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Comment expliquer ces affiches sur les murs de Tanger ?

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Le week-end dernier, des messages de haine critiquant les hommes laissant leurs femmes et enfants porter des habits serrés ont été aperçus dans plusieurs quartiers de la ville du détroit. Dès le partage de ces photos sur les réseaux sociaux, une enquête judiciaire a été ouverte afin d’identifier les auteurs de ces actes. La police consulte désormais les caméras de surveillance situées dans les quartiers en question et l’arrestation des instigateurs ne saurait tarder. LeBrief a fait intervenir un sociologue pour nous expliquer les véritables raisons de ces comportements.

L’affaire a fait le tour des réseaux sociaux le week-end dernier. À Tanger, des murs de la ville ont été marqués par des tracts à caractère extrémiste et faisant passer les femmes pour de la marchandise bon marché. «Je m’adresse à ces pères et mères de famille, sans honneur ni religion, qui ont fait en sorte que les rues soient devenues des scènes pornographiques, qui ont permis à plusieurs personnes de jouir des attraits de leurs filles. Il y a des filles âgées de 13 ans, d’autres en âge d’être mariées à 18 ans, des femmes mariées, qui déambulent en pantalon court et serré. Même la lingerie est devenue visible au grand jour. Je vous félicite pour la marchandise bon marché que vous exhibez sur les avenues publiques», peut-on lire sur l’une des affiches collées sur les murs.

Ce message a scandalisé un nombre important de citoyens. Une enquête judiciaire a été ouverte afin d’identifier les auteurs de ces actes. Les caméras de surveillance situées dans les différents quartiers en question ont été consultées. Les recherches sont toujours en cours pour déterminer les responsables de ces actes. Selon certains habitants de la ville, ces actes sont assez récurrents à l’approche du mois sacré de Ramadan. Ces derniers affirment que des hommes abordent souvent des femmes dans la rue durant cette période pour leur demander de s’habiller autrement ou de se voiler.

“Une volonté de ségrégation”

Mehdi Alioua, sociologue et militant associatif souligne qu’il y a une volonté de ségrégation derrière ce genre de messages. Joint par LeBrief, Alioua souligne que «le but est que les femmes ne sortent pas ou lorsqu’elles sortent qu’elles soient invisibles à l’intérieur d’un habit. Ceci est intolérable, car les femmes ont autant droit à l’espace public que n’importe qui. Ce n’est pas la vision ni du Maroc ni de la modernité dans laquelle nous sommes inscrits», note-t-il.

Le sociologue explique cette obsession ducorps des femmes par l’angoisse des hommes à perdre leurs positions : «les femmes en gagnant un peu plus de droits, en ayant accès à l’école etpratiquement à tous les métiers, se mettent à réussir aussi bien voire même mieux que les hommes. La réaction de ces gens est dangereuse pour le Maroc d’une certaine manière puisqu’au-delà de la violence des propos, ils sont en train de nous enfermer avec l’idée que si les hommes sont en pantalon ce n’est pas grave, mais si c’est une femme, c’est un gros problème», souligne Alioua qui poursuit qu’il faudra bien répondre à cette obsession “insupportable”.

Pour sa part, dans une chronique publiée sur le360, Zineb Ibnou Zahir a choisi de répondre clairement aux auteurs de ces tracts: «Que leur répondre, à eux qui ont choisi de ne pas aller vivre en Arabie saoudite, en Iran ou en Afghanistan où ils seraient tellement plus en accord avec leur idéologie? Dkhoul souk rassek et laisse les gens vivre leur vie, en slip blanc, en short ou en jean moulant».

La chroniqueuse s’est aussi basée sur le poème «Les Amandiers sont morts de leurs blessures»,de Tahar Benjelloun pour souligner que ce Maroc est celui de la culture, de la poésie, de la beauté, de l’amour, de la fraternité et des lumières. «Si cela doit nous faire passer pour des mécréants à vos yeux, qu’à cela ne tienne. À vous votre morale, à nous la nôtre, tant que l’on continue de vivre dans le respect mutuel», conclut-elle.

Une chose est sûre, le débat des idéologies ne date pas d’aujourd’hui et ne prendra sûrement pas fin demain.

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