Accueil / Société

Sebta : léger calme après la tempête

Temps de lecture

Ce jeudi, le gouvernement espagnol a accusé le Maroc d’«agression» et de «chantage» après l’arrivée de plus de 8.000 migrants depuis lundi dans la ville occupée de Sebta. Sur ces 8.000 entrées, 5.600 ont déjà été expulsés et conduits vers la ville de Fnideq, selon les autorités espagnoles. Par ailleurs, l’affaire Brahim Ghali est en stand-by. Ce dernier refuse de signer sa convocation pour comparaître le 1er juin prochain devant la justice espagnole avant de «consulter Alger et les personnes en qui il a confiance». Les détails. 

Retour au calme ce jeudi matin après une nuit agitée àla frontière entreFnideq etSebta. L’agence de presse internationale AFP souligne qu’environ un millier de jeunes marocains ont tenté de rejoindre la ville de Sebta dans la nuit du mercredi 19 au jeudi 20 mai 2021. Ces derniers auraient jeté des pierres sur les forces de l’ordre et incendié la moto d’un responsable local de sécurité avant de mettre le feu à des poubelles. La même source indique que les autorités marocaines ont pu finalement encercler les protestataires et les disperser.

Ce jeudi matin, l’Espagne a accusé le Maroc de chantage et d’utiliser des mineurs pour faire pression. «L’afflux de ces migrants en provenance de Fnideq est une agression à l’égard des frontières espagnoles, mais aussi des frontières de l’Union européenne», a dénoncé Margarita Robles, ministre de la Défense espagnole sur une radio publique.

«Nous ne parlons pas de jeunes de 16, 17 ans», le Maroc a laissé passer des «enfants de 7 ou 8 ans, d’après ce que nous ont rapporté les ONG en faisant fi du droit international», souligne la ministre. Pedro Sanchez, premier ministre espagnol a également souligné mercredi que son pays est «défiépar un pays tiers, le Maroc» et qu’il s’agit ici «d’un manque de respect envers l’Espagne et l’Union européenne».

Ecouter aussi :Sebta : l’histoire de l’une des dernières colonies en Afrique

Du côté marocain, on demande toujours une réponse sur les (véritables) raisons qui ont poussé l’Espagne à accueillir sur ses terres le chef du mouvement séparatiste Brahim Ghali. La dernière sortie médiatique est l’œuvre ce jeudi de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères. Dans une déclaration à l’agence de presse espagnole EFE, Bourita indique que «l’hostilité médiatique espagnole à l’égard du Maroc, à base des fakes news, ne peut occulter la véritable source de la crise, qui est l’accueil par Madrid sous une fausse identité du chef des milices séparatistes du polisario».

Bourita souligne égalementque l’ambassadeur du Maroc en Espagne «ne reviendra pas tant que durera la crise, et la crise durera tant que ses causes restent valables», à savoir «l’entrée de Brahim Ghali en territoire espagnol dans des conditions indignes d’un État de droit et sa non-comparution devant la justice espagnole». Questionné sur la vague de migrants ayant rejointla ville de Sebta,Bourita a informé que cela est dû à «un contexte de fatigue dans la police marocaine après la fin des festivités du Ramadan», mais aussi à «l’inaction totale de la police espagnolese déploie à raison d’un policier pour cent agents marocains dans les zones frontalières».

Brahim Ghali refuse de comparaître devant la justice espagnole

Le chef du mouvement séparatiste Brahim Ghali a refusé de signer cette semaine une convocation émise par l’audience nationale pour comparaître le 1er juin prochain devant la justice espagnole. En effet, Brahim Ghali dit ne pas pouvoir se présenter «avant de consulter Alger et les personnes en qui il a confiance», rapporte le quotidien espagnol El Pais dans son édition du mercredi 19 mai 2021. Ce refus de sa part fait craindre qu’il ne s’enfuie du pays avant d’être présentédevant la justice, qui a jusque-là refusé de le placer sous mesures conservatoires. Si Brahim Ghali refuse de se présenter le 1er juin à l’audience, le magistrat Santiago Pedraz prévoit de poser un mandat de perquisition et d’arrêt international.

Lire aussi:Brahim Ghali : l’USFP et le PAM s’adressent à la presse espagnole

Des sources diplomatiques ont affirmé au quotidien El Pais que l’accueil de Brahim Ghali en Espagne a été négocié entreMadrid et Alger au début du mois d’avril. La demande aurait été acceptée du côté espagnol en raison du «caractère stratégique des relations»qui lient l’Espagne à l’Algérie, premier fournisseur de gaz sur le marché espagnol.

Rappelons que deux plaintes sont déposées contre Brahim Ghali, la première a étéintroduiteen 2008 par l’Association Sahraouie pour la défense des droits de l’Homme tandis que la seconde a été déposée par le blogueur Fadel Mihdi Breica qui l’accuse de détentions arbitraires, torture et crimes contre l’humanité.

D’ailleurs, le quotidien espagnol ABC juge que le gouvernement a commis « des erreurs impardonnables » à l’égard d’un « allié stratégique »qu’est le Maroc. «La crise de Sebta montre la faiblesse extérieure de l’Espagne et la vulnérabilité, sinon la solitudedont elle souffre du fait d’une diplomatie aventureuse et irresponsable», souligne le journal. «L’Espagne a commis une très grave erreur en compromettant ses relations avec le Maroc lorsque la présidence du gouvernement a permis à l’ancien vice-président de l’exécutif Pablo Iglesias de se prononcer sur la souveraineté du Sahara et désavouer ainsi le soutien des États-Unis au Maroc», souligne le journal espagnol dans son éditorial du mardi 18 mai 2021.«Cela a révélé les énormes lacunes de notre diplomatie et la superficialité avec laquelle Pedro Sánchez aborde la politique étrangère du pays», souligne le quotidien avant d’affirmer que l’accueil par l’Espagne du chef du polisario poursuivi en justice et sans même en informer le Marocétait une autre «erreur monumentale».

De son côté, Rachid Mamoumi, rédacteur en chef àl’agence Maghreb Arabe Presse (MAP) juge que les preuves de la duplicité espagnole dans l’affaire de Brahim Ghali «ne résistent même pas à la bonne foi d’un moine». L’éditorialiste juge «qu’en couvrant un criminel de guerre dont les mains sont tachées du sang espagnol et marocain, le gouvernement de Madrid se montre déloyal, non seulement à l’égard du Maroc, mais aussi vis-à-vis des Espagnols et des habitants des îles Canaries qui ont voté pour lui afin qu’il défende leur honneur et la mémoire de leurs proches tués, kidnappés, torturés ou violés sur ordre de Brahim Ghali».

En tout cas, après trois jours de turbulences, la frontière Fnideq-Sebta a retrouvé soncalme ce jeudi matin, mais dans les coulisses la tension est toujours palpable entre les deux royaumes. Jusqu’àquand ? Seul l’avenir nous le dira.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Décès de Larbi Bentarka, figure emblématique des médias marocains

Société - Larbi Bentarka, l’une des figures les plus marquantes du paysage médiatique et culturel marocain, s’est éteint ce vendredi.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Le roi Mohammed VI préside une séance de travail sur la révision du Code de la famille

Société - Le roi Mohammed VI a présidé, lundi au Palais Royal de Casablanca, une séance de travail consacrée à la révision du Code de la Famille.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Le journal Al-Omq Al-Maghribi réagit aux propos diffamatoires de Abdelilah Benkirane

Société - Al-Omq Al-Maghribi a reçu avec étonnement les propos diffamatoires émis par le secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Protection des consommateurs : 300.000 contrôles effectués en 2024

Société - Le ministère de l’Intérieur a multiplié ses initiatives avec plus de 300.000 opérations de contrôle en 2024 pour garantir la qualité des produits commercialisés.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Lutte contre les déchets plastiques : les Marocains prêts à agir

Société - 94% des Marocains interrogés accordent une grande importance à l'élimination des déchets plastiques.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Casablanca : suspect arrêté après acte violent

Société - Les éléments de la police judiciaire de la zone Ain Sebaâ – Hay Mohammadi, en coordination avec la DGST, ont interpellé, un suspect de 31 ans recherché pour plusieurs affaires criminelles.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Fourrières à Casablanca : un système en crise

Société - D’après le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes, 97% de ces fourrières ne sont pas légalement constituées en tant que service public.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

MRE, qui ne veut pas de vous ?

DOSSIER - C’est l’histoire d’un MRE qui a failli perdre la vie dans une altercation autour d'une terre. Une affaire sordide où advient aussi le « racisme anti-MRE ».

Sabrina El Faiz - 21 décembre 2024
Voir plus

Cherté de vie : le citoyen se révolte

Société - Mis à rude épreuve par l’inflation et la hausse vertigineuse des prix à la consommation, les ménages se révoltent.

Khadija Shaqi - 5 décembre 2022

Mères célibataires et mères divorcées : un vrai calvaire !

Dossier - Le statut des mères célibataires et divorcées au Maroc n’est pas de tout repos, entre traditions ancrées et exigences de modernité.

Sabrina El Faiz - 19 octobre 2024

Prix des médicaments : lancement des consultations avec les industriels pharmaceutiques

Société - Des rencontres seront organisées pour étudier les propositions des acteurs du secteur pharmaceutique concernant les prix de vente des médicaments. Le ministère de la Santé et de la Protection sociale les organise, du 28 juin au 1er juillet à Rabat.

Khadija Shaqi - 29 juin 2022

CNSS : augmentation des pensions de 5%

Société - La ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Alaoui, a présidé, ce vendredi, la réunion du Conseil d’administration de la CNSS.

Khadija Shaqi - 9 septembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire