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Aïd Al-Fitr 2021 : entre craintes et pessimisme

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En cette fin de ramadan, les Marocains attendent impatiemment le retour du gouvernement au sujet d’une éventuelle levée des restrictions. Après avoir été privés tout au long du mois sacré de la prière de Tarawih en raison de la Covid-19, les citoyens espèrent pouvoir au moins accomplir normalement la prière de Aïd Al-Fitr. De plus, suite au rétropédalage sur les mesures d’accès à Fès, la population craint l’annonce d’un nouveau blocage national lors de cette fête. Une mise sous cloche qui, non seulement risque de répéter le drame du dernier Aïd-Al-Kebir, mais qui menace aussi le secteur touristique, déjà très fragilisé par la pandémie. Et à l’instar de l’année précédente, les spéculateurs du transport routier ont considérablement augmenté les prix de billets de voyage.

Est-ce que les restrictions imposées pour lutter contre la Covid-19 vont être levées après le ramadan ? Telle est la question que se posent les Marocains en cette fin du mois sacré. En effet, pendant tout ce mois de ramadan, les citoyens, comme les différents secteurs économiques du pays, ont dû se plier à des mesures sanitaires drastiques, notamment un couvre-feu nocturne instauré de 20h à 6h. Ce dernier a d’ailleurs privé les fidèles d’effectuer les prières de tarawih en mosquée. Désormais, les Marocains se demandent s’ils seront au moins autorisés à accomplir normalement la prière de l’Aïd-El-Fitr, surtout que lescontaminations etdécèsont largement diminué dans le payset que la campagne de vaccination a repris de plus belle grâce aux dernières livraisons de lots vaccinaux. Selon Ahmed Taoufik, ministre des Habous et des Affaires islamiques, il faut attendre les résultats du rapport du comité technique et scientifique sur la situation sanitaire pour se prononcer à ce sujet.

De plus, le responsable explique que son département n’est pas habilité à autoriser ou à annuler la prière de l’Aïd-El-Fitr. Ce sont le chef de l’Exécutif, le ministre de l’Intérieur et celui de la Santé qui sont chargés de prendre cettedécision, précise-t-il.Ahmed Taoufik a cependant souligné que son ministère informera le public ce mardi quant à leur décision, notant que si la prière venait à être autorisée les collectivités locales seraient avisées pour désinfecter les mosquées et installer des barrières pour organiser la circulation et l’afflux des fidèles.

Quid de l’accès à Fès

Après le rétropédalage de ce lundi des autorités au sujet des mesures d’accès à Fès, les Marocains craignent une répétition du dramedu dernier Aïd-El-Kebir. En effet, dans la soirée du 10 mai, plusieurs supports médiatiques ont affirmé que la Wilaya de la région Fès-Meknès adécidé de soumettre les déplacements des individusà destination et en provenance de la capitale spirituelle à de nouvelles restrictions lors des célébrations de l’Aïd-El-Fitr, soit du11 au 16 mai courant. Il s’agissait notamment, d’après un communiqué de la MAP, pour les personnes concernées de disposer «d’une attestation dérogatoire de déplacement délivrée par les autorités locales et de l’attestation de vaccination téléchargeable via le site liqahcorona.ma, ou à défaut, d’un prélèvement PCR négatif».

Cependant, dans cette même soirée de lundi, le comité de veille régional a indiqué que lesdites mesures ne sont pour le moment qu’en phase d’étude. Il a précisé dans un communiqué de presse que l’accès à la ville de Fès «reste conforme aux dispositions et mesures actuellement en vigueur, et ce, jusqu’à nouvel ordre». Bien que censée rassurer les Marocains,cette deuxième déclarationles a au contraire contrariés.Les citoyens craignent que la sortie dudit comité ne soit que le préambule d’une décision générale, limitant leurs déplacements à l’échelle nationale. L’adoption d’une telle mesure à la veille de l’Aïd-El-Fitr risquerait de reproduire l’épisode noir de l’Aïd-El-Kebir 2020.

Les opérateurs du tourisme dans le flou

Alors que la fête de l’Aïd-El-Fitr était censée être l’occasionde relancer leur activité, les opérateurs du tourisme déplorent un manque de visibilité quant à l’avenir de leur business après ce ramadan. N’ayant compté presque aucune réservation pendant les quatre jours de vacances de cette fête religieuse, les hôteliers soulignent qu’il faut attendre la semaine qui suivra cette célébration pour évaluer l’évolution de la fréquentation de leurs établissements. Selon eux, la prorogation de l’état d’urgence sanitairejusqu’au 10 juin et l’imposition de la présentation d’une attestation de déplacement aux barrages routiers sont à l’origine de cette baisse inhabituelle des réservations hôtelières. Ils estiment que si les autorités décident de supprimer ce document administratif, que les citoyens doivent récupérer auprès de leurs préfectures, la demande ne manquera pas d’exploser, et ce, en dépit de la conjoncture de la Covid-19.

Flambée des prix de billets de voyage

Du côté du transport inter-villes des individus, une anarchie s’est installée au niveau de la vente des billets de voyage. Selon l’édition de ce mardi du journal Al Massae, les spéculateurs de ce secteur ontdoublé et triplé les tarifs des tickets de voyage, tandis que certains quartierspopulaires de Casablanca se sont transformés en gares routières suite à la fermeture de celle d’Ouled Ziane. La même source impute ce chaos à une absence de contrôle des services compétents. Elle rapporte que de faux courtiers dans certains quartiers populaires de la capitale économique vendent aux voyageurs des placesfictives d’autocars avant de disparaître.

Pour les professionnels du transport, la réouverture de gare routière d’Ouled Ziane, la plus importante et la plus grande du Royaume, est la seule solution pour mettre fin à ce désordre. Les transporteurs affirment que la fermeture de ladite gare n’impacte pas seulement le transport des voyageurs à travers le Royaume, mais affecte aussi les sources de revenu de quelques milliers de personnes qui y travaillait au quotidien. Ainsi, ces derniers exhortent les autorités compétentes à intervenir et àréparer cette «grosse erreur» qui leur a causé des pertes considérables, et ce, afin de mettre fin à l’anarchie que connaît le secteur depuis déjà quelque mois.

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