Image d'illustration. DR
Intervenant devant la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, le ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, Chakib Benmoussa,a révélé les derniers chiffres relatifs à la déperdition scolaire. En corrélation avec plusieurs facteurs, notamment individuels, scolaires et territoriaux, l’abandon scolaire représente un défi pour le système éducatif en raison de ses répercussions négatives sur les écoliers décrocheurs, ainsi que son coût économique et social pour le Maroc. «Le ministère a adopté un nombre de mesures s’inscrivant dans le cadre de l’exécution de ses plans et stratégies sectorielles pour faire face à ce dilemme», a souligné le ministre devant la Commission.
En effet, les données présentées indiquent que le taux d’abandon scolaire, au titre de l’année 2020-2021 au Maroc, dans les trois cycles du secteur public, sont de 5,3%. Cela représente plus de 331.000 apprenants qui ont quitté l’école. Il est à noter aussi que ce chiffre a augmenté de 0,3% par rapport à l’année scolaire 2019-2022. En outre, le milieu rural connait un taux plus élevé, estimé à 5,9% au cours de l’année 2020-2021, soit plus de 167.000 élèves déscolarisés, rappelle le ministre.
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La pauvreté n’est pas la seule raison du décrochage scolaire
Concernant les raisons qui provoquent ce fléau chez les écoliers, il est à noter que la pauvreté n’est pas le seul « facteur push »qui les incite à abandonner leurs études. Ainsi, les principaux facteurs du décrochage sont liés aux milieux socio-économiques défavorisés, difficultés scolaires précoces, expériences scolaires négatives, contexte scolaire défavorable et à un contexte territorial difficile. L’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) a publié dans son dernier rapport lié à l’enseignement que les méthodes d’apprentissage actuelles sont considérées comme « dépassées, voire contre-productives ».
À cet égard, Chakib Benmoussa a évoqué les contraintes liées à la qualité de l’école publique, en soulignant la nécessité d’intégrer la réforme à la salle de classe, ainsi que son impact direct sur les apprenants. «Le ministère est déterminé à accélérer l’atteinte qualitative, mettant ce défi au premier plan de ses priorités à travers une intervention qui compte divers fronts du système éducatif», affirme le ministre.
Contactépar Lebrief, Khalid Mgharfaoui, professeur d’enseignement supérieur, nous explique que le décrochage scolaire est lié à plusieurs facteurs.Il cite en ce sens «la méthodologie de travail des professeurs, le contenu, la philosophie même de l’enseignement et la question des langues aussi», ajoutant à cela qu’«un enfant décroche parce qu’il n’a pas quelqu’un qui le suit, c’est-à-dire la famille, et l’école aussi ne prend pas le relais». Les professeurs ont tendance aussi à «travailler avec ceux qui peuvent réussir et se montrent motivés, et mettent à l’écart les autres qui ont des difficultés. Cela met en lumière le fait qu’il n’y ait pas une formation solide dédiée aux enseignants aussi», explique le professeur.
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Le décrochage scolaire chez les filles est estimé à 5,6%
Eu égard aux conditions défavorables dans certaines régions, l’accès à l’école demeure parfois difficile pour les filles. Le taux d’abandon scolaire chez cette catégorie en milieu rural est estimé à 5,6%, soit environ 76.000 écolières.Le ministre a tenu à prendre un ensemble de mesures pour lutter contre la déperdition scolaire, ainsi que pour instaurer le principe d’équité et d’égalité des chances. Celles-ci concernent la généralisation de l’enseignement primaire pour diminuer l’abandon scolaire à un âge précoce, en sus de la généralisation des écoles communautaires qui augmentera l’offre scolaire par la suite.
Salma Moubarik, enseignante du cycle secondaire dans le milieu rural, nous dévoile que «l’inconscience de certains parents de l’importance d’enseigner leurs filles, surtout quand elles deviennent adolescentes, est très accentuée dans le milieu rural. Un parent m’a révélé une fois sa profonde pensée de l’enseignement en général, disant qu’il le considère comme un moyen de divertissement temporaire». Elle ajoute aussi que dans sa classe «il y avait deux écoliers avec un lien de parenté, une fille et un garçon. Brillante et rigoureuse, la fille a quand même arrêtéses études, à la demande de son père,car elle avait tout le temps des notes supérieures à celles de son frère».
In fine, l’ampleur du décrochage scolaire peut s’expliquer par une série de facteurs, notamment la non-prise en compte des besoins sociaux spécifiques des filles et de la situation économique des pauvres, la faible pertinence du contenu de l’apprentissage etl’absence de pertinence culturelle ou encore des méthodes et processus pédagogiques. C’est ce qui est qualifié comme une « crise mondiale de l’apprentissage ».
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