2020, une année « tragique » à tous les niveaux. C’est ainsi que le Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) a décrit l’année écoulée qui a été marquée par la crise sanitaire de la Covid-19 et ses graves répercussions socio-économiques. Amina Bouayach, la présidente de cette instance, a souligné ce jeudi 6 mai suite à la publication du rapport de 2020 du CNDH, qu’il ne serait pas exagéré de reconnaître que les Marocains ont vécu une série de bouleversements qui seront «gravés à jamais dans leur mémoire». Cependant, elle a précisé quemalgré les défis de la pandémie, cette dernière a suscité une solidarité et une responsabilité partagée entre les citoyens. D’ailleurs, poursuit-elle, certaines personnalités et plusieurs pays ont été surpris de voir un pays comme le Maroc, aux ressources limitées, réussir jour après jour sa bataille contre le nouveau coronavirus grâce à la contribution de tous ses acteurs sociaux, politiques et économiques.
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Les lacunes mises à nue par cette conjoncture exceptionnelle
Bien queBouayach ait évoqué le succès du Maroc en termes de lutte contre la Covid-19, le rapport du CNDH met en évidence la crise que le secteur de la santé subit depuis plus d’un anainsi que les problèmes dans la recherche scientifique et l’éducation. «S’il y a une leçon à tirer du contexte de la Covid-19, c’est bien la nécessité urgente de réformer le système de santé pour construire un système global, libre d’accès età la portée de tous», a indiqué la présidente de l’organisme. Elle a insisté sur le besoin de mettre en place «des institutions éducatives capables d’embrasser les éléments de la suprématie nationale dans la course à l’innovation et à la technologie».
En effet, au milieu des réformes institutionnelles et de l’avalanche de déclarations célébrant les «réalisations sectorielles» du Royaume, il faut reconnaître que le pays souffre toujours de lacunes importantes dans plusieurs secteurs. Il y a quelques jours à peine, le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, a affirmé que le Maroc souffre d’un manque criant en personnel soignant, notamment de 32.000 médecins et de 65.000 infirmiers. Une situation qui a compliqué les conditions de travail des professionnels de ce secteur qui sont à plusieurs reprises descendus dans la rue pour protester contre le manque de ressources humaines, l’absence de conditions appropriées pour exercer leurs fonctions et condamner les atteintes portées à leurs droits et dignités.
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Une crise socio-économique sans précédent
Par ailleurs,le CNDH a reconnu que le Maroc a lancé plusieurs projets socio-économiques visant à s’attaquer à ces problèmes, reflétant une nouvelle vision du pays au moment de la pandémie. Cependant, le rapport a également dénoncé que la situation des droits de l’Homme dans le pays a été «affectée par de multiples impacts négatifs» et décisions gouvernementales unilatérales. Le document explique que les autorités publiques ont été confrontées à des difficultés pour faire face aux divers problèmes induits par la crise sanitaire,adoptant parfoisdes solutions qui ne sont pas conformes aux lois ou aux recommandations institutionnelles communes. «La situation a mis en lumière les grandes contraintes du Maroc en termes de prestation de services de santé face à la crise et de respect des droits et des libertés dans le cadre des mesures exceptionnelles qui ont accompagné l’état d’urgence sanitaire», précise le rapport.
L’état d’urgence sanitaire, décrété depuis mars 2020pourlimiter la propagation duvirus, a poussé l’exécutif à mettre en place diverses mesures drastiques qui ontfrappé de plein fouetl’économie tout en entraînant une augmentation de la pauvreté et des problèmes sociaux. Ainsi, des milliers de personnes ont perdu leur emploi ou ont vu leurs activités suspendues en raison du confinement ou encoredu couvre-feu nocturne. Les nouvellesdonnées du Haut Commissariat au Plan (HCP) ont d’ailleurs indiqué, au début de cette semaine, que le taux de chômage est passé de 10,5% à 12,5% entre le premier trimestre de 2020 et celui de 2021, touchant aussi bien les zones rurales qu’urbaines.
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Enfin, pour le CNDH, une économie forte ne se limite pas seulement à la croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB), mais prend également en compte la contribution de l’économie à réduire l’écart entre les classes sociales et à lutter contre les disparités. «La force d’une économie durable se mesure à sa capacité à financer les droits sociaux et économiques afin d’autonomiser les catégories défavorisées et de les intégrer dans le cycle économique pour pouvoir faire face à tous les phénomènes qui pourraient menacer les équilibres», souligne le rapport. De par les 223 pages de son étude,le CNDH a affirmé que la crise de la Covid-19 a révélé l’ampleur des déséquilibres et des inégalités dont souffre l’économie nationale. Et de conclure que consoliderla capacité de l’économie à financer l’amélioration des droits économiques et sociaux des citoyens à faibles revenus jouera un rôle indéniable dans le renforcement des droits de l’Homme et des libertés individuelles dans le pays.
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