Accueil / Politique

Usage licite du cannabis : le débat est lancé

Temps de lecture

La Commission de l’intérieur, des collectivités locales, de l’habitat et de la politique de la ville de la Chambre des représentants du Maroc a officiellement lancé, le mercredi 28 avril, le débat sur le projet de loi 13.21 relatif à l’usage légal du cannabis. Le groupe du Parti de la justice et du développement a une nouvelle fois exprimé ses réticences quant à ce texte de loi, essayant de retarder davantage son adoption. De leur côté, le ministère de l’Intérieur et certains groupes parlementaires ont souligné les apports et l’impact positif que pourrait avoir cette législation sur les agriculteurs et les provinces du Nord.

Le débat sur le projet de loi 13.21 relatif à l’usage légal du cannabis a été officiellement ouvert, le mercredi 28 avril, lors de la séance plénière de la Commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la villeà la Chambre des représentants. Cette dernière s’est ainsi concentrée sur les impacts positifs que ce texte de loi aura sur les cultivateurs locaux de cette plante, etla majorité des groupes parlementaires participant à cette réunion se sont prononcés en sa faveur.

Les députés de ladite Commission ont souligné l’importance de ce chantier, qui non seulement améliorera les revenus des petits agriculteurs de cannabis, mais servira aussi à promouvoir les différents potentiels des provinces du Nord. Cependant, certains intervenants ont souligné la nécessité de consacrer plus de temps à l’approfondissement dela discussion sur le contenu dudit projet de loi, et de prendre note de tous ses aspects économiques, sociaux et environnementaux.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : l’Intérieur énumère les opportunités de ce chantier

Les réticences du PJD

Le groupe du Parti de la justice et du développement (PJD) a d’ailleurs exigé plus de temps pour élargir le débat public au sein du Parlement, appelant à la participation des acteurs institutionnels et des partis politiques, ainsi que de la société civile. Ila soutenu que les terres consacrées à la culture du cannabis ont besoin de «véritables programmes de développement et d’infrastructures solides». Et de préciser qu’il est impératif defaire preuve de vigilance à l’égard des cultures liées à la production non autorisée de drogues.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : où en est le projet de loi ?

Le projet accepté et son adoption encouragée par d’autres groupes

Contrairement aux députés du parti de la lampe, le groupe du Parti authenticité et modernité (PAM) a souligné l’importance de l’adoption du projet de loi 13.21, décrivant cette démarche comme une «avancée historique». «Le gouvernement a tardé à préparer cette initiative, qui revêt une importance économique et sociale cruciale pour suivre le rythme de cette transformation au niveau international», a indiqué le PAM.

Outre le PAM, le projet a obtenu l’aval de la majorité des partis politiques, dont le groupe du Parti du progrès et du socialisme (PPS). De plus, en réponse à la réticence palpable du PJD qui craint une légalisation du cannabis à des fins récréatives, le chef des députés istiqlaliens, Nouredine Modiane, a lancé que ce serait hypocrite d’interdire cette plante alors que la vente d’alcool est autorisée au Maroc. «Si on veut interdire le cannabis, on doit interdire également les cultures du vin», a-t-il lancé,notant que le cannabis constitue une richesse pour le pays et qu’il faut l’exploiter et en profiter. Modiane a également tenu à préciser que la consommation du cannabis n’est pas liée à la criminalité,ajoutant «que le tabac est plus dangereux sur la Santé que le chanvre».

De son côté, Omar Balafrej, député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), s’est interrogé : «existe-t-il au monde un pays qui possède une plante faisant partie de son patrimoine et qui la pénalise ?». Selon lui, il y a une grande confusion quant à la distinction entre le petit cultivateur et le grand baron «qui capitalise des milliards en Europe». «Et nous ne progresserons que si nous instituons des lois en conformité avec notre propre réalité !», a-t-il lancé. Ainsi, tout en évoquant les différents problèmes occasionnés par la pénalisation de la culture du cannabis dans le Nord du pays, Balafreja proposé une mesure d’amnistie générale au profit des petits cultivateurs de kif, dont une grande partie continue de vivre sous la menace des poursuites judiciaires. Et ce, afin «de tourner définitivement la page de ce dossier et d’aller de l’avant».

Participant également à ce débat, pour le moins houleux, Abdelouafi Laftit, le ministre de l’Intérieur, a réitéré qu’il faut aller vite, et accélérer l’adoption de ce projet de loi, car le Royaume n’aplus le «privilège du temps».Le ministre a profité de cette occasion pour défendre aussi le texte de loi élaboré par son département, et pour exhorter les parlementaires à l’acter dès que possible afin d’attirer les investisseurs et rattraper le retard du Maroc en la matière, notamment vis-à-vis de certains payseuropéens.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : le projet de loi passera-t-il ou pas ?

Enfin, rappelons que le gouvernementa adopté le projet de loi 13.21 le 11 mars dernier. Grâce à cette décision, il est devenu l’un des rares pays africains à entamer la réflexion autour de l’utilisation légale du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles. Aussi, le Royaume a été le seul membre de la Commission des stupéfiants des Nations unies (CND) du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord à voter en faveur du retrait de cette plante de la liste des drogues de l’annexe IV onusiennes, qui ont un usage thérapeutique limité ou nul.

Dernier articles
Les articles les plus lu

L’intégration et la coopération au sein de l’atlantique élargi : un nouveau paradigme de paix et de développement

Politique - L’atlantique élargi, concept mettant en lumière la coopération entre les pays de l’atlantique nord et sud, s’affirme comme un modèle de partenariats régionaux.

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Réforme de l’éducation : entre avancées concrètes et nouveaux projets ambitieux

Politique - Alors que le Maroc s’engage résolument dans la réforme de son système éducatif, les projets se multiplient dans diverses régions.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Le premier vice-président de la Chambre des conseillers rencontre le secrétaire général du CCG

Politique - Abdelkader Salama, premier vice-président de la Chambre des conseillers, a reçu, jeudi à Rabat, Jassim Mohammed Al Budaiwi, secrétaire général du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe (CCG)

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Bourita reçoit le ministre zambien des AE, porteur d’un message au Roi

Afrique, Diplomatie, Politique - Nasser Bourita a accueilli Mulambo Haimbe, son homologue zambien, porteur d'un message au Roi.

Rédaction LeBrief - 13 décembre 2024

Centrale électrique « Sa Majesté le Roi Mohammed VI » : le président nigérien reçoit la délégation marocaine

Afrique, Politique, Politique - Le président du Conseil National de la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) du Niger, Abdourahamane Tiani, a reçu la délégation marocaine présente à l'inauguration de la centrale électrique "Sa Majesté le Roi Mohammed VI".

Mbaye Gueye - 13 décembre 2024

Maroc-Kazakhstan : renforcement de la coopération judiciaire

Politique - Le Maroc et le Kazakhstan ont franchi une étape importante dans le renforcement de leur coopération judiciaire en concluant trois accords axés sur le domaine pénal.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Renforcement des relations entre le Maroc et le CCG

Politique - Aziz Akhannouch a reçu jeudi le secrétaire général du CCG, Jasem Mohamed Al-Budaiwi, en visite officielle au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Aziz Akhannouch reçoit le rapport 2023 de l’AMMC

Politique - Le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a accueilli, Nezha Hayat, Présidente de l’Autorité Marocaine du Marché des Capitaux (AMMC).

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024
Voir plus

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Le Maroc milite pour un financement urbain agile

Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Entretien entre Aziz Akhannouch et le président de la BAD

Politique - Aziz Akhannouch a rencontré le 5 décembre 2024 à Rabat le président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD).

Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Maroc-Mauritanie : quelles conclusions tirer de la visite du président ?

Afrique, Diplomatie, Politique - Relations, gazoduc… Quelles cartes se jouent derrière cette rencontre Maroc-Mauritanie ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 23 décembre 2024

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire