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Enseignants contractuels : le combat reprend de plus belle

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Des centaines d’enseignants contractuels se sont rassemblés ces mardi 16 et mercredi 17 mars devant les sièges du ministère de l’Éduction nationale et du Parlement afin de réclamer la suppression du système de contractualisation et leur intégration dans la fonction publique. Durant ces deux jours, les sit-in qui étaient initialement pacifiques se sont transformés en affrontements violents avec les forces de l’ordre. Cependant, les « contractuels » ne désarment pas et annoncent que leur Conseil national entamera dès ce jeudi 18 mars des concertations pour établir un nouveau programme de lutte.

Le mouvement des enseignants contractuels est de retour. En effet, après plusieurs mois de calme forcé en raison des restrictions de la pandémie de la Covid-19, les contractuels sont de nouveau revenus à la charge pour réclamer la suppression du système de contractualisation et leur intégration dansla fonction publique. Ces mardi 16 et mercredi 17 mars, ils ontorganisé des sit-in devant les sièges duministère de l’Éducation nationale et du Parlement à Rabat. voquant une violation des mesures mises en place pour lutter contre le nouveau coronavirus,la police est intervenue pour disperser la foule, et les rassemblements pacifiques se sont très vite transformés en affrontements violents.Qualifiée d’«horreur» et d’«injustice» par des témoins présents sur place, cette intervention musclée a eu pour résultat plusieurs blessés du côté des enseignants, des évacuations urgentes dans des ambulances médicalisées et plusieurs arrestations de manifestants.

De plus, une enquête a été ouverte pour déterminer l’identité d’uncivil qui a usé de violence lors de la dispersion du rassemblement des contractuels. Selon la Wilaya de la région Rabat-Salé-Kénitra, «plusieurs comptes sur les réseaux sociaux ont relayé des photos et des séquences vidéos montrant une personne en civil usant de la violence lors de la dispersion d’un rassemblement des enseignants-cadres relevant des Académies régionales de l’Éducation et de la Formation». Cette investigation a pour objectif de déterminer l’identité del’individu en question, définir les tenants et aboutissants des faits susmentionnés et établir les responsabilités et les conséquences juridiques qui en découlent.

Par ailleurs, les rassemblements de ces deux derniers jours interviennentmoins de 10 jours après que la Coordination nationale des enseignants contractuels ait organisé une grève nationale de cinq jours à travers le Maroc. À cette occasion, les enseignants de tout le Maroc sont descendus dans la rue, boycottant leurs cours et demandant au gouvernement d’améliorer le traitement des enseignants à tous les niveaux. Selon l’association des enseignants, la tutelle a déduit jusqu’à 1.500 dirhams par mois des salaires des contractuels qui ont participé aux grèves tout au long de 2019 et 2020.

Lire aussi :Contractuels : la police accusée d’utiliser les mesures anti-Covid pour empêcher des manifestations

Mise en contexte

Depuis 2019, les enseignants dits contractuelsmènent des grèves et des protestations pour exiger leur intégration dans la fonction publique ainsiqu’une améliorationdes salaires. Mais comment en sont-ils arrivés à cette situation ? Ce dossier remonte à 2016. Confronté à une pénurie d’enseignants, à une surcharge des classes et à la menace d’une année blanche au cours de l’année scolaire 2016-2017, le ministère de l’Éducation nationale «avait décidé de recruter, sous un contrat à durée déterminée, plus de 200.000 enseignants contractuels entre 2015 et 2030», précise TelQuel. Au début, les bénéficiaires de cette opération de recrutement massive jouissaient de la même rémunération et du même droit de formation que les enseignants de la fonction publique. Toutefois, leur statut a par la suite été abandonné et leur embauche transférée aux Académies régionales d’éducation et de formation (AREF), les privant ainsides avantagesdont profitentleurs collègues confirmés.

Après le succès des manifestations massives d’avril 2019, la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération nationale de l’éducation (FNE) ont appelé les enseignants, en novembre 2020, à organiser une nouvelle grève nationale. Les syndicats ont ainsi demandé à la tutelle de revoir la politique de promotion du personnel pédagogique et administratif dans les écoles. Pour Latifa El Makhloufi, membre de la Coordination nationale des professeurs contractuels, les demandes des contractuels sont claires et simples. «Il s’agit d’abandonner la politique du contrat et non de la réformer, car nous rejetons la contractualisation comme un système d’exploitation injuste», a-t-elle confié à la presse nationale.

Lire aussi :Les enseignants du public en grève nationale les 1er et 2 décembre

La lutte se poursuit

Malgré le silence du département de Saïd Amzazi face à leurs revendications, les contractuels ne décolèrent pas. Ces derniers, qui représentent 102.000 sur les 250.000 enseignants que compte le Royaume, ne comptent pas baisser les bras avant d’avoir atteint leur objectif final. Les membres de laCoordination nationale des professeurs contractuels ont même annoncé que de nouvelles concertations seront lancées dès ce jeudi 18 mars par leur Conseil national afin de mettre en place «un programme de lutte pour nos justes revendications».Reste à savoir désormais combien de temps le gouvernement et la tutelle continueront de faire la sourde oreille quant aux accusations de discrimination, de conditions de travail injustes et de déductions salariales des contractuels. Et, aussi,reste à savoir combien de temps dureront les protestations des enseignants concernés, qui impactent principalement les jeunes apprenants marocains, qui peinent déjà à suivre le programme scolaire en raison des effets de la pandémie sur les méthodes d’apprentissage (présentiel, distanciel et hybride).

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