Fin du suspense. Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur, a dévoilé les résultats des élections des Chambres professionnelles, qui se sont déroulées vendredi sur l’ensemble du territoire national. Ces résultats, compilés par les bureaux de vote et les bureaux centraux, concernent les Chambres d’Agriculture, les Chambres de commerce, d’industrie et des services, ainsi que les Chambres d’artisanat et celles des pêches maritimes.
Le Rassemblement national des indépendants (RNI) a remporté 638 sièges (28,61%), se plaçant ainsi en tête de ce scrutin. Le parti de la colombe est suivi par le Parti authenticité et modernité (PAM), qui est arrivé en deuxième position avec 363 sièges (16,28 %). Le Parti de l’Istiqlal (PI) se classe au troisième rang avec 360 sièges (16,14 %). Viennent ensuite le Mouvement populaire (MP) avec 160 sièges (7,17 %), l’Union socialiste des forces populaires (USFP) avec 146 sièges (6,55 %), l’Union constitutionnelle avec 90 sièges (4,04 %), le Parti du progrès et du socialisme (PPS) avec 82 sièges (3,68 %). Le Parti de lajustice et du développement (PJD) a essuyé une cuisantedéfaite. Le parti de la lampe n’a décroché que 49 sièges (2,20 %). Les autres instances, 23 partis au total, ont obtenu, tous réunis, 71 sièges (3,18 %), alors que les candidats sans appartenance politique ont remporté 271 sièges (12,15 %).
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Laftit a ajouté que le nombre des candidats femmes, élues lors des élections des Chambres professionnelles a atteint 171 candidates, soit un taux de 7,67%. Le ministre de l’Intérieur a par ailleurs souligné que ce scrutin qui s’est déroulé conformément au calendrier fixé dans des conditions normales, et ce, en dépit des contraintes liées à la gestion des effets de la pandémie.
Quels enseignements tirer de ces résultats ?
Driss Aissaoui, analyste économique et politique, contacté par la rédaction de LeBrief a expliqué que ces résultats montrent que la donne a changé. «On a le RNI qui vient en tête avec un nombre important d’élus. Traditionnellement, c’étaitle PI qui occupait ces postes. Cette année, il arrive en troisième position. Ainsi, la forte mobilisation du Rassemblement national des indépendants a donné ces fruits. En dernière position, on a le PJD». Ceci reflète l’impact de l’activation des réformes. Certes, ces élections n’ont pas constitué un enjeu majeur pour ce parti, mais le PJD a eu du mal à convaincre les professionnels de soutenir ses candidats, comme c’était le cas lors des élections syndicales.
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De plus, ces résultats reflètent également l’évolution du citoyen marocain pendant ces dernières années. En effet, les électeurs sont de plus en plus dans une logique d’évaluation. D’autant plus que ces élections ont été marquées par la participation de 882.736 électeurs et électrices, soit 47,24% du corps électoral professionnel, contre 43% en 2015. Les élections des Chambres des pêches maritimes se sont distinguées au niveau du taux de participation avec 61,65%.
Le risque d’élections sans campagne
Les électeurs sont à moins d’un mois du rendez-vous des différents scrutins électoraux attendus. Suite à la résurgence de la Covid-19 sur le territoire marocain, l’hypothèse d’un report des élections communales, régionales et législatives, prévues en automne, prenait de l’ampleur. Toutefois, ce vendredi 6 août, le ministre de l’Intérieur a réaffirmé que ces scrutins se tiendront à la date fixée, soit le 8 septembre.
Le Royaume fait face aujourd’hui à une flambée de contaminations et de décès sans précédent. Les nouveaux cas ont progressé de 133% entre le 20 juillet et le 2 août. D’ailleurs, d’après les prévisions, le pic ne serait atteint que dans les prochains jours. Ainsi, une batterie de décisions restrictives a été mise en place. Annoncées mardi, elles ont pour vocation de réduire les déplacements pour lutter contre la propagation de la Covid-19. Parmi les restrictions mises en place figure la limitation des rassemblements. Ainsi, la question de l’organisation d’une campagne à même de mobiliser les électeurs reste entière.
«Il est très clair qu’avec les restrictions, le 8 septembre est une date qui va être compliquée à maintenir», indique Aissaoui. Toutefois, ce dernier juge que cette échéance est nécessaire, vu l’approche de la rentrée parlementaire. De plus, le passage au distanciel sera difficile, au risque de sacrifierle taux de participation.
Alors que les élections doivent finalement avoir lieu dans moins d’un mois, la campagne s’annonce courte et atypique, pour cause de précautions sanitaires. En effet, en raison de la situation épidémique qui empêche depuis le 2 août toute réunion électorale, les candidats sont donc tenus d’innover, a fortiori les challengers, qui rêvent de faire chuter les sortants, mais manquent de notoriété.
Sans grands meetings, il ne reste en effet que des micro-réunions avec cinq ou six personnes, qu’il faut multiplier. Après obtention d’une autorisation spéciale, les candidats peuvent même tenir des rassemblements limités à 25 personnes. Et pas question de serrer des mains, un geste pourtant traditionnel de la politique.
Alors qu’une incertitude – une de plus – pèse sur les élections, les candidats misent sur les outils numériques et font montre d’inventivité pour se faire connaître. La question qui reste à poser est : est-ce que la population qui vote est présente sur le web, qui est plus prometteur que les médias traditionnels ? s’interroge l’expert. Si tous les électeurs ne passent pas leur vie sur les réseaux sociaux, internet devrait bel et bien jouer un rôle crucial dans cette campagne, qui s’annonce riche en évènements virtuels. Avec le web, la course aux idées originales est ouverte. Ainsi, les performances des partis politiques seront bien évidemment impactées par leur habilité à investir dans cet espace virtuel, prévoit le politologue.
Pour conclure, Aissaoui a souligné qu’à ce niveau-là, on ne peut pas soutenir que la logique changera pour ce scrutin, comme ça a été le cas pour les élections précédentes. Toutefois, il est plus que certain que les équilibres tels que nous les avons vécus durant les dernières échéances vont bouger. On aura quelques surprises en matière de positionnement de certains partis politiques le 8 septembre prochain, estime-t-il.
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