Accueil / Politique

Santé : des marchés publics de 220 MDH ont été attribués à 45 sociétés non qualifiées

Temps de lecture

Chargée d’examiner les marchés conclus par le ministère de la Santé, une mission parlementaire d’information a révélé ce jeudi 15 juillet que la tutelle a accordé à 45 sociétés non immatriculées des marchés publics liés à la Covid-19. Dans un rapport bien détaillé, ladite mission souligne qu’un montant global de 220 millions de DH a été mobilisé dans ce sens. Selon Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, en raison de l’absence du ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb, lors de la présentation et des travaux de ce rapport au Parlement, le texte ne sera pas adopté.

Nouveau rapport scandaleux sur la gestion du ministère de la Santé de l’octroi des marchés publics. Une mission parlementaire d’information s’est penchée sur la question et a livré le jeudi 15 juillet ces premières conclusions devant le Parlement. Cette dernière,présidée par Rachid El Abdi, chef du groupe parlementaire du Parti authenticité et modernité (PAM), et composée de représentants de plusieurs autres groupes parlementaires, a entamé son enquête sur les dysfonctionnements de ces marchés en 2020. L’ouverture de cette investigation avait fait suite à de nombreuses rumeurs sur la légalité de l’attribution de ces marchés publics.

Ainsi, il ressort de ce rapport que la tutelle a alloué d’importantes sommes d’argent consacrées à la lutte contre la Covid-19 à des entreprises «non qualifiées».Des accords dans ce sens ont éténégociés avec «45 sociétés qui ne disposent pas de preuve de leur enregistrement» en tant qu’entités légitimes approuvées par le gouvernement. Ces contrats portaient sur un financement assez conséquent, dont lemontant global est estimé à près de 220 millions de DH (MDH).

Une grave violation de la loi

Bien que la motivation derrière la conclusion de ces contrats n’ait pas été expliquée, le rapport souligne qu’il s’agit «de contrats illégaux et qu’ils présentent un “risque élevé” pour la sécurité sanitaire des Marocains». Le fait que les sociétés concernées ne disposent pas de licence constitue une violation de l’article 7 de la loi régissant les fournitures médicales. De plus, les auteurs du rapport déplorent que ces 45 entités aient reçu des financements pendant la pandémie, alors que des dizaines de sociétés légalement enregistrées auprès du ministère de la Santé se sont vu refuser l’accès aux marchés publics, la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) ayant gelé leurs dossiers.

Certains députés ont précisé à Le360, que les conclusions de cette enquête ont provoqué une onde de choc parmi les membres de la commission des secteurs productifs. «Nous avons constaté que sur ces 45 sociétés, figure notamment une entité qui a obtenu un marché concernant la fabrication des masques anti-Covid-19 alors qu’elle ne répondait pas à une sérieuse qualification pour remporter ce contrat», a même martelé un parlementaire de la majorité, sous le couvert de l’anonymat.

De plus, le rapport dénonce le favoritisme dont bénéficie certaines entreprises au détriment d’autres au niveau des commandes publiques. Il avance que le département de Santé a simplifié et accéléré les procédures d’autorisations exceptionnelles lors de la contractualisation avec certains fournisseurs. Il a aussi permis l’octroi d’autorisations urgentes et la délivrance d’autorisations postérieures à la conclusion des contrats avec certaines sociétés.

Ce n’est pas tout ! La mission parlementaire a également accusé le ministère de la Santé d’avoir signé des contrats avec certains fournisseurs sans même prendre la peine de s’assurer de l’efficacité de leurs produits, notamment des caméras thermiques et des uniformes médicaux, qui ne répondent probablement pas aux normes nationales.

Khalid Aït Taleb, absentlors de laprésentation de ce rapport

Le ministre de la Santé, Khalid Aït Taleb,n’était pas présentau Parlement lors de la présentation dudit rapport. Les rédacteurs de ce dernier allèguent que des responsables du département de la Santé ont précédemment «admis» le recours à ces sociétés non autorisées lors d’une réunion tenue le 7 juin dernier. Cette révélation choquante continue de susciter l’inquiétude des Marocains quant à la gestion des fonds publics au milieu d’une pandémie mondiale. Nombreux sont ceux qui ont également critiqué l’incapacité du ministère à s’attaquer à ce problème, qui pourrait exposer les travailleurs de la santé et les patients au risque d’utiliser des équipements et des médicaments qui ne sont pas conformes aux standards nationaux.

Par ailleurs, l’absence de Khalid Aït Taleb lors des travaux liés à ce rapport a empêché l’adoption de ce texte en séance plénière, avant la clôture du Parlement, a regretté Habib El Malki, président de la Chambre des représentants. «Nous aurions aimé que ce rapport soit validé en plénière et mis à la disposition du public, mais, malheureusement, cela n’a pas été possible, car le ministre (Khalid Aït Taleb, Ndlr) n’a pas été en mesure d’assister aux travaux de la mission d’information», a précisé El Malki.

Reste désormais à espérer que ce rapport ne soit pas enterré dans les tiroirs du Parlement, et que la nouvelle assemblée parlementaire, qui sera élueen septembre prochain, prendra ses conclusions plus au sérieux et fera le nécessaire pour assurer une meilleure gestion des marchés et commandes publiques.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Le Maroc : pilier stratégique de la coopération sécuritaire et du renseignement dans un contexte géopolitique évolutif

Tribune - Par une approche intégrée combinant soutien au renforcement des capacités sécuritaires, le Royaume se positionne comme un acteur central.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Maroc-Mauritanie : quelles conclusions tirer de la visite du président ?

Afrique, Diplomatie, Politique - Relations, gazoduc… Quelles cartes se jouent derrière cette rencontre Maroc-Mauritanie ? Analyse.

Sabrina El Faiz - 23 décembre 2024

Sanchez à Rabat : « Les principes de la souveraineté sont menacés »

Politique - A Rabat, l'IS s’est rassemblée avec des personnalités socialistes, telles que Driss Lachgar, Pedro Sanchez, ou encore Anne Hidalgo.

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024

Assises de la régionalisation avancée : le roi Mohammed VI accorde une attention particulière à la réussite du développement régional

Politique - Le message du Roi adressé aux participants de la deuxième édition des Assises nationales de la régionalisation avancée met en lumière l'importance que le roi Mohammed VI accorde à la réussite du développement régional.

Farah Nadifi - 21 décembre 2024

Transformation digitale au Maroc : défis et perspectives pour les régions

Politique - La transformation digitale s'impose comme une priorité stratégique pour le développement des régions marocaines, un enjeu mis en lumière lors des Assises de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 21 décembre 2024

Le roi Mohammed VI reçoit le président de la République Islamique de Mauritanie

Politique - Le roi Mohammed VI a reçu ce jeudi au Palais Royal de Casablanca, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, président de la République Islamique de Mauritanie, selon un communiqué du Cabinet Royal.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024

A Tanger, la régionalisation avancée en quête d’un nouveau souffle

Politique - À Tanger, les débats battent leur plein lors des Assises nationales de la régionalisation avancée.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Parc automobile : la Cour des comptes alerte sur une gestion inefficace et coûteuse

Politique - Dans son rapport annuel 2023-2024, la Cour des comptes pointe des dysfonctionnements majeurs dans la gestion du parc automobile marocain. Coûts élevés, mauvaise organisation et impact environnemental préoccupant nécessitent des réformes urgentes pour optimiser ce secteur vital.

Farah Nadifi - 20 décembre 2024
Voir plus

Réforme du Code de la famille : ce qu’en pensent les camarades

Politique - Le PPS met en garde contre toute exception qui pourrait compromettre l’élan de modernisation du Code de la famille.

Sabrina El Faiz - 26 décembre 2024

Le prince Moulay Rachid a représenté le Roi à la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris

Politique - Le prince Moulay Rachid a pris part à la cérémonie de réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris .

Mbaye Gueye - 8 décembre 2024

Provinces du sud : visite historique de l’ambassadeur de France au Maroc

Politique - L’ambassadeur de France au Maroc, Christophe Lecourtier, a entamé une visite officielle dans les provinces du Sud du Royaume.

Farah Nadifi - 12 novembre 2024

Maroc-Chili : un partenariat renforcé pour un avenir commun

Politique - Le Maroc et le Chili ont affirmé leur volonté commune de renforcer leurs relations bilatérales et de consolider leur coopération dans tous les secteurs clés.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Rabat : réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe

Politique - Sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d'État chargée de la Pêche maritime auprès du ministre de l'Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, une réunion du Comité de suivi de la pêcherie de poulpe s'est tenue mardi à Rabat.

Farah Nadifi - 17 décembre 2024

Le Maroc milite pour un financement urbain agile

Politique - Lors de la deuxième session de 2024 du Conseil exécutif d’ONU-Habitat, le Maroc a appelé à une amélioration significative du financement de base de l’organisation.

Ilyasse Rhamir - 6 décembre 2024

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Éducation : un budget record, des résultats en berne

Politique - Malgré des budgets records atteignant 73,91 milliards de dirhams, le système éducatif marocain reste embourbé dans des problématiques structurelles.

Ilyasse Rhamir - 2 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire