Accueil / Politique

Légalisation du cannabis : où en est le projet de loi ?

Temps de lecture

Cannabis © DR

Le projet de loi relatif à la légalisation de l’usage du cannabis à des fins thérapeutiques et industrielles est désormais en phase d’examen législatif. Les députés se pencheront dès ce mercredi 28 avril sur ce texte de loi lors de la réunion de la Commission de l’Intérieur de la première Chambre. L’une des interrogations principales auxquelles le Royaume devra trouver au plus vite une réponse est celle du modèle économique à adopter pour fructifier cette industrie. De leur côté, les habitants des zones historiquement connues pour la culture du cannabis ont créé une association et ont élaboré un cahier revendicatif pour accompagner la mise en place de cette nouvelle réforme.

Le projet de loi N°13.21 relatif à l’usage légal du cannabis est désormais en phase d’examen législatif. En effet, cette réforme sera au cœur de la réunion du mercredi 28 avril de la Commission de l’Intérieur de la première Chambre, qui s’attardera sur les différents chapitres de cette législation. Des chapitres qui ont été présentés de manière sommaire la semaine dernière par le ministre de l’Intérieur Abdelouafi Laftif.

La séance de cette semaine s’annonce houleuse d’autant plus que le Parti de la justice et du développement (PJD) n’a toujours pas adhéréà ce projet de loi et multiplie les efforts pour reporter et ralentir son adoption. D’ailleurs, après avoir demandé la réalisation d’une étude d’impact et des missions exploratoires liées à ce projet, le groupe parlementaire du PJD a également a saisi le Conseil économique,social et environnemental et le Conseil national des droits de l’Homme. Selon le parti de la lampe, les démarches qu’il a exigées sont nécessaires et doivent être accomplies avantle lancement de la discussion du texte de loi.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : le PJD cherche à gagner du temps

Quel modèle économique pour cette nouvelle industrie ?

Le modèle économique que devra adopter le Maroc après la dépénalisation de l’usagemédical du cannabis est l’une des interrogations phares auxquelles doit répondre le pays pour assurer la réussite de cette industrie. Mohamed Hmamouchi, expert international en plantes aromatiques et médicinales, a expliqué à L’Économiste que la stratégie économique que devra élaborer le Royaume devra se baser sur «la nature de la plante à cultiver, du produit à fabriquer, des législations qui seront adoptées et de la demande du marché». L’expert estime que dans un premier temps, il faut réaliser une étude de faisabilité et un benchmarking par secteur et par produit lié à ce secteur.

Pour Hmamouchi, l’idéal serait de mettre en place un modèle qui intègre l’ensemble de la filière et de la chaîne de valeur de cette industrie, et ce, «depuis la culture, la sélection des semences, jusqu’aux produits finis et l’accès aux marchés, en passant par la recherche scientifique, la formation et l’encadrement». Il explique qu’il est impératif de prendre en compte l’environnement socioéconomique marocain, tout en évitant de ruiner les petits agriculteurs de cannabis ou les sociétés dont l’activité de transformation dépend d’autres petits producteurs évoluant dans l’informel.

En outre, afin d’assurer la réussite du projet de loi N°13.21, le Maroc est appelé à examiner et à apprendre de l’expérience d’autres pays leaders en matière de légalisation du cannabis, même si leur structure sociale est différente de celle du Royaume. Il s’agit en plus pour ce dernier de fournir les moyens nécessaires pour développer ce secteur et de conclure de nouveaux partenariats internationaux pour le faire évoluer. Le pays sera notamment amené à former et à déployer de nouvelles ressources pour assister les agriculteurs et les entreprises de transformation. Et à Mohamed Hmamouchi de préciser que le modèle économique qu’adoptera le Maroc«doit avoir comme objectif principal de développer une filière basée sur les potentialités des régions du Nord, de leursspécificités et faire émerger des projets pour répondre principalement au problème de l’employabilité et à la demande potentielle du marché international pour les utilisations du cannabis à des fins médicales et industrielles».

Lire aussi :Légalisation du cannabis : l’Intérieur énumère les opportunités de ce chantier

Le cahier revendicatif de la « Coordination des zones d’origine du cannabis »

Par ailleurs, alors que ledit projet de loi est examiné par la Commission de l’Intérieur, les habitants desprovinces d’Al Hoceima et de Chaouen, et plus particulièrement de Bni Khaled, deKetama et de Bni Seddath, ont créé la « Coordination des zones d’origine du cannabis ». Cette initiative, rapporte le quotidien Al Ahdath Al Maghribia, vise à accompagner la mise en œuvre de la nouvelle législation relative à cette culture et à protéger ses cultivateurs. Dans le cadre d’un cahier de charge bien détaillé, cette nouvelle association appelle à l’élaboration d’un modèle de développement local spécifique à ces régions, notamment un contratentre l’État et ces zones d’une durée de dix ans. Ce dernier permettra de promouvoir les provinces du Nord et leurs agglomérations rurales et d’ouvrir des centres de formation pour les jeunes et les agriculteurs.

Lire aussi :Légalisation du cannabis : le projet de loi passera-t-il ou pas ?

La nouvelle coordination appelle aussi à la révision du casier judiciaire des personnes inculpées et recherchées pour cette activité, exigeant une amnistie générale en leur faveur. Ellesouligne aussi l’important de l’amélioration et de l’entretien de l’assainissement du foncier consacré à cette culture ainsi que la consolidation urgente du rôle de ses coopératives.Les fondateurs de cette association revendiquent enfin la régularisation de la situation des terres consacrées à cette activité, et proposent la création de réserves naturelles dans ces zones, pour augmenter son attractivitétouristique.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française

Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Lancement du Conseil stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas

Politique - Aziz Akhannouch, a présidé la première réunion du Conseil d’orientation stratégique de l’Agence de développement du Haut Atlas.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024
Voir plus

L’Océan et Dar-Bouazza : les élections partielles qui feront date

Politique - Les élections partielles à Rabat et Dar-Bouazza sont un test impossible pour le PJD, le RNI et le PAM.

Chaima Aberni - 10 septembre 2024

Sahara : Paris veut aider le Maroc à l’ONU et l’UE

Politique - Macron a affirmé à Rabat l'engagement de la France pour soutenir la solution marocaine au Sahara, aussi bien à l'ONU qu'au sein de l'UE.

Rédaction LeBrief - 30 octobre 2024

Justice : une nouvelle carte judiciaire prometteuse

Politique - Une étape cruciale franchie pour la justice : le projet de décret n° 2.23.665, établissant la carte judiciaire du Royaume.

Nora Jaafar - 3 janvier 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire