Le burn-out n’est pas une condition médicale ou une maladie mentale, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Il est défini dans la Classification internationale des maladies (CIM-11) comme un épuisement professionnel lié principalement au stress chronique au travail, qui n’a pas été correctement géré. Il se caractérise surtout par des « sentiments d’épuisementd’énergie », « sentiments de négativisme ou cynisme liés au travail », « une distance mentalepar rapport au travail »et »une efficacité professionnelle réduite ».
Concrètement, selon Laarabi Boutbouqalt, psychologue clinicien et psychothérapeute, le burn-out commence par une fatigue qui s’intensifie et qui devient chronique par la suite. Il se caractérise aussi par une sensation de fatigue psychique, physique et émotionnelle et un surmenage même en temps de repos.
Burn-out: un phénomène plus complexe qu’on le pense
Il est difficile pour les personnes atteintes de ce syndrome de prendre du recul face à leur situation et d’agir correctement pour ne pas se noyer encore plus dans la détresse, précise Laarabi Boutbouqalt. «Les personnes en « burned-out »ont besoin d’un accompagnement et d’un suivi psychologiques pour arriver à gérer leurs émotions et à prévenir contre de futures complications, notamment une dépression».
Il ajoute : «par exemple, sur un plan psychothérapeutique, la thérapie cognitive et comportementale et l’apprentissage des techniques pour bien gérer ses émotions et son stress s’avèrent plus pertinents. Mais, il faut noter également que la prévention s’organise, à la fois, au niveau individuel et au sein de l’entreprise».
Il souligne également que les entreprises ont un rôle colossal dans la prévention de ce syndrome. Le burn-out est lié à l’environnement de travail et ses dysfonctionnements en premier lieu. Pour y remédier, il faut établir une culture de travail saine, qui valorise l’humain et qui reconnait ses efforts au sein de l’entreprise.
Le «tabou» de la santé mentale
Comme le reste des complications liées à la santé mentale, le burn-out est encore un sujet peu visible au Maroc. Et comme la majorité des employés, Hajar. B a souffert en silence pendant plusieurs mois du syndrome d’épuisement professionnel. Elle s’est auto-diagnostiquée viales tests qu’elle trouve sur internet pour comprendre son mal-être quotidien, mais en vain. «J’avais du mal à m’endormir la nuit et je me sentais stressée tout le temps par rapport à mon travail pendant plusieurs mois. Les crises d’anxiété récurrentes ont été une réelle souffrance psychologique et émotionnelle. Je me suis sentie dans un cercle vicieux, car je n’avais plus de vie sociale à cause de mon travail».
Le manque de sensibilisation et d’informations sur ce sujet font que ce syndrome ne soit pas détecté à temps, par les personnes atteintes ni par leur entourage.
«Les gens autour de moi ne comprenaient pas ce que je leur expliquais. J’ai fini par consulter un psychologue qui m’a révélé mon verdict, et on a commencé notre thérapie. Aujourd’hui, je me sens mieux grâce aux exercices quotidiens que j’ai appris à faire seule. J’ai changé de travail également. Il était insupportable», rajoute Hajar.
Quel cadre juridiqueau Maroc ?
De jure, le Code de travail au Maroc, notamment la loi no 65-99, n’indique en aucun de ses articles la protection de l’employé en cas de surcharge mentale au sein d’un environnement de travail.
Les deux articles qui régissent la relation employé-employeur sont les articles 24 et 287. Le premier indique que l’employeur est tenu de prendre toutes mesures nécessaires pour préserver la santé, la sécurité et la dignité des salariés. Quant au deuxième, il interdit à l’employeur de permettre à ses employés l’utilisation de produits ou substances, d’appareils ou de machines, susceptibles de porter atteinte à leur santé ou de compromettre leur sécurité.
In fine, au Maroc, aucune loi ne protège les personnes ayant un épuisement professionnel à cause du surmenage au travail. L’absenced’un cadre juridique spécifique à la protection mentale des employés etdu suivi psychologique au sein des entreprises peut entraîner des frustrations liées au travail, que ce soit au niveau des établissements privésou publics.
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