Accueil / Politique

Maroc-Algérie : la scission est actée

Temps de lecture

L’ambassade du Maroc à Alger a officiellement fermé ses portes ce vendredi 27 août. L’ambassadeur Lahcen Abdelkhalek et l’ensemble du staff de l’ambassade marocaine seront rapatriés aujourd’hui vers leur pays natal. Par ailleurs, le conflit fait déjà une première victime, le Gazoduc Maghreb-Europe. En effet, l’Algérie a assuré qu’elle compte livrer l’Espagne en gaz naturel sans passer par le Maroc et ce, à travers le gazoduc Medgaz. La prolongation du contrat Gazoduc Maghreb-Europe qui prend fin dans moins de deux mois est sérieusement remise en question.

Voilà maintenant trois jours que l’Algérie a annoncé la rupture de ses relations avec le Maroc. Si l’annonce était plus ou moins attendue au vu de l’escalade des tensions récemment, elle aura un impact considérable sur les affaires économiques des deux pays. Ce jeudi, Mohamed Arkab, ministre algérien de l’Énergie et des mines, recevait l’ambassadeur d’Espagne en Algérie, Fernando Moran. Le diplomate algérien a affirmé «l’engagement total de l’Algérie de couvrir l’ensemble des approvisionnements de l’Espagne en gaz naturel à travers le Medgaz».

Cela veut dire que l’Algérie va contourner le Maroc dans sa livraison à l’Espagne et n’utilisera pas le Gazoduc Maghreb-Europe. Dans ces circonstances, le maintien de ce projet de grande envergure est très improbable d’autant plus que le contrat devrait expirer dans un peu plus d’un mois, à savoir en octobre 2021.

Lire aussi :Maroc-Algérie : les dessous d’une rupture

Le Maroc a toujours lutté pour le maintien du Gazoduc Maghreb-Europe. Amina Benkhadra, DG de l’Office national des hydrocarbures et des mines (ONHYM), a indiqué que la volonté du Maroc de maintenir le projet «a été clairement affirmée de manière constante, à tous les niveaux, depuis plus de trois ans». L’Algérie refuse donc une nouvelle fois la main tendue du royaume.

Fermeture de l’ambassade marocaine à Alger et rapatriement des fonctionnaires

Le Maroc a décidé ce vendredi de fermer son ambassade à Alger et de rapatrier l’ambassadeur du royaume en Algérie, Lahcen Abdelkhalek ainsi que l’ensemble du staff diplomatique. Pour ce qui est des services consulaires, les consulats généraux du Maroc à Alger, Oran et Sidi Belabbès continueront d’assurer leur mission normalement.

Par ailleurs, l’Union africaine (UA) a appelé à l’abstention face à tout acte qui incite à l’escalade. En effet, le Président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat a exprimé son “profond regret” concernant la rupture des relations diplomatiques entre l’Algérie et le Maroc, pays piliers de l’UA.

Lire aussi :Maroc-Algérie : plusieurs pays appellent au dialogue

Dans un communiqué, le président de la Commission «déplore toute détérioration des relations fraternelles, historiques, multidimensionnelles des deux États et des deux peuples maghrébins frères». Il appelle les dirigeants des deux pays à «s’engager résolument dans une logique de paix et de coopération fructueuse dans les intérêts bien compris des deux peuples»et réitère «l’entière disponibilité de l’UA à promouvoir toute initiative en vue de la reprise de leurs relations fraternelles au service de la Paix et la prospérité au Maghreb et en Afrique».

Une frustration algérienne historique

Dans un article publié sur son blog personnel, l’historien Bernard Lugan est revenu sur cette décision algérienne de rompre les relations diplomatiques estimant que l’Algérie jalouse le Maroc sur un nombre important de points. Parmi ces derniers, la façade maritime immense du Maroc.«Pour une Algérie, enclavée dans cette mer fermée qu’est la Méditerranée, il est insupportable de constater qu’avec la récupération de ses provinces sahariennes, le Maroc dispose d’une immense façade maritime océanique partant de Tanger au nord, jusqu’à la frontière avec la Mauritanie au sud, ouvrant ainsi le royaume à la fois sur le grand large atlantique et sur l’Afrique de l’Ouest», souligne l’historien.

Ce dernier ajoute également que l’Algérie perd des points puisque de moins en moins de pays reconnaissent “l’État fantôme de la RASD”. Ils étaient 54 États à reconnaître la RASD en 2002, ils ne sont aujourd’hui plus que 23. (Uruguay- Afrique du Sud – Timor oriental – Namibie – Honduras – Belize – Nigeria – Mauritanie – Venezuela – Zimbabwe – Botswana – Cuba – Mexique – Nicaragua – Ouganda – Vietnam – Laos – Éthiopie – Tanzanie – Corée du Nord – Mozambique – Angola – Algérie).

Lire aussi :Maroc-Algérie : l’interminable querelle

Par ailleurs, de plus en plus de pays ouvrent des ambassades à Rabat et des consulats dans le sud du royaume (Dakhla et Laâyoune). Le dernier en date est la Sierra Leone. David J Francis, ministre des Affaires étrangères de la Sierra Leone, a annoncé en début de semaine l’ouverture d’un Consulat général de son pays à Dakhla. C’est la 25e représentation diplomatique d’un pays dans les provinces du Sud.

Plusieurs points qui démontrent donc que l’Algérie, vaincue et qui fait face à un Maroc fort, stable, structuré et développé, jette ses dernières armes dans cette “guerre” en poussant un cri, celui de l’impuissance.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Maroc-France : un pacte pour une coopération parlementaire renforcée

Politique - Rachid Talbi Alami, et Yaël Braun-Pivet, ont signé mercredi à Rabat un protocole de coopération parlementaire.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Casablanca au cœur des Assises de la régionalisation

Politique - Une rencontre de concertation régionale s’est tenue mercredi à Casablanca, en prévision des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée.

Ilyasse Rhamir - 11 décembre 2024

Abdellatif Ouahbi face au parlement

Politique - Abdellatif Ouahbi, s’est livré à l’exercice hebdomadaire des questions orales au niveau de la Chambre des conseillers. Il est revenu sur la nécessité pour le Maroc de voter le moratoire onusien qui annule la peine de mort.

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024

Le Maroc soutient les aspirations du peuple syrien à la stabilité et au développement

Politique - Nasser Bourita, a déclaré que le Maroc suit de près les évolutions importantes et rapides en Syrie et soutient les aspirations du peuple syrien.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Bourita et Raila Odinga : entretien sur l’avenir de l’Union africaine

Politique - Nasser Bourita a reçu l’ancien premier ministre du Kenya, Raila Amolo Odinga, également candidat à la présidence de la Commission de l’UA.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Le RNI revient sur la loi de finances 2025

Politique - Le RNI s’est réuni à Rabat, sous la présidence de Aziz Akhannouch, qui a présenté une allocution politique abordant plusieurs questions.

Rédaction LeBrief - 10 décembre 2024

Rachid Talbi Alami en Slovénie pour une visite de travail

Politique - Le président de la Chambre des représentants, Rachid Talbi Alami, est en Slovénie pour une visite de travail.

Mbaye Gueye - 9 décembre 2024

Akhannouch revient sur l’augmentation des salaires

Politique - Le gouvernement mise sur l’implication des administrateurs et cadres administratifs pour réussir la généralisation de la protection sociale, explique Akhannouch.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024
Voir plus

AMO : simplification en vue

Politique - Le Conseil de gouvernement marocain a adopté un nouveau projet de loi (n° 54.23) modifiant la loi n° 65.00 relative à l'AMO.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Sahara : Sainte Lucie, la Dominique et Grenade réaffirment leur soutien au Maroc

Politique - Sainte Lucie, la Dominique et Grenade ont réaffirmé leur soutien indéfectible à la souveraineté du Maroc sur le Sahara.

Rédaction LeBrief - 28 novembre 2024

Le roi Mohammed VI préside le Conseil des ministres

Politique - Le roi Mohammed VI a présidé un Conseil des ministres, ce mercredi 4 décembre 2024, au palais royal de Rabat.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Un Symposium international célèbre la justice transitionnelle à Rabat

Politique - Sous le patronage du roi Mohammed VI, un Symposium international sur la justice transitionnelle a débuté à Rabat.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire