Si en raison de la pandémie de la Covid-19 et des restrictions mises en place pour la contrer toutes les manifestations sont interdites, alors pourquoi certains manifestants sont autorisés à protester et d’autres non ? C’est en tout cas la question que se posent les infirmiers et les enseignants contractuels, qui ont vu leurs requêtes d’organisation de sit-in rejetées par les autorités. En effet, les éducateurs en colère contre leurtutelleont prévu cette semaine d’observer une grève de quatre jours à partir du 5 avril et de tenir deux manifestations les 6 et 7du mois courant. Selon un communiqué de presse publié par la coordination tripartite de l’enseignement, à savoir le Syndicat national de l’enseignement, la Fédération libre de l’enseignement et la Fédération nationale de l’enseignement, la démarche des contractuels vise à réaffirmer que la dignité des professeurs prévaut,exiger l’application des accords conclus, et réclamer l’ouverture du dialogue avec le ministère de l’Éducation nationale.
Bien que la wilaya de Rabat ait interdit les deux marches prévues les 6 et 7 dans la capitale, Latifa El Makhloufi, membre de la coordination, a assuré à TelQuel: «nous ne renoncerons pas à nos libertés et à notre droit de manifester. Nous serons donc à Rabat les 6 et 7 avril pour porter nos revendications, même dans les conditions les plus extrêmes. Les autorités seront pleinement responsables de la répression et des arrestations qu’elles commettent et qu’elles continuent de commettre».
Ainsi, malgré l’interdiction dese rassembler, les enseignants contractuels et leurs représentants estiment que protester pour revendiquer leurs droits reste légitime, même en ces temps de crise sanitaire. La coordination tripartiteavance dans son communiqué que c’est le seul moyen de faire entendre les voix de ses membres et de contester le silence prolongé de la tutelle face à leurs souffrances.
Quid des infirmiers ?
À l’instar des enseignants contractuels, les membres dela Coordination nationale des infirmières et infirmiers diplômés de l’État (IDE) avec deux ans de formation ont également été interdits de marcherle samedi 27 mars depuis le Parlement versle siège du ministère de la Santé. Aussi, la wilaya de Rabat leur a souligné l’interdiction de «tout attroupement ou rassemblement sur la voie publique pour éviter toute violation des mesures de l’état d’urgence sanitaire». Le rassemblement avorté de ces infirmiers avait pour objectif de dénoncer l’injustice que subissent les IDE avec deux ans de formation. Contrairement à leurs collègues qui accusent une formation de trois ans, ces derniers ne disposent plus du statut d’ « Infirmier diplôméde l’État » depuis l’adoption en 2017 du décret 2-17-535 relatif au systèmeLicence-Master-Doctorat (LMD) et ne bénéficient plus aussi des mêmes avantages et promotions que leurs confrères.
Pire encore, le 22 mars dernier, le ministère de l’Économie et des Finances a débloqué un budget de 238 millions de DH pour les infirmiers, mais qui ne concernera pas quelque 3.847 IDE avec deux ans de formation. Une source proche du dossier aexpliquéà H24Info que «75% de ce budget sera versé à ceux qui sont hors échelle, en excluant tous ceux encore à l’échelle 9, 10 ou 11, qui n’en percevront qu’une maigre partie, et 910 des bénéficiaires ne percevront aucun centime de ce budget jusqu’en 2029».
Déterminés à ne pas baisser les bras en dépit de l’annulation de leurs sit-in, les syndicats du secteur ont entamé des discussions avec la tutelle le vendredi 2 avril.
Les restrictions, une simple «excuse» pour interdire les manifestations
Selon certains contractuels et infirmiers, interdire leurs manifestations en raison de l’état d’urgence sanitaire et des restrictions en vigueur pour endiguer la Covid-19 ne sont que des excuses. Pour Latifa El Makhloufi, «l’état d’urgence sanitaire est devenu un prétexte juridique et politique qui s’écarte de ses objectifs initiaux en ouvrant la porte à une intensification du système de répression et de limitation des luttes des différents groupes».
D’ailleurs, contrairement aux demandes de manifestation des contractuels et des IDE de deux ans de formation, celle des supporters du Raja a bien été acceptée. Ces derniers se sont d’ailleursrassemblés par milliersle 28 mars dernier devant le siège de leur club, au quartier Oasis à Casablanca, et leur marche a été encadrée et surveillée de très près par les forces de l’ordre. Cette manifestation a suscité l’ire de plusieurs personnes, qui ont dénoncé sur les réseaux sociaux une grave violation des mesures sanitaires mise en place par le pays.
Cela fait un an que le Maroc vit sous le régime exceptionnel de l’état d’urgence sanitaire avec des restrictions et une mise en veilleuse de certaines libertés individuelles et collectives. L’état d’urgence sanitaire est utilisée comme « échappatoire » par les autorités pour faire taire toute protestation.
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