Accueil / Économie

Omicron : le manque de visibilité assombrit les perspectives économiques de 2022

Temps de lecture

La propagation rapide des contaminations au variant Omicron a forcé les économies mondiales à revoir à la baisse leurs prévisions de croissance au titre de 2022. Pour les économistes, le manque de visibilité et l’incertitude suscitée par l’apparition de cette nouvelle souche ne présagent rien de bon. Désormais, la relance économique et la croissance dépendent étroitement de l’endiguement de la pandémie et de la nature des mesures sanitaires préventives qui vont être prises au cours de cette année, notamment au Maroc.

Omicron, le dernier variant virulent en date de la Covid-19, menace fortement la croissance mondiale. Au cours du mois de décembre, les grandes institutions internationales avaient mis en garde contre l’impact de cette nouvelle souche sur l’économie.Laurence Boone, économiste en chef de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), a ainsi prévenu : «Le fort rebond que nous avons observé marque le pas, et les perturbations de l’offre, la hausse de l’inflation et l’impact continu de la pandémie assombrissent l’horizon». Pour le Fonds monétaire international (FMI), la prévision d’une croissance mondiale de 4,9% est désormais trop optimiste.

Lire aussi :Omicron : le monde paralysé, pic dépassé en Afrique du Sud

Le spectre de la récession et la menace d’inflation

Les États-Unis, première économie mondiale, commencent déjà à montrer les signes des effets économiques d’Omicron. D’après le quotidien Wall Street Journal, Moody’s Analytics, cabinet spécialisé dans l’analyse des risques, des performances et de la modélisation financière, a annoncé que la croissance américaine ne sera plus que de 2,2% et non de 5,2% comme espérée auparavant.

Dans une interview accordée àBloomberg, l’ex-secrétaire américain au Trésor, Lawrence Summers, a présenté pour sa part un tableau encore plus sombre, dénonçant quela Réserve fédérale du pays a agi avec trop de retard pour contrôlerl’inflation. «Je crains que nous n’atteignions déjà un point où il sera difficile de réduire l’inflation sans donner lieu à une récession», a-t-il déploré.Et d’ajouter qu’à 5,7% en novembre, l’inflation américaine n’a jamais été aussi élevée depuis 1982.

Côté européen, l’inflation, qui était de 4,9% en novembre dernier, préoccupe de plus en plus les pays de la région. Selon les données de HSBC, banque d’investissement multinationale britannique et société holding de services financiers, la flambée des prix de l’énergie affecte le pouvoir d’achat et le niveau de vie des ménages européens. «Le surcoût des prix de l’énergie pourrait amputer le PIB de la zone d’un demi-point», estime l’institution, notant que«si l’on rajoute les risques d’un dérapage incontrôlé des cas du variant Omicron, les espoirs d’une croissance du PIB de 4,3 % (dernière prévision de l’OCDE) s’envoleront».

En outre, l’économiste Chris Williamson d’IHS Markit a prévenu que la nouvelle souche de la Covid-19 «risque de peser sur la croissance de la zone euro au cours des prochains mois, et toute perturbation des chaines d’approvisionnement inhérente à une nouvelle vague épidémique pourrait faire repartir à la hausse les tensions inflationnistes dans la région».

Lire aussi :Covid-19 : le monde en ordre de bataille contre Omicron

Quid des perspectives économiques du Maroc

Concernant les perspectives et les prévisions économiques du Maroc en 2022, la rédaction de LeBrief s’est tournée vers deux économistes pour analyser la situation. Pour Nabil Adel, enseignant-chercheur en géopolitique, «désormais les prévisions économiques du Maroc dépendent plus des décisions du comité scientifique de suivi de la Covid-19». Selon lui, «dès que ce comité arrêtera ses orientations et que le gouvernement les approuvera, nous pourrons présenter les prévisions économiques de cette nouvelle année. Aujourd’hui, la situation est confuse etincertaine. On ne sait pas si on va revenir à des mesures sanitaires plus drastiques, comme le confinement, le couvre-feu, la fermeture des frontières ou encore l’arrêt de circulation».

M. Adel nous a confié qu’en tant qu’économiste, «je ne peux pas faire de prévisions sur un terrain économique mourant. Pour le moment, en raison du flou généralisé qui paralyse l’activité économique,on ne peut que présenter des hypothèses».Il explique de ce fait que «le Maroc a réussi à éviter les périodes de pic pandémiques, notamment la période de fin d’année, en instaurant des mesures restrictives bien spécifiques. Ainsi, si on poursuit l’application des mesures barrières en accélérant la cadence de la vaccination et sans revenir au confinement et à la fermeture complète des frontières du pays, on peut prévoir un rythme de croissance de 5 à 5,5%. Par contre, si on revient aux restrictions drastiques mises en place en 2020, soit on risque une année blanche soit même une régression du PIB».

Lire aussi :Omicron : arrêt des vols de rapatriement le 23 décembre

Même constat du côté de Ahmed Azirar, économiste et professeur universitaire. Ce dernier anoté que «tout dépendra de la virulence de la pandémie dans le monde et au Maroc ainsi que de la gestion optimum qui seraopérée localement entre les secteurs de la santé, du social et de l’économie. Pour le moment, l’économie et les populations mondiales sont à bout de souffle, surtout avec la crainte croissante de la détériorationdu climat».Notre intervenant indique également que «l’inflation reprend du tonus tant mondialement que localement». Aussi, poursuit-il, «la dette a atteint des niveaux sans précédent, qui font craindre une augmentation des pressions sur la demande publique et donc de nouvelles retombées en chaine».

Par ailleurs, sur un ton plus positif, le spécialiste nous a précisé que le Maroc a su gérer avec brio les pressions géostratégiques régionales, notamment avec la bonne tenue du comex et des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE).Il prévoit «un taux de croissance de 3.5% si la production agricole est moyenne». Il estime que «ce taux pourrait être plus élevé si le Royaume arrive à gérer les problèmes liés au climat et à assurer l’endiguement de la pandémie ainsi que s’il rouvre ses frontières et relance les activités du transport et du tourisme nationaux».

Enfin, pour les deux économistes, la prioritéaujourd’hui du pays estd’inciter les Marocains à appliquer avec rigueur les mesures de distanciation et autres précautions sanitaires en vigueur, dont la vaccination, pour ne pas compromettre les acquis du Royaume en termes de lutte contre la Covid-19. «De toute façon, la pandémie et ses conséquences seront durables, il faut en être conscient, pour mieux s’y adapter», conclut Ahmed Azirar.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Casablanca-Pékin : RAM relance sa liaison directe

Économie - La RAM relancera sa ligne directe Casablanca-Pékin dès le 20 janvier 2025, ce qui renforce des liens entre le Maroc et la Chine.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

Essaouira : Akhannouch préside le développement de la station Mogador

Économie - Akhannouch a présidé à Essaouira une cérémonie de signature d’une convention pour le développement de Mogador.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Blé tendre : le Maroc renforce son alliance avec la Russie

Économie - Le Maroc a décidé de maintenir le soutien gouvernemental pour l’importation de blé tendre jusqu’à fin avril 2025.

Ilyasse Rhamir - 20 décembre 2024

La loi de Finances 2025 publiée au Bulletin officiel

Économie - La loi de Finances 2025, promulguée par le Dahir n° 1-24-65 du 13 décembre 2024 a été publiée dans le Bulletin officiel.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Le commerce extérieur au vert, malgré un déficit croissant

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM), a révélé que les exportations de biens marocaines ont connu une hausse de 6,2% à fin octobre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Les OPCVM atteignent 663,3 MMDH d’actifs nets à fin novembre 2024

Économie - Une hausse de 18,5% depuis le début de l’année, selon le rapport de la politique monétaire publié par Bank Al Maghrib.

Rédaction LeBrief - 19 décembre 2024

L’inflation attendue à 0,8% au T4-2024 (BAM)

Économie - BAM a indiqué l’inflation au Maroc devrait revenir à 0,8% au quatrième trimestre (T4) 2024, après 1,3% le trimestre précédent.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

L’ACAPS renforce la protection des assurés, affiliés et adhérents

Économie - L'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a publié son rapport annuel 2023.

Mbaye Gueye - 18 décembre 2024
Voir plus

CFG Bank : la digitalisation tous azimuts (ITW)

Interview - Le point sur les enjeux de la transformation digitale avec Salim Rais, Associé, Directeur Exécutif Finances chez CFG Bank.

Rédaction LeBrief - 1 mars 2024

Le Conseil de gouvernement adopte une augmentation du salaire minimum légal

Économie - Le Conseil de gouvernement a adopté le projet de décret n°2.24.1122 fixant le salaire minimum légal pour les activités agricoles et non agricoles.

Mbaye Gueye - 27 décembre 2024

Fruits, légumes et viandes : quels prix en ce début 2025 ?

Économie - Les légumes, souvent considérés comme basiques de l’alimentation, révèlent des différences marquées entre eux.

Rédaction LeBrief - 3 janvier 2025

Tourisme : le Maroc dépasse les 11 millions de visiteurs en 2024

Économie - Les recettes du tourisme atteignent 59,4 MMDH en 2024, avec 11,8 millions de visiteurs, marquant une hausse de 3,5%.

Chaima Aberni - 20 septembre 2024

CMI : révolution dans les paiements

Économie - Le Conseil de la concurrence a validé les engagements présentés par le CMI et ses banques partenaires.

Ilyasse Rhamir - 5 novembre 2024

Croissance record des agrumes au Maroc en 2024

Économie - L’OMD a révélé ses prévisions pour l’année 2024, mettant en évidence une croissance exceptionnelle de la production d’agrumes au Maroc.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Coupe du Monde 2030 : 35 villes en plein chantier

Économie - Le Maroc met les bouchées doubles pour accueillir la Coupe du Monde 2030, un événement qui promet de booster le développement à l’échelle nationale.

Ilyasse Rhamir - 25 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire