Accueil / Société

Figuig : les agriculteurs toujours sous le choc

Temps de lecture

Depuis quelques jours, la petite ville de Figuig est au centre de l’actualité nationale. Et pour cause, la ville de 13.000 habitants est au cœur d’un nouveau litige maroco-algérien. Certains habitants de Ksar des Ait Slimane (région de Figuig) ont été privés des terres qui assuraient leur gagne-pain depuis ce jeudi 18 mars 2021. L’armée algérienne leur a donné un court délai pour quitter les lieux puisque selon le tracé frontalier, ces terres figurent bien sur le territoire algérien. Quel recours maintenant pour ces agriculteurs ? Seront-ils indemnisés par l’État ? Décryptage.

La ville de Figuig fait la une des médias marocains ce vendredi 19 mars 2021. En effet, dans un petit patelin nommé El Arja à 5 kilomètres de Figuig, des agriculteurs ont eu la triste nouvelle de se retrouver interdits d’accès à leurs terres. Une terre héritée de père en fils et qu’ils exploitent depuis la nuit des temps (depuis 1939 pour certains). Ce jeudi 18 mars, ces derniers ont été (officiellement) contraints de quitter leur territoire. Ils ont auparavant été menacés d’être jugés devant un tribunal algérien s’ils restaient sur place.

Lire aussi :Figuig : les agriculteurs marocains quittent leurs exploitations

Prés 50.000 palmiers dattiersreviendront désormais de droit aux Algériens. Des palmiers qui ont coûté beaucoup d’argent: «Nous avons énormément investi dans les plantations et des installations hydrauliques pour l’irrigation. Il faut aujourd’hui que les Algériens nous dédommagent pour cela, sachant que rien ne remplacera dans l’absolu la terre de nos ancêtres. Elle est irremplaçable», déclare Abdelmalek Boubekri, propriétaire de l’une des fermes de Oued El Arja.

Une marche de protestation tenue ce jeudi

Une marche a été organisée ce jeudi 18 mars (voir la vidéo ci-dessous) pour protester contre l’expulsion de ces agriculteurs. Ces derniers ne comptent pas rester les bras croisés. Une bataille juridique a été lancée et une commission spéciale sera bientôt créée dans ce sens. Par ailleurs, le club des avocats marocains a indiqué qu’une cellule de crise a été créée pour soutenir ces agriculteurs et défendre leur quête devant les tribunaux algériens, africains et internationaux.

Dans son éditorial du vendredi 19 mars 2021, le magazine hebdomadaire Telquel souligne que le timing de l’intervention algérienne interpelle. «Les récents développements régionaux ne sont pas favorables à notre voisin de l’est. La marocanité du Sahara a été reconnue par les États-Unis. Le royaume a étendu son mur de défense dans la région de Mehbas suite aux récentes tensions avec un Polisario protégé et soutenu par Alger depuis sa création. L’Algérie subit de fortes tensions internes. Et il est toujours plus tentant pour les dirigeants d’un pays en crise de rassembler autour d’un ennemi commun que d’essayer de fédérer autour d’un projet démocratique».

Lire aussi :Maroc-Algérie : comprendre l’affaire des agriculteurs de Figuig

Le journal estime que «Dans d’autres circonstances, plus apaisées, nos deux pays auraient pu discuter d’une solution gagnant-gagnant. On aurait pu, par exemple, mettre en place un laissez-passer permettant aux propriétaires des palmeraies de Figuig de travailler en Algérie tout en commercialisant le fruit de leur labeur au Maroc. On aurait pu aller jusqu’à imaginer un échange de terres permettant d’intégrer au Maroc les terrains des agriculteurs de Figuig exploités depuis des décennies par leurs aïeux. Mais ces scénarios, dans le contexte actuel, ne sont malheureusement pas réalisables», précise Telquel qui ajoute que «Certaines attaques et injures n’ont pas encore cicatrisé, que ce soit du côté de Rabat ou de celui d’Alger».

Quel sera donc le prochain recours de ces agriculteurs ? Vont-t-ils être indemnisés par l’État algérien ? Au cas oùl’Algérie refuse, seront-t-ils écoutés par les autorités marocaines ? Seul l’avenir nous le dira. À suivre.

Dernier articles
Les articles les plus lu

L’école marocaine, un rêve empreint d’inégalité

Société - Malgré des avancées notables, le Maroc continue de faire face à des inégalités éducatives importantes.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Casablanca intègre le C40 des villes engagées pour les actions climatiques

Société - La commune de Casablanca a annoncé son adhésion au réseau mondial C40 des villes, regroupant près de 100 villes engagées dans des actions climatiques.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Alerte météo : chutes de neige samedi et dimanche

Société - Des chutes de neige sur les hauteurs dépassant les 1.800 m, sont prévues dans certaines provinces du Royaume.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?

Société - Un jeune Marocain sur deux, âgé de 15 à 24 ans, vivant en milieu urbain, est au chômage selon BAM. Le HCP révèle un taux de 13,6 % et 21,3 % d’après le RGPH.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Latifa Akharbach défend le droit universel à l’éducation numérique

Société - Latifa Akharbach, présidente de la HACA, a souligné que l’éducation à l’information et au numérique doit être considérée comme un droit universel.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Radars fixes : 270 millions gaspillés, une enquête en cours

Société - La BNPJ enquête sur les anomalies relevées par la Cour des comptes concernant le marché public de radars fixes.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Migration : un nouvel axe Maroc-UE en construction

Société - Le Maroc et l’Union européenne (UE) s’apprêtent à franchir une nouvelle étape dans leur collaboration stratégique sur le dossier migratoire.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Violence envers les femmes : bilan de la campagne nationale

Société - La 22e campagne nationale de lutte contre la violence à l’égard des femmes et des filles a été couronnée par la réalisation de 1.557 activités de sensibilisation à travers le Royaume, a annoncé mercredi à Agadir la ministre de la Solidarité, de l’Insertion sociale et de la Famille, Naima Ben Yahia.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024
Voir plus

L’immeuble yacoubian

Société - Témoin d'une époque, Alaa El Aswany pose, sans juger, un regard tendre sur des personnages qui se débattent dans le piège d'une société dominée par la corruption politique, la montée de l'islamisme, les inégalités sociales, l'absence de liberté sexuelle et la nostalgie du passé.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2023

Horaires des prières à Rabat

Société - Bienvenue sur notre page consacrée aux horaires de prière à Rabat ! Ici, nous fournirons les heures exactes des prières à Rabat ainsi que d'autres informations utiles.

Rédaction LeBrief - 13 mars 2023

La viande toujours aussi chère sur le marché de gros

Société - La viande bovine est proposée entre 88 et 91 dirhams le kilo, tandis que la viande ovine se situe entre 115 et 120 dirhams le kilo.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Bistouri : du glamour à la dérive

Dossier - Bienvenue dans un Maroc où le bistouri et les seringues sont devenus aussi communs que le brushing.

Sabrina El Faiz - 23 novembre 2024

Saigner pour guérir

Dossier - Rien qu’un rasoir, une pipette et un seau ne peuvent guérir. Car la saignée est réputée pour être «miraculeuse».

Atika Ratim - 14 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire