Accueil / Économie

PME, banquiers malgré elles !

Temps de lecture

Au-delà de l’activité principale de leurs entreprises, les dirigeants des PME doivent au quotidien courir derrière les clients pour se faire rembourser. Les mauvaises pratiques de paiement sont devenues un sport national. Les PME sont les premières à en souffrir. Malgré elles, elles sont devenues les banquières de leurs clients. Le crédit interentreprises culmine à plus de 400 milliards de DH. L’État essaie d’organiser les délais de paiement dans le secteur public avec un nouveau rappel à l’ordre du ministre des Finances. Dans le privé, les choses n’avancent pas comme souhaité. Pour les observateurs, il faudrait des sanctions plus dissuasives pour limiter le mal.

Parti de la BCP pour prendre le portefeuille du ministère de l’Économie et des Finances en août dernier, Mohamed Benchaaboun est très bien placé pour mesurer les effets néfastes des pratiques de paiement sur l’économie. Fixés à 60 jours par la loi avec la possibilité d’aller jusqu’à 90 jours contractuellement, les délais de paiement sont trois à quatre fois plus élevés dans la réalité. Mauvais payeur, l’État et ses démembrements essaient de revenir à des pratiques plus responsables. L’État a apuré l’essentiel du crédit TVA et le délai moyen de paiement dans le secteur public a été ramené à 64 jours. Toutefois, cette vue d’ensemble masque des disparités selon les administrations et entreprises publiques. Le ministre des Finances vient de rappeler à l’ordre les dirigeants des établissements et entreprises publics (EEP) qui sont hors la loi, lors de la deuxième réunion de l’observatoire des délais de paiement.

Les dirigeants de ces structures sont priés d’accélérer la mise en œuvre des dispositions de la circulaire du 18 septembre 2018 en instaurant de nouvelles actions dont la publication sur le Portail de l’Observatoire des Délais de Paiement au niveau des EEP, à partir d’octobre 2019. L’objectif est de renforcer la transparence et de fluidifier les process. La mise en œuvre de ces mesures est aussi censée responsabiliser toutes les parties prenantes (ordonnateurs des administrations et des collectivités territoriales et les managers des établissements et entreprises publics, les autorités budgétaires et les agents de contrôle). La réunion qui s’est tenue en présence du président de la CGEM, Salaheddine Mezouar a été aussi l’occasion de dévoiler letaux des intérêts de retard. Il sera de 6,25 % à partir du 1er janvier 2021. Avant cette échéance, le taux en vigueur restera à 5,25 %.

Les PME entre le marteau et l’enclume

Malgré ce léger durcissement, difficile de croire qu’il va dissuader les mauvais payeurs. Si l’État veut redorer son blason, la situation dans le secteur privé est explosive. Les délais interentreprises culminent plus de 400 milliards de DH, soit 40 % du PIB. Les PME sont les premières à souffrir de ce fléau. Ayant un faible pouvoir de négociation, elles sont obligées d’accorder des délais très longs à leurs clients pour ne pas perdre un marché. Elles n’osent pas aussi appliquer les intérêts de retard par peur des représailles. Certaines entreprises sont obligées de répercuter sur leurs fournisseurs leurs difficultés de trésorerie parce qu’elles-mêmes sont confrontées à des délais très longs. En revanche, d’autres structures, surtout les grandes entreprises se font sciemment de la trésorerie sur les plus petites qu’elles. Aujourd’hui, les PME sont devenues malgré elles les banquiers de leurs clients.

Plusieurs pistes sont envisagées pour remettre de l’ordre dans les délais de paiement comme sortir les factures impayées de la base imposable du fournisseur, et chez le mauvais payeur, ne plus accepter l’imputation dans les charges d’exploitation les montants des factures non réglées.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Air Arabia Maroc inaugure la ligne Rabat-Oujda

Économie - Air Arabia Maroc a procédé au lancement d'une nouvelle ligne reliant la ville de Rabat à celle d’Oujda.

Mbaye Gueye - 10 janvier 2025

Dakhla : une nouvelle porte vers le marché ibérique

Économie - La ville de Dakhla, joyau du sud marocain, s’ouvre au marché ibérique grâce à l’inauguration de la ligne aérienne Madrid-Dakhla opérée par Ryanair.

Ilyasse Rhamir - 10 janvier 2025

127 MMDH déclarés : succès record de la régularisation fiscale

Économie - L’opération de régularisation fiscale volontaire, qui s’est achevée avant le 1ᵉʳ janvier 2025, a connu un franc succès.

Ilyasse Rhamir - 9 janvier 2025

Chaînes publiques marocaines : fort succès malgré un budget limité

Économie - Avec des moyens limités et une rude concurrence, les chaînes publiques marocaines réussissent à capter l’attention d’un large public.

Ilyasse Rhamir - 9 janvier 2025

Agrumes de Berkane : une production en rebond malgré la sécheresse

Économie - La production des agrumes au périmètre irrigué de la Moulouya, dans la province de Berkane, est estimée à environ 192.300 tonnes pour la campagne agricole 2024-2025.

Ilyasse Rhamir - 9 janvier 2025

Tourisme : le Maroc pulvérise son record !

Économie - En 2024, le Maroc a franchi un cap historique en attirant 17,4 millions de touristes, un objectif initialement prévu pour 2026 !

Rédaction LeBrief - 9 janvier 2025

Les Impériales Week 2025 : cap sur les transformations

Économie - Du 27 janvier au 2 février 2025, Casablanca accueillera Les Impériales Week, un événement phare du marketing, des médias, et de la communication, sous le thème «The Paradigm Shift – Business.People.Tech».

Rédaction LeBrief - 9 janvier 2025

E-commerce : une croissance de 30% en 5 ans

Économie - Le secteur du e-commerce au Maroc a connu une croissance de 30% en 5 ans

Mouna Aghlal - 9 janvier 2025
Voir plus

Pirater ou réguler : le défi BeIN Sport au Maroc

Économie, Entreprise - Face à la prolifération des serveurs IPTV illégaux, qui permettent aux utilisateurs d’accéder à ses contenus sans payer, BeIN Sport s’interroge sur les moyens de protéger ses droits.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Faillites d’entreprises : « les derniers chiffres publiés ne reflètent pas la réalité » (Abdellah El Fergui)

Économie - Le récent rapport de l'Observatoire marocain des TPME révèle l'état alarmant par lequel passent les sociétés marocaines.

Mouna Aghlal - 25 décembre 2024

Banque mondiale : le spectre d’une imminente crise de la dette

Économie - Dans son nouveau rapport sur la dette internationale, la Banque mondiale alerte sur le risque de surendettement des pays pauvres.

Manal Ben El Hantati - 12 décembre 2022

Entrepreneuriat : plus de 68.000 entreprises créées en 2024

Économie - Selon les derniers chiffres dévoilés par l’OMPIC, 68.263 entreprises ont vu le jour au Maroc au cours des 9 premiers mois de 2024.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Driss Guerraoui primé à Barcelone

Économie - Le professeur Driss Guerraoui, président de l’Université Ouverte de Dakhla, a reçu le Prix international du leadership en intelligence économique pour l’année 2024.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations

Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024

CNT : Hamid Bentahar réélu

Économie - Hamid Bentahar se voit réélu pour un mandat de 3 ans à la tête de la CNT et Othman Ibn Ghazala élu vice-président générale.

Ilyasse Rhamir - 30 septembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire