Covid-19 : la Tunisie affiche le taux de décès le plus élevé du monde arabe
Le représentant de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Yves Soteran, a annoncé ce lundi que la Tunisie a enregistré le taux de mortalité «le plus élevé» du monde arabe. Il a indiqué que ce pays d’environ 12 millions d’habitants recense plus de 100 morts par jour depuis plusieurs semaines. Ces trois derniers jours, le bilan des décès a respectivement grimpé à 194 (samedi 10 juillet), 189 (dimanche 11 juillet) et 134 décès (lundi 12 juillet).
Selon Soteran, «la situation sanitaire en Tunisie est grave, et tous les indicateurs sont au rouge». Il a attribué cette recrudescence «extrêmement préoccupante» à la propagation du virus ainsi que son variant Delta dans tout le pays. Certaines provinces tunisiennes «connaissent aujourd’hui une situation épidémiologique très préoccupante, notamment à Kairouan (centre), Siliana (centre) et Béja (nord-ouest), en plus de Tataouine (sud) et Kasserine (centre)», déplore le responsable.
De plus, le secteur de la santé publique souffre aujourd’hui d’une mauvaise gestion et d’un manque d’équipements et de matériel.
Le responsable de l’OMS estime aussi que «la population ne prend pas suffisamment conscience de la gravité de l’épidémie». La souche Delta se propage rapidement aujourd’hui dans le pays, qui n’a toujours pas «atteint son pic épidémiologique, ni en termes de nombre de cas ni en termes de nombre de décès». La Tunisie est confrontée à la possibilité de traverser des jours difficiles, durant lesquels «le système de santé sera très sollicité», précise Soteran. Et d’ajouter que les ressources humaines travaillant dans les départements dédiés à la lutte contre la Covid-19 sont épuisées et leur nombre est insuffisant. «Il y a peu de spécialisations dans les hôpitaux publics, notamment en réanimation et en anesthésie. Le système de santé n’est pas en mesure de répondre aux importantes demandes de traitement», a-t-il souligné.
Pour le représentant onusien, la Tunisie a besoin d’une aide internationale urgente en termes de doses vaccinales. Le pays a du mal à acquérir les vaccins «en raison du problème de leur disponibilité». Les pays développés se sont dotés d’importants stocks de vaccins, et les promesses de dons qu’ils avaient annoncées n’ont pas été tenues. À ce jour, 11% de la population tunisienne a reçu sa première dose et seul 5% a été complètement vaccinés. Ces taux sont loin du nombre de vaccinations «nécessaire pour atteindre l’immunité collective». Désormais, l’objectif, selon Soteran, est «de faire en sorte qu’au moins 20% de la population ait accès aux vaccins» pour pouvoir contrer les effets du virus.