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Tayeb Hamdi : «une troisième dose est souhaitable pour les personnes qui souffrent de maladies chroniques»

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La Covid-19 se propage de plus en plus vite au Maroc. Le taux d’occupation des lits de réanimation est passé à 38% ce mardi 3 août. Avec Tayeb Hamdi, chercheur en politiques et système de santé, nous avons abordé plusieurs points importants, dont ceux de l’obligation vaccinale, de la vaccination des enfants et adolescents, des femmes enceintes, des troisièmes doses et des vaccins Pfizer et Johnson & Johnson. Interview.

Le Maroc connaît une vague de contaminations ces dernières semaines et quand on voit les chiffres de la vaccination, on est à près de 10,5 millions de personnes totalement vaccinées alors que l’on s’apprête à entamer la vaccination de la dernière tranche des 18-24 ans. L’immunité collective est encore bien loin. Y a-t-il une réticence de la part des jeunes par rapport à la vaccination ?

Ce n’est pas le même rythme, c’est normal. On vient d’ouvrir l’accès à la vaccination pour les tranches d’âge de moins de 40 ans il y a quelques semaines alors que la vaccination pour les plus de 40 ans a démarré en janvier dernier. Et puis, la vitesse de vaccination est aujourd’hui plus rapide, le taux de vaccination des jeunes peut donc rapidement évoluer.

Beaucoup de pays ont décidé de rendre le vaccin obligatoire pour rendre la circulation du virus moins dangereuse. C’est aussi l’une des recommandations du Comité scientifique et technique. Qu’en pensez-vous ?

On ne peut pas faire payer à tout un pays les manquements des uns ou des autres. Le principe du pollueur-payeur doit être adopté. Si un restaurant ou n’importe quel commerce ne respecte pas les mesures barrières et participe à la diffusion du virus, c’est à lui de payer les pots cassés. C’est valable également pour les citoyens. Les gens qui se font vacciner aident l’État à stopper la transmission du virus et atteindre l’immunité collective. Par conséquent, la vaccination protège la vie sociale de tout un pays.

On en déduit que vous êtes d’accord pour imposer le vaccin aux citoyens ?

Oui, on doit passer à l’obligation vaccinale. Je vous donne un exemple. L’État t’oblige à mettre la ceinture de sécurité de ta voiture pour te protéger et pour en même temps éviter toutes les formes graves des accidents de la route. C’est la même chose pour la Covid-19. Quand tu n’es pas vacciné, tu es un risque pour la société et tu contribues à la saturation des lits de réanimation. Quand tu refuses de te faire vacciner, tu m’obliges, moi État, à imposer des mesures restrictives. Or, je ne suis pas prêt à le faire. Il faut savoir qu’un non-vacciné risque de transmettre le virus 12 fois plus qu’un vacciné. Avec une partie de la population qui n’est pas vaccinée, nous aurons toujours le risque de l’effondrement de notre système de santé. Dans ces conditions, le pass vaccinal doit s’étendre dans le plus d’endroits possible.

Une troisième dose est-elle envisageable??

Pour les personnes qui souffrent de maladies chroniques, qui font des dialyses, qui ont un cancer ou qui ont besoin d’une transplantation d’organes, oui, une troisième dose de rappel est souhaitable. Maintenant est ce qu’il faut faire l’injecter à toutes les personnes de plus de 60 ans ? C’est à discuter.

Lire aussi :Covid-19 : vacciner massivement pour éviter les restrictions

Le Maroc recevra durant ce mois d’août et pour la première fois un lot de 1,8 million de doses du vaccin Pfizer-BioNtech. Quelle serait l’organisation idéale pour cette cargaison ?

Le vaccin Pfizer a la capacité d’être gardé un mois dans une température entre 2° et 8°C. L’idéal serait de consommer les premières doses dans les vaccinodromes à forte affluence et garder les secondes pour une autre utilisation trois semaines plus tard. Cela devrait être rapide puisqu’on vaccine aujourd’hui entre 400.000 et 500.000 personnes par jour et que l’on a atteint les tranches d’âge les plus denses en termes de population.

Ce lundi, les Émirats arabes unis ont décidé de vacciner les enfants à partir de l’âge de 3 ans. C’est le deuxième pays à passer ce cap dans le monde après la Chine. C’est plutôt nouveau comme processus vaccinal, non ?

Sur le plan technique, ça ne pose aucun problème. Les responsables chinois ont fait des essais cliniques qui se sont avérés concluants, mais pour le moment, ça n’a pas encore publié sur aucune revue scientifique. La Chine et les Émirats ont décidé de vacciner les enfants afin de barrer la route définitivement au virus. Au Maroc, on ne peut pas avoir l’immunité collective sans les moins de 17 ans. Notre pays compte une population de 36 millions de personnes. Pour avoir une immunité collective, il faut vacciner entre 80 et 85% de la population. Donc, même si on vaccine la totalité des + de 18 ans, on n’aura pas atteint l’immunité collective. Le variant Delta a un taux de propagation très rapide contrairement au virus normal. Le taux de reproduction du variant Delta est estimé à 8 contre 3 pour le coronavirus. C’est pour ça que j’estime qu’il faut y aller et vacciner les plus jeunes.

Lire aussi :Covid-19 : le gouvernement impose de nouvelles restrictions

Et les femmes enceintes ?

Non, pour les femmes enceintes, il était prévu dès le départ qu’elles soient vaccinées. C’était seulement une question de procédés et de confirmation d’études cliniques. Les récentes études ont montré que la grossesse est un facteur important de risques de contamination. C’est pour ça qu’il vaut mieux qu’une femme enceinte soit protégée.

Une polémique a éclaté après le décès d’une jeune femme à Marrakech après avoir reçu une dose du vaccin Johnson & Johnson. Ce vaccin unidose aurait-il des effets secondaires dangereux ?

Pas à ma connaissance. Des millions de personnes à travers ont reçu ce vaccin sans aucun problème. Il y a eu des effets indésirables rares qui se sont manifestés après l’injection, mais jamais un décès n’est survenu sur place. Il faut attendre le résultat de l’enquête ouverte à ce sujet.

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