Accueil / Politique

Élections professionnelles : la donne a changé

Temps de lecture

Avec plus de 600 sièges remportés, le Rassemblement national des indépendants (RNI) a largement dominé les élections des Chambres professionnelles, dont les résultats ont été dévoilés ce week-end par le ministre de l’Intérieur. Ce dernier a par ailleurs annoncé que le gouvernement a opté pour l’organisation des élections communales, régionales et législatives le 8 septembre, et ce, malgré la flambée des cas de Covid-19 au Maroc. Cette décision laisse la place à de nombreuses interrogations. À quoi va ressembler la campagne électorale ? Comment faire campagne sans meeting ni porte-à-porte ? Comment intéresser les électeurs quand le monde entier est frappé par la pandémie de la Covid-19 ?

Fin du suspense. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a dévoilé les résultats des élections des Chambres professionnelles, qui se sont déroulées vendredi sur l’ensemble du territoire national. Ces résultats, compilés par les bureaux de vote et les bureaux centraux, concernent les Chambres d’Agriculture, les Chambres de commerce, d’industrie et des services, ainsi que les Chambres d’artisanat et celles des pêches maritimes.

Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a remporté 638 sièges (28,61%), se plaçant ainsi en tête de ce scrutin. Le parti de la colombe est suivi par le Parti authenticité et modernité (PAM), qui est arrivé en deuxième position avec 363 sièges (16,28 %). Le Parti de l’Istiqlal (PI) se classe au troisième rang avec 360 sièges (16,14 %). Viennent ensuite le Mouvement populaire (MP) avec 160 sièges (7,17 %), l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avec 146 sièges (6,55 %), l’Union constitutionnelle avec 90 sièges (4,04 %), le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec 82 sièges (3,68 %). Le Parti de lajustice et du développement (PJD) a essuyé une cuisantedéfaite. Le parti de la lampe n’a décroché que 49 sièges (2,20 %). Les autres instances, 23 partis au total, ont obtenu, tous réunis, 71 sièges (3,18 %), alors que les candidats sans appartenance politique ont remporté 271 sièges (12,15 %).

Lire aussi :Le RNI domine largement les élections professionnelles

Laftit a ajouté que le nombre des candidats femmes, élues lors des élections des Chambres professionnelles a atteint 171 candidates, soit un taux de 7,67%. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs souligné que ce scrutin qui s’est déroulé conformément au calendrier fixé dans des conditions normales, et ce, en dépit des contraintes liées à la gestion des effets de la pandémie.

Quels enseignements tirer de ces résultats ?

Driss Aissaoui, analyste économique et politique, contacté par la rédaction de LeBrief a expliqué que ces résultats montrent que la donne a changé. «On a le RNI qui vient en tête avec un nombre important d’élus. Traditionnellement, c’étaitle PI qui occupait ces postes. Cette année, il arrive en troisième position. Ainsi, la forte mobilisation du Rassemblement national des indépendants a donné ces fruits. En dernière position, on a le PJD». Ceci reflète l’impact de l’activation des réformes. Certes, ces élections n’ont pas constitué un enjeu majeur pour ce parti, mais le PJD a eu du mal à convaincre les professionnels de soutenir ses candidats, comme c’était le cas lors des élections syndicales.

Lire aussi :Les résultats définitifs des élections professionnelles

De plus, ces résultats reflètent également l’évolution du citoyen marocain pendant ces dernières années. En effet, les électeurs sont de plus en plus dans une logique d’évaluation. D’autant plus que ces élections ont été marquées par la participation de 882.736 électeurs et électrices, soit 47,24% du corps électoral professionnel, contre 43% en 2015. Les élections des Chambres des pêches maritimes se sont distinguées au niveau du taux de participation avec 61,65%.

Le risque d’élections sans campagne

Les électeurs sont à moins d’un mois du rendez-vous des différents scrutins électoraux attendus. Suite à la résurgence de la Covid-19 sur le territoire marocain, l’hypothèse d’un report des élections communales, régionales et législatives, prévues en automne, prenait de l’ampleur. Toutefois, ce vendredi 6 août, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé que ces scrutins se tiendront à la date fixée, soit le 8 septembre.

Le Royaume fait face aujourd’hui à une flambée de contaminations et de décès sans précédent. Les nouveaux cas ont progressé de 133% entre le 20 juillet et le 2 août. D’ailleurs, d’après les prévisions, le pic ne serait atteint que dans les prochains jours. Ainsi, une batterie de décisions restrictives a été mise en place. Annoncées mardi, elles ont pour vocation de réduire les déplacements pour lutter contre la propagation de la Covid-19. Parmi les restrictions mises en place figure la limitation des rassemblements. Ainsi, la question de l’organisation d’une campagne à même de mobiliser les électeurs reste entière.

«Il est très clair qu’avec les restrictions, le 8 septembre est une date qui va être compliquée à maintenir», indique Aissaoui. Toutefois, ce dernier juge que cette échéance est nécessaire, vu l’approche de la rentrée parlementaire. De plus, le passage au distanciel sera difficile, au risque de sacrifierle taux de participation.

Alors que les élections doivent finalement avoir lieu dans moins d’un mois, la campagne s’annonce courte et atypique, pour cause de précautions sanitaires. En effet, en raison de la situation épidémique qui empêche depuis le 2 août toute réunion électorale, les candidats sont donc tenus d’innover, a fortiori les challengers, qui rêvent de faire chuter les sortants, mais manquent de notoriété.

Sans grands meetings, il ne reste en effet que des micro-réunions avec cinq ou six personnes, qu’il faut multiplier. Après obtention d’une autorisation spéciale, les candidats peuvent même tenir des rassemblements limités à 25 personnes. Et pas question de serrer des mains, un geste pourtant traditionnel de la politique.

Alors qu’une incertitude – une de plus – pèse sur les élections, les candidats misent sur les outils numériques et font montre d’inventivité pour se faire connaître. La question qui reste à poser est : est-ce que la population qui vote est présente sur le web, qui est plus prometteur que les médias traditionnels ? s’interroge l’expert. Si tous les électeurs ne passent pas leur vie sur les réseaux sociaux, internet devrait bel et bien jouer un rôle crucial dans cette campagne, qui s’annonce riche en évènements virtuels. Avec le web, la course aux idées originales est ouverte. Ainsi, les performances des partis politiques seront bien évidemment impactées par leur habilité à investir dans cet espace virtuel, prévoit le politologue.

Pour conclure, Aissaoui a souligné qu’à ce niveau-là, on ne peut pas soutenir que la logique changera pour ce scrutin, comme ça a été le cas pour les élections précédentes. Toutefois, il est plus que certain que les équilibres tels que nous les avons vécus durant les dernières échéances vont bouger. On aura quelques surprises en matière de positionnement de certains partis politiques le 8 septembre prochain, estime-t-il.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Maroc et l’AFD signent deux accords de 150 millions d’euros

Politique - Ce mercredi 27 novembre 2024, deux accords ont été signés entre le Royaume et l'Agence française de développement (AFD).

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Sahara : la Hongrie affirme son soutien au plan d’autonomie proposé par le Maroc

Politique - La Hongrie a affirmé son soutien aux efforts déployés par le Royaume pour la résolution de la question du Sahara.

Mbaye Gueye - 27 novembre 2024

10e Forum mondial de l’UNAOC : Nasser Bourita s’entretient avec ses homologues espagnol et portugais

Politique - Nasser Bourita a eu une série d’entretiens importants à Cascais dans le cadre du 10e Forum mondial de l'UNAOC.

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Maroc-Japon : renforcement de la coopération en matière d’investissement

Politique - Karim Zidane, a signé mercredi à Tokyo un Mémorandum de coopération avec le ministre japonais de l’Économie, du commerce et de l’industrie, Yoji Muto

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Omar Zniber préside un débat à Genève sur les entreprises et les droits de l’Homme

Politique - Le président du Conseil des droits de l’Homme, Omar Zniber, a présidé un débat consacré à l’entreprise et aux droits de l’Homme

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Réforme du CCM : la Chambre des conseillers approuve le projet

Politique - La Chambre des conseillers a approuvé le projet de loi relatif à l'industrie cinématographique et portant réorganisation du CCM

Farah Nadifi - 27 novembre 2024

Palestine : le Roi adresse un message au président du comité des Nations Unies

Politique - Le roi Mohammed VI a adressé un message au président pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024

Bourita représente le Maroc aux travaux du 10e forum de l’Alliance des civilisations

Politique - Lors de son discours, Bourita a souligné le rôle du Royaume dans le dialogue interculturel et interreligieux.

Rédaction LeBrief - 26 novembre 2024
Voir plus

L’Océan et Dar-Bouazza : les élections partielles qui feront date

Politique - Les élections partielles à Rabat et Dar-Bouazza sont un test impossible pour le PJD, le RNI et le PAM.

Chaima Aberni - 10 septembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le Maroc opte pour le visa électronique à partir du 10 juillet

Politique - Les visas électroniques vers le Maroc sont bientôt possibles, a annoncé jeudi le ministère du Tourisme, de l’Artisanat et de l’Économie sociale et solidaire

Hajar Toufik - 24 juin 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire