Accueil / Économie

Relance du marché de l’emploi : les recommandations des grandes institutions internationales

Temps de lecture

Deux institutions économiques internationales, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation internationale du Travail (OIT) ont dressé le bilan de l’impact de la crise de la Covid-19 sur l’emploi au Maroc. La Banque mondiale (BM) a fait de même dans un récent rapport, tout en présentant les perspectives et les recommandations pour une bonne relance.

On le sait, la crise de la Covid-19 a eu des répercussions dévastatrices sur le marché de l’emploi au Maroc. 432.000 emplois ont été perdus en 2020, rapporte le Haut Commissariat au Plan (HCP). Ce lundi, la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont livré dans une note d’information un bilan tout aussi décevant. Près de 80% des très petites et moyennes entreprises (TPME) ont accusé une baisse de plus de 15% de leur chiffre d’affaires en 2020, 77% d’entre elles ont même révélé avoir besoin d’un accompagnement technique.

Lire aussi :ONDH : 28,5% des jeunes sont sans emploi ni formation

La note d’information souligne tout de même que le soutien public apporté par le Royaume a grandement contribué à amortir le choc. «Les mesures d’indemnisation des travailleurs prises par le gouvernement et les facilités accordées aux TPME ont contribué à préserver 71% des emplois menacés à la suite du premier confinement. Ces efforts ont aussi permis d’éviter une décélération plus importante de la croissance du PIB, avec une baisse supplémentaire d’environ six points de pourcentage», soulignent les experts.

De l’informel et des difficultés d’accès au financement

La note d’information souligne que les TPME se confrontent à une grande difficulté d’accès au financement. Ces derniers ne reçoivent que 15,6% du total des crédits bancaires. Dans le cadre du programme «Intelaka», la note préconise le renforcement, à court terme, des dispositifs d’accompagnement des entrepreneurs. Afin de soutenir la reprise économique, les institutions proposent d’inclure dans chaque plan sectoriel de relance des projets et programmes à fort potentiel d’impact sur la création d’emplois.

Parmi les autres recommandations, l’activation d’un comité de veille du marché du travail au niveau national et la création de comités de veille du marché du travail aux niveaux régional et provincial. Les responsables recommandent également d’identifier avec les Centres régionaux d’investissements (CRI), l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), les départements sectoriels et les collectivités territoriales quelles sont les niches porteuses pour la création d’emplois et d’entreprises par secteur.

La Banque mondiale relève quatre priorités

Dans un nouveau rapport intitulé «Morocco’s Job Landscape», la Banque mondiale (BM) a précisé les raisons qui font que le Maroc n’arrive pas à créer autant d’emplois qu’il souhaite. Parmi les freins identifiés par le rapport : le décalage entre l’essor démographique et la création d’emploi, la pénurie d’emplois de qualité dans les industries à forte productivité et les nombreusesexclusions des femmes et des jeunesdu marché du travail.

La BM relève quatre priorités pour accroître la création d’emplois. La première consiste à améliorer l’insertion des jeunes dans le marché du travail. Près de 30% des 15-24 ans ne sont ni en train de travailler ni d’investir dans leur avenir en suivant des formations. Ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation constituent une source d’inquiétude pour la société civile.

La seconde priorité identifiée par la Banque consiste à élargir le champ de participation des femmes. Moins de 30% des femmes seulement font partie de la population active. De plus, une grande partie des Marocaines actives travaillent dans l’informel. Un point qu’il faudra sérieusement étudier, selon le rapport.

Lire aussi :Marché du travail : «sans contrat», la forme d’emploi majoritaire !

Troisième recommandation de la BM, créer plus d’emplois de qualité. Les experts soulignent que le Maroc a progressé dans la formalisation du marché du travail avec 600.000 salariés de plus en 2019 par rapport à 2010. Cependant, cela reste faible, souligne la BM qui recommande de suivre la voie empruntée par les pays d’Amérique latine. Ces derniers, malgré la souffrance de ses travailleurs et familles, ont été soutenus par les autorités en élargissant l’accès au régime de sécurité sociale (le Maroc est en train de faire de même avec la généralisation de la protection sociale sur l’ensemble des citoyens).

Le quatrième et dernier point évoqué par les experts de la BM est celui d’essayer d’aligner hausse de la productivité et création d’emplois de qualité. La productivité doit se faire parallèlement avec la création d’emplois et non au détriment du capital humain. Pour la Banque mondiale, il est important de miser sur les deux et d’équilibrer entre productivité et ressources humaines.

La BM a rappelé que les réussites économiques réalisées durant ces deux dernières décennies par le Royaume (revenu par habitant multiplié par deux entre 2000 et 2018) et le taux de pauvreté divisé par trois sur cette même période n’ont malheureusement pas été suivis par des créations d’emplois conséquentes. Il faudra maintenant y remédier.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Jouahri : les régulateurs financiers marocains face aux défis du risque climatique

Économie - Les régulateurs financiers marocains sont particulièrement sensibles aux risques climatiques, a affirmé Abdellatif Jouahri

Farah Nadifi - 26 novembre 2024

Soutien public à la presse : les modalités fixées

Économie - Le gouvernement a publié une décision conjointe qui fixe les plafonds d’aide à la gestion pour les secteurs de la presse.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Tourisme : envol des arrivées et des recettes

Économie - Le secteur du tourisme au Maroc continue de montrer une vitalité remarquable, avec une hausse de 10% des nuitées dans les EHTC.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

BOA : le PNB consolidé en amélioration de 12%

Économie - Le produit net bancaire (PNB) consolidé de Bank of Africa (BOA) a enregistré une progression de 12%.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Finances publiques 2024 : ce que les chiffres nous révèlent

Économie - La note de conjoncture révèle que le déficit budgétaire a atteint 47,3 milliards de dirhams à fin octobre.

Mbaye Gueye - 26 novembre 2024

LGV Kénitra-Marrakech : Gezhouba décroche le contrat clé

Économie - L’ONCF a sélectionné le groupe chinois Gezhouba pour l’exécution du neuvième lot des travaux de génie civil de la LGV.

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Stellantis délocalise la production de la prochaine C4 de Madrid à Kénitra

Économie - Stellantis a décidé de transférer la fabrication de la future ë-C4 de son usine de Madrid vers celle de Kénitra, dès 2028

Farah Nadifi - 25 novembre 2024
Voir plus

L’inflation attendue à 0,8% au T4-2024 (BAM)

Économie - BAM a indiqué l’inflation au Maroc devrait revenir à 0,8% au quatrième trimestre (T4) 2024, après 1,3% le trimestre précédent.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Le commerce extérieur au vert, malgré un déficit croissant

Économie - Bank Al-Maghrib (BAM), a révélé que les exportations de biens marocaines ont connu une hausse de 6,2% à fin octobre 2024 par rapport à la même période de l’année précédente.

Mbaye Gueye - 19 décembre 2024

Riz : suspension des taxes pour 55.000 tonnes en 2025

Économie - Le ministère de l’Industrie et du Commerce a récemment annoncé une initiative visant à stabiliser les prix et à assurer l'approvisionnement en riz sur le marché national.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Cannabis licite : bilan 2024 et ambitions pour 2025

Économie - L’année 2024 a été marquée par une forte mobilisation autour de la filière du cannabis licite. Lors de son conseil d’administration, l’ANRAC a présenté un bilan encourageant.

Ilyasse Rhamir - 27 décembre 2024

Retard des pluies : entre espoir et inquiétude

Économie - À peine démarrée, la campagne agricole inquiète déjà. Les agriculteurs et les citoyens espèrent que la pluie sera au rendez-vous.

Hajar Toufik - 26 octobre 2022

La retenue de TVA s’impose aux avocats dans leurs transactions avec l’État

Économie - Les avocats sont désormais soumis à la retenue de TVA dans leurs transactions avec les institutions publiques, selon la loi de finances 2024.

Chaima Aberni - 13 septembre 2024

Port de Tan Tan : un investissement stratégique pour l’économie régionale

Économie - Le projet du port de Tan Tan est structuré autour de la construction et de la rénovation des infrastructures existantes.

Rédaction LeBrief - 4 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire