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Migrants : la frontière Fnideq-Sebta continue de faire des morts

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Sebta et Melilia © DR

L’espace maritime entre les villes de Fnideq et Sebta est devenu depuis quelques jours la cible de plusieurs Marocains désirant rejoindre l’enclave espagnole à la nage. Au moins 100 personnes ont tenté de traverser cette frontière depuis le samedi 24 avril. Les principales raisons de cette prise de risque sont la crise économique due à la pandémie de la Covid-19 et la fermeture des frontières maroco-espagnoles. Cette décision souveraine a été un coup dur pour un nombre important de familles, dont les produits de contrebande étaient leur unique source de revenus.

Les images font le tour de la toile depuis quelques jours. On y voit des Marocains se jeter à la mer depuis Fnideq, braver les vagues à la seule force de leurs bras,avec pour unique objectif, atteindre l’enclave espagnole de Sebta. Des images de tentatives désespérées qui font mal au cœur et qui se multiplient depuis quelques mois.

Avant, beaucoup de migrants se cachaient dans les camions et remorques, ou cherchaient un moyen d’escalader les barbelés, la mission est désormais plus difficile, même impossible, dans certains cas au vu du renforcement de la sécurité dans ces lieux. Aujourd’hui, l’unique espoir pour ces migrants est de traverser la frontière à la nage. Depuis quelques jours, plus d’une centaine de jeunes Marocains ont tenté de le faire, généralement à l’heure du ftour, pensant que la garde marocaine ne sera pasattentive à cette heure-là.

Les médias espagnols parlent d’au moins trois morts. Ce chiffre risque de se multiplier dans les jours à venir si rien n’est fait d’ici là. Même si la traversée n’est que d’une centaine de mètres, le danger est omniprésent. En effet, l’eau froide de la méditerranée et les courantspeuvent souvent apporter de mauvaises surprises.

Lire aussi :Immigration clandestine : deux morts et plusieurs portées disparus près de Sebta

Fermeture des frontières avec Sebta, un coup dur pour plusieurs familles

Les frontières maroco-espagnolesnourrissaientun nombre important de familles au Nord, mais depuis la fermeture des frontières et l’arrêt de la contrebandeen 2019, la situation de centaines, voire de milliers de familles, s’est dégradée. Le bras de fer entre le Maroc et l’Espagne depuis quelques années fait de sérieux dégâts. «Ce qui s’est passé ce week-end a clairement mis en évidence la crise entre l’Espagne et le Maroc, qui, interprétée politiquement, démontre clairement que les relations entre les deux pays ont pris un sérieux coup de froid», juge le site francophone Hespress FR. La même source estime que ces relations se sont dégradées depuis que le sommet Maroc-Espagne a été reporté. Et de préciser que «les relations ne sont que le reflet, de plus en plus, d’une situation d’entêtement qui va à contre-courant d’une logique de voisinage à forte valeur ajoutée».

L’on pourrait croire que ces relations risquent de devenir plus tendues après les récents événements politiques, notamment la décision du pays ibérique d’autoriser l’admission de Brahim Ghali, chef du parti séparatiste du Polisario, dans l’un de ses hôpitaux. Si les liens entre les deux pays s’enveniment davantage, des solutions sur le plan interne doivent être trouvées afin de sauver les jeunes Marocains et les retenir dans leur pays.

Lire aussi :Melilia : 87 migrants franchissent la clôture

Fnideq a été témoin, en février 2021, de plusieurs manifestations contre la crise économique que connaît la région. Quelques jours plus tard, le Royaume annonce une enveloppe budgétaire de 400 millions de DH pour la réalisation de plusieurs projets dans la préfecture de M’diq-Fnideq et la province de Tétouan. Une somme qui entre dans le cadre d’un partenariat entre le ministère de l’Intérieur (80 millions de DH), le ministère de l’Économie, des Finances et de la Réforme de l’administration (190 millions), le ministère de l’Industrie, du Commerce, de l’Économie verte et numérique (40 millions), le Conseil de la région de Tanger-Tétouan Al-Hoceïma (80 millions) et l’Agence pour la promotion et le développement du Nord (10 millions).

Le programme prévoit la création d’une zone d’activitééconomiqueà Fnideq, le développement d’un mécanisme d’incitation financière pour attirer les investissements dans les zones d’activités économiques «Tétouan Parc» et «Tétouan Shore», et la création d’initiatives économiques attractives afin d’inciterles femmes et les jeunes à y adhérer et intégrer le marché du travail.

Ce programme sera-t-il la bouée de sauvetage qui éloignera ces jeunes migrants des eaux de la méditerranée ?

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