Accueil / Société

Traduction des documents judiciaires : les avocats réagissent

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

La Commission de la justice de la Chambre des représentants se penche ce mercredi sur l’examen du projet de loi numéro 38.15 sur l’organisation judiciaire. L’article 14 de ce projet de loi impose la traduction en arabe par un traducteur assermenté de toutes les pièces produites dans le cadre d’une procédure judiciaire. Cet article ne fait pas l’unanimité notamment au sein du collectif des avocats marocains. Détails.

Le projet de loi relatif à l’organisation judiciaire est actuellement sous les feux des projecteurs de la Commission de justice à la Chambre des représentants. La Commission examine ce mercredi le texte dans son intégralité et pas seulement l’article 14 qui continue de susciter une polémique au sein du collectif des avocats du Royaume.

L’article en question prévoit «d’imposer la traduction en arabe, par un traducteur assermenté, de toutes les pièces produites dans le cadre d’une procédure, sauf décision express de la juridiction compétente».

Dans un communiqué rendu public cette semaine, le collectif d’avocats marocains affirme que s’il est maintenu en l’état l’article 14 du projet de loi relatif à l’organisation judiciaire causera plusieurs problèmes dans le circuit des procès judiciaires. Selon ces derniers, l’article 14 «alourdira les délais et processus judiciaires, constituera un surcoût considérable pour les citoyens dans les procédures judiciaires et entravera leur accès à la justice de leur pays».

Lire aussi :La justice explique les raisons derrière le retard du procès de Raissouni

Le collectif d’avocats souligne également que le nombre d’affaires est beaucoup plus important en comparaison avec le nombre de traducteurs assermentés au pays. Ces derniers risqueraient de se voir dépassés par la situation. Le collectif soutient que sur la base des chiffres de l’année 2020, chaque traducteur devrait produire en temps et en heure l’ensemble des traductions des documents requis pour 6.852 procès par an. Cela produiraun goulot d’étranglement, souligne le collectif d’avocats.

Contacté par LeBrief, Omar Ouidra, membre du collectif d’avocats, déclare que le collectif maintient la pression pour bloquer le passage de cet article. «Nous avons contacté des parlementaires et on a fait ce que l’on a pu pour les sensibiliser contre les dangers de cet article», souligne-t-il.Et d’ajouter : «Au vu de la politique générale que mène le pays, je ne vois pas l’utilité en 2021 de compliquer les procédures judiciaires. J’estime que les choses sont déjà assez compliquées comme cela, il ne faut pas qu’on les complique davantage».

Lire aussi :Justice : une lourde sentence contre la Samir

Le collectif d’avocats marocains peut compter sur l’appui de Abdelouahed El Ansari, président de l’association des barreaux du Maroc (ABAM) et membre de la Commission de justice à la Chambre des représentants, pour tenter de sensibiliser les autres membres de la Commission autour de cette question. «On trouve des difficultés pour la traduction de deux ou trois pages, qu’en sera-t-il plus tard quand il faudra traduire des milliers de pages ? Sachant que plusieurs institutions mondiales reprochent déjà au Maroc la lenteur des procédures judiciaires», s’interroge Omar Ouidra.

Rappelons que la loi sur l’organisation judiciaire avait été adoptée en 2019 par les deux Chambres avant d’être rejetée par la Cour constitutionnelle. Cette dernière a été déclarée non conforme à la Constitution. Au total, 8 articles avaientété épinglés pour «non-respect des règles de délibérés entre les deux Chambres du Parlement». Il s’agit des articles 7, 23, 48, 52, 71, 96, 103 et 107. 14 autres articles avaientété partiellement ou intégralement déclarés inconstitutionnels pourles motifs ayant trait au fond, notamment sur les prérogatives du pouvoir judiciaire ou encore surl’indépendance de la justice. Qu’en sera-t-il cette fois ? Le projet de loi va-t-il passer par les différentes étapes parlementaires et par la case de la Cour constitutionnelle sans problèmes ? Si oui, l’article 14 sera-t-il gardé en l’état avec l’ensemble des articles de ce texte ? Affaire à suivre.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Bistouri : du glamour à la dérive

Dossier - Bienvenue dans un Maroc où le bistouri et les seringues sont devenus aussi communs que le brushing.

Sabrina El Faiz - 23 novembre 2024

Alerte météo : chaleur intense et fortes rafales prévues ce week-end

Société - La Direction générale de la météorologie (DGM) a émis un bulletin d'alerte de niveau orange, prévoyant des températures élevées et des rafales de vent violentes

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

Enfants et numérique : entre rêves et dangers

Société - Le numérique, omniprésent dans nos vies, représente à la fois une promesse et une menace pour les enfants.

Ilyasse Rhamir - 22 novembre 2024

Al Barid Bank et Guichet.com : une alliance au service des jeunes

Société - Al Barid Bank et Guichet.com ont conclu un partenariat stratégique pour proposer des avantages exclusifs aux jeunes Marocains.

Rédaction LeBrief - 22 novembre 2024

Nouvelles nominations à la tête des services de sécurité nationale

Société - La DGSN a annoncé un ensemble de nouvelles nominations à des postes de responsabilité dans plusieurs villes du Maroc.

Ilyasse Rhamir - 22 novembre 2024

Fès : le 9e Congrès international de toxicologie explore la simulation

Société - Le 9ème Congrès international de toxicologie a débuté ce jeudi à Fès

Farah Nadifi - 22 novembre 2024

Cellule terroriste démantelée entre le Maroc et l’Espagne

Société - Une opération de sécurité conjointe entre les services marocains et espagnols a permis de démanteler une cellule terroriste.

Ilyasse Rhamir - 22 novembre 2024

Le Conseil supérieur des Oulémas tient sa 34e session à Rabat

Société - Le Conseil supérieur des Oulémas tiendra sa 34ème session ordinaire les 29 et 30 novembre à Rabat.

Ilyasse Rhamir - 21 novembre 2024
Voir plus

Covid-19 : une nouvelle vague s’installe au Maroc

Société - Avec cette nouvelle recrudescence des cas Covid-19, le Maroc est entré dans une nouvelle vague de propagation de la pandémie. Le point avec Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé.

Manal Ben El Hantati - 23 juin 2022

Qui était Abdelhak Khiame ?

Société - Première figure du "FBI marocain" et ex-patron de la BNPJ qu'il dirigea peu après les attentats du 16 mai 2003, Abdelhak Khiam est décédé mardi 23 août à l'âge de 64 ans.

Atika Ratim - 29 août 2022

Affaire Lakhsem : du ring au tribunal

Société - Mustafa Lakhsem fait parler de lui depuis quelques semaines. L’ancien champion du kick-boxing est poursuivi pour diffamation.

Hajar Toufik - 11 avril 2023

Réseaux sociaux : quels sont les vrais usages des Marocains ?

Société - Le Groupe Sunergia a publié une étude sur la manière dont les Marocains interagissent avec les réseaux sociaux.

Hajar Toufik - 21 septembre 2023

Décès de Larbi Bentarka, figure emblématique des médias marocains

Société - Larbi Bentarka, l’une des figures les plus marquantes du paysage médiatique et culturel marocain, s’est éteint ce vendredi.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Le Maroc participe à la 14e conférence des ministres arabes de l’Education

Société - La 14e Conférence des ministres arabes de l'Éducation, initiée par l'Organisation arabe pour l'éducation, la culture et les sciences (ALECSO), a débuté à Doha avec la participation de plusieurs pays, dont le Maroc.

Mbaye Gueye - 5 janvier 2025

Pourquoi transpire-t-on ?

Société - Nous éliminons un litre de sueur par jour sans vraiment nous en apercevoir. Et l'été, en cas de fortes chaleurs ou lors de gros efforts, nous pouvons suer jusqu'à quatre litres d'eau.

Atika Ratim - 8 août 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire