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Covid-19 : la course aux vaccins, une guerre sans merci

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Bien que la proposition de l’Inde et de l’Afrique du Sud de suspendre temporairement les brevets sur les vaccins pour aider les pays en développement à mieux lutter contre la Covid-19 ait été fortement rejetée par les pays les plus riches du monde, l’Union européenne envisage désormais de forcer le laboratoire suédo-britannique Astrazeneca/Oxford à soumettre les formules de son vaccin et même de saisir ses usines de fabrication pour mettre la main sur ses injections.

L’Union européenne (UE) envisage de lever les brevets sur le vaccin développé par le laboratoire suédo-britannique Astrazeneca/Oxford contre le nouveau coronavirus, voire de saisir ses usines, afin de mettre la main sur ses injections. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a même menacé, ce jeudi 18 mars, de prendre des mesures sévères à l’encontre de la société pharmaceutique. Le Royaume-Uni, où se trouve le siège du laboratoire, a pour sa part accusé l’UE d’«agir comme une dictature».

Les pays les plus riches font la loi

Si la menacede l’UE a bien démontré quelque chose, c’est quela levée des brevets sur les vaccins pourrait effectivement être bénéfique pour le monde en ces temps de crise sanitaire provoquée par la propagation de la Covid-19. Cependant, la plupart des pays riches continuent de bloquer cette démarche qui pourrait sauver plusieurs pays pauvres, surtout que les efforts de ces derniers pour obtenir des doses de vaccin se heurtent à plusieurs obstacles majeurs, notamment financier.

Au début du mois d’octobre dernier, l’Inde et l’Afrique du Sud avaient soumis à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) une proposition de suspension temporaire des brevets afin de permettre aux pays en développement de produire leurs propres vaccins contre la Covid-19 afin de contrôler la pandémie sur leurs territoires sans dépendre de la production des entreprises pharmaceutiques occidentales. Les deux pays ont également proposé une exemption des droits de brevet sur des articles tels que les kits de diagnostic, les médicaments, les équipements de protection individuelle et les ventilateurs qui sont nécessaires pour lutter contre le virus. Toutefois, bien que cette proposition ait été soutenue par plus de 80 pays en développement, les membres les plus riches de l’OMC, où se trouvent d’ailleurs les plus grands laboratoires du monde, l’ont rejeté sous prétexte de protéger les intérêts de leurs monopoles pharmaceutiques.

Inégalité d’accès aux vaccins contre la Covid-19

Selon les statistiques publiées par la People’s Vaccine Alliance, neuf personnes sur dix dans près de 70 pays pauvres ne recevront pas cette année le vaccin contre la Covid-19. En revanche, les pays riches auront acheté suffisamment de doses de vaccin pour vacciner près de trois fois l’ensemble de leur population d’ici fin 2021. Pour Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le monopole actuel sur l’approvisionnement en vaccins est dû à un «nationalisme vaccinal». Ce terme, a-t-il expliqué,fait référence aux accords de préachat conclus entre les producteurs de vaccins et les pays riches. Un processus d’achat qui constitue une menace à la fois pour le redressement de la santé mondiale et pour l’économie mondiale. Le directeur de l’OMS dénonce que ce «nationalisme vaccinal» est«un échec moral catastrophique».

Par ailleurs, contrairement au Maroc, de nombreux pays africains n’ont pas encore pu lancer leurs campagnes de vaccination, car ils ont tardé à commander les doses de vaccin, n’ont pas les moyens de les acheter ou encore doivent d’abord attendre que les autres pays étrangers aient reçu les importantslots qu’ils ont commandés au début de la crise sanitaire. Le directeur d’Oxfam International en Afrique s’est alarmé lors d’une conférence de presse : «S’assurer que chaque Africain puisse recevoir un vaccin contre la Covid-19 sûr et efficace… est le moyen le plus efficace de sauver les vies et les moyens de subsistance, de maintenir nos enfants à l’école, de réduire les taux de chômage et de rouvrir nos économies». Et de déplorer que «sans le vaccin contre la Covid-19, les progrès des pays africains en matière de sécurité alimentaire, de gouvernance démocratique, d’égalité des sexes et de droits des femmes sont désormais menacés».

Enfin, il est clair que l’accès aux vaccins est problématique et qu’alors que certains pays peinent à maitriser la pandémie et à gérer la surcharge de leurs systèmes de santé, d’autres ont déjà largement avancé dans leurs campagnes de vaccinations. Reste maintenant à savoir quelles sont les solutions qui seront proposées et mises en place, autre que la levée des brevets sur les vaccins, pour pallier ce déséquilibre, surtout que le monde se dirige vers une grave pénurie de vaccins contre le nouveau coronavirus.

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