agissant de la couverture sanitaire, sa généralisation bénéficie d’un large consensus. La couverture médicale est considérée comme un droit fondamental. Tous insistent sur la qualité des services auxquels cette couverture doit donner accès.
Transport et mobilité : les citoyens dénoncent la faible disponibilité et les difficultés d’accès aux services de transports. Les habitants de zones rurales et montagneuses déplorent leur enclavement, qui entrave leur capacité à développer des activités économiques viables. La faible connectivité et la faible disponibilité de transports spécialisés (scolaire, ambulances) amplifient en outre les difficultés d’accès aux services publics. En milieu urbain, la faible disponibilité de transports publics, accessibles, denses et sécurisés, est présentée par les femmes et les jeunes notamment comme une barrière à leur mobilité et à leur inclusion.
Culture et loisirs d’épanouissement : Les jeunes appellent à la valorisation et à la multiplication des espaces dédiés à l’expression culturelle et artistiqueet des infrastructures et activités sportives. La culture accessible à tous est considérée non seulement comme source d’épanouissement individuel, mais aussi comme condition nécessaire à la construction d’une société démocratique et d’un vivre ensemble harmonieux, respectueux de la richesse et de la diversité culturelle du Maroc. Elle peut devenir aussi un secteur important de création d’emplois et de richesse.
Un pacte national pour le développement
Concernant la mise en œuvre du nouveau modèle, la CSMD recommande la création d’un pacte national de développement pour assurer une mobilisation générale de toutes les parties prenantes. Ce sera une sorte de vision commune à appliquer.
«Le Pacte national pour le Développement aurait pour objectif d’ancrer le nouveau modèle comme référentiel commun de toutes les forces vives dans leur pluralité», a fait savoir Chalib Benmoussa. LaCSMD recommande également la création d’un mécanisme de suivi et d’impulsion sous l’autorité du roi Mohammed VI. Ce dernier aurait pour mission «d’accompagner les chantiers stratégiques qui s’inscrivent dans le long terme et d’appuyer la conduite du changement», souligne Benmoussa.
Les leaders de partis politiques saluent le travail effectué par la CSMD
Des leaders de partis politiques ont félicité la Commission spéciale sur le modèle de Développement (CSMD) pour le rapport présenté au roi Mohammed VI. Aziz Akhannouch, président du Rassemblement national des indépendants (RNI), a affirmé que les Marocains «s’identifieront au contenu de ce rapport, à travers les perceptions, les perspectives et les piliers qu’il recèle», car ce document «reflète la vision d’avenir des citoyens et de la manière de restaurer la confiance dans les institutions». De con côté, Abdellatif Ouahbi, secrétaire général du Parti authenticité et modernité (PAM) a estimé que le rapport «est porteur d’un ensemble de lignes directrices, de perceptions et d’idées qui montrent la capacité de cette commission à appréhender la situation socio-économique et à écouter tous les partis politiques».
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Pour sa part, Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal (PI) a affirmé que la présentation des conclusions de ce rapport au Roi «constitue une occasion de souligner la nécessité d’opérer une rupture et de réaliser des réformes structurelles pour restaurer la confiance des citoyens et transcender le problème des disparités sociales». Il a souligné qu’à travers ce modèle de développement, il est évident qu’il existe une forte volonté d’opérer un véritable changement, de parvenir à un consensus national entre les forces vives du Maroc et de mettre en place un mécanisme de suivi, qui inspirera une confiance réelle chez les jeunes et les femmes à l’endroit de l’avenir de leur patrie.
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