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Depuis le début de la pandémie du nouveau coronavirus en mars 2020, l’ensemble des milieux scolaires ont été déstabilisés. Touchés par le virus, la plupart des pays du monde ont temporairement fermé leurs écoles au cours de l’année écoulée, parfois pour quelques semaines, parfois pour plusieurs mois. Selon des chiffres dévoilés par le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF)au début du mois de mars, la Covid-19 a perturbé l’éducation de plus de 1,6 milliard d’enfants dans le monde au cours de l’année écoulée. De plus, environ 214 millions d’enfants, soit un apprenant sur sept, avaient manqué plus des trois quarts de leur scolarité en présentiel, indique une étude réalisée par l’Université Johns Hopkins, la Banque mondiale et l’UNICEF.
«Le monde était confronté à une crise de l’apprentissage» avant la pandémie, a déclaré Jaime Saavedra, directeur de l’éducation à la Banque mondiale. «Le taux de pauvreté d’apprentissage — la proportion d’enfants de 10 ans incapables de lire un texte court et adapté à leur âge — était de 53% dans les pays à revenu faible et intermédiaire avant la Covid-19, contre seulement 9 % pour les pays à revenu élevé. Un an après le début de la pandémie, les perturbations continues de la scolarité, les changements dans les modalités d’apprentissage et les inquiétudes pour le bien-être des élèves sont toujours plus grands, et cette crise de l’apprentissage s’aggrave. Les fermetures d’écoles liées à la Covid-19 risquent d’augmenter la pauvreté d’apprentissage jusqu’à 63%», a-t-il souligné.
Dans une étude plus récente, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a signalé une hausse de 20% du nombre d’élèves à travers le monde n’ayant pas acquis en 2020 les compétences de base en lecture attendues pour leur âge en raison de la fermeture partielle des écoles. Ainsi, la conséquence de la pandémie sur l’éducation des enfants dans le monde est un recul de vingt ans.
Citant cette dernière étude, Borhene Chakroun, directeur de la division de l’UNESCOpour les politiques et les systèmes d’apprentissage tout au long de la vie, estime que plus de 100 millions d’enfants de plus ne pourront pas maîtriser la lecture à cause de la Covid-19. Les régions où les pertes sont les plus importantes sont l’Amérique latine, l’Amérique centrale, l’Asie centrale et l’Asie du Sud. En Afrique, le continent le plus pauvre du monde, les fermetures d’écoles, même temporaires, ont laissé des traces indélébiles, et parfois scellé l’avenir des plus jeunes. En effet, la déperdition scolaire est plus élevée en Afrique, où neuf étudiants sur dix ont dû arrêter leurs parcours scolaires en mars 2020, sachant que seulement 20% d’entre eux avaient accès à Internet.
État des lieux de l’éducation
L’UNESCO craint ainsi «une décennie» de perturbation liée à la crise et appelle à la mise en place d’«efforts exceptionnels pour proposer des cours et des stratégies de rattrapage». Toutefois, «65% des gouvernements des pays à faible revenu ont réduit le financement de l’éducation, contre 35% dans les pays à revenu élevé», déplore le rapport.
Pour l’instant, les écoles restent totalement fermées dans une trentaine de pays, dont le Mexique, la Hongrie ou encore l’Arabie saoudite. Les données jusqu’au début du mois de mars 2021 montrent que 51 pays ont pleinement repris l’enseignement en présentiel. Au niveau régional, l’enseignement à distance continue de dominer au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, où les écoles ont été largement fermées ces dernières semaines, mais, en Afrique subsaharienne, la plupart des élèves vont physiquement à l’école. L’enseignement présentiel a repris pour l’essentiel dans la région de l’Asie de l’Est et du Pacifique, avec des mesures strictes de distanciation sociale. Les régions d’Asie du Sud, d’Asie centrale et d’Europe s’appuient principalement sur l’enseignement hybride. En fin, en Amérique latine, les pays utilisent des approches mixtes comprenant l’enseignement à distance, hybride et en personne. Cependant, l’enseignement à distance est la modalité la plus utilisée.
Le Maroc ne fait pas exception
Au Maroc comme en Afrique, les modalités d’apprentissage ont connu un tournant décisif à l’ère de la crise sanitaire. Selon le Haut-Commissariat au plan (HCP), 36% des ménages marocains ont des enfants scolarisés au primaire, 20% au collège, 12% au secondaire et 8% au supérieur. Selon Hespress Fr, entre les cours en présentiel et ceux dispensés à distance, les familles et les élèves sont perdus. Ils se posent aussi plusieurs questions, notamment si leurs enfants arriveront à finir le programme scolaire dans les temps.
Lors de sa dernière réunion tenue à distance, le Bureau national du Syndicat national de l’enseignement (SNE), affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), s’est arrêté sur la situation de l’éducation au Maroc en temps de pandémie. Cette dernière est «tendue d’une manière qui menace la saison scolaire actuelle et l’avenir des générations futures». Selon le syndicat, a expliqué que ceci est dû au «choix confus du ministère de l’Éducation nationale d’opter pour le modèle de l’enseignement en alternance». Ce mode, adopté depuis le début de la saison scolaire 2020/21 pour faire face à la pandémie, a été vivement critiqué. Suite à la mise en place de ce modèle, le temps d’apprentissage des élèves a été réduit, relève le syndicat, ajoutant que ceci a des répercussions sur le déroulement de la mise en œuvre des curriculums et des programmes d’études mis en place pour acquérir les compétences ciblées.
Joint par la même source, Abdelghani Raki, secrétaire général du syndicat national de l’enseignement affilié à la CDT, a expliqué qu’alors que l’enseignant dispense 50% des cours en présentiel, les 50% des cours restants doivent être étudiés par les élèves à la maison. Il s’agit de «l’autoapprentissage». «Cette formule d’autoapprentissage des élèves, les Marocains l’ont testée l’année précédente quand le confinement a été instauré. Il y a eu donc l’enseignement à distance qui a été un ratage à tous les niveaux, et le ministère l’a confirmé en se basant, pour les examens, uniquement sur les cours dispensés en présentiel et non sur ceux dispensés à distance. Cela confirme clairement que les cours enseignés à distance ne l’ont jamais été correctement et qu’on ne pouvait pas évaluer les élèves sur la base de ces cours», estime le syndicaliste.
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