Accueil / Politique

Maroc-Espagne : l’affaire Brahim Ghali attise l’ire de la diplomatie et des partis marocains

Temps de lecture

Le Maroc n’est pas près de laisser tomber l’affaire de l’hospitalisation de Brahim Ghali, chef du Polisario, en Espagne. Peu convaincu par les arguments du pays ibérique à ce sujet, la diplomatie marocaine a dénoncé l’accueil du leader séparatiste. Ce ne serait pas une «simple omission», mais un acte prémédité. De leur côté, à l’issue de leur réunion du samedi 8 mai avec le Chef du gouvernement, les partis politiques représentés au Parlement ont qualifié d’inacceptable et de condamnable la décision de Madrid.

L’affaire de l’hospitalisation de Brahim Ghali, chef du Polisario, attise de plus en plus les tensions entre Rabat et Madrid. En effet, depuis la confirmation de la présence du leader séparatiste en Espagne pour des soins post-contamination à la Covid-19, la diplomatie marocaine réclame des explications au gouvernement de Pedro Sanchez. Le samedi 8 mai, Nasser Bourita,ministre des Affaires étrangères, a d’ailleurs publié un nouveau communiqué de presse concernant cette affaire. Dans ce dernier, il a dénoncé le fait que les autorités espagnoles n’aient pas informé leurs homologues marocains de cette hospitalisation. Pour lui, ce n’était pas une «simple omission», mais «un acte prémédité, un choix volontaire et une décision souveraine de l’Espagne, dont le Maroc prend pleinement acte».

S’agissant des considérations « humanitaires » avancées par la ministre espagnole des Affaires étrangères, Arancha Gonzales Laya, pour justifier l’attitude négative de son pays, le responsable estime qu’elles n’expliquent aucunement «les manœuvres ourdies derrière le dos d’un partenaire et d’un voisin». Pour Bourita, «les considérations humanitaires ne peuvent être une panacée que l’on accorde sélectivement au chef des milices du Polisario, au moment où des milliers de personnes vivent dans des conditions inhumaines dans les camps de Tindouf». Aussi, lesdites considérations ne peuvent pas effacer les accusations deviol, de torture et les violations massives des droits de l’Homme commises par le chef de la milice du Polisario.

Lire aussi :Affaire Brahim Ghali : le Maroc déçu par l’attitude de l’Espagne

Accusant l’Espagne de chercher à minimiser l’impact de l’accueil du leader du front séparatiste sur ses relationsavec le Maroc, le ministre a souligné que le maintien et la protection du partenariat bilatéralsont une responsabilité partagée. Il indique que ces liens se consolidentpar «un engagement permanent à préserver la confiance mutuelle, à maintenir une coopération fructueuse et à sauvegarder les intérêts stratégiques des deux pays». Et de marteler que la décision de l’Espagne d’admettre Brahim Ghali sous une fausse identité est à l’origine de l’annulation d’importantes réunions entre les ministres marocains et espagnols. Ces rencontres visaientà préparer le prochain sommet réunissant les deux pays, notamment celuiqui a déjà étéreporté en décembre à cause de la pandémie de la Covid-19.

Le communiqué est également revenu sur le report au 1er juin de l’audition de Brahim Ghali devant l’Audience nationale espagnole.Un report, qui selon un rapport de la police espagnole, a été décidé en raison de l’état de santé de Ghaliqui est encore «sous respiration assistée» dans un hôpital de Logroño. Le document condamne dans ce sens «l’inaction de la justice espagnole», notant que l’application de la loi et la préservation des droits des victimes ne peuvent se faire avec deux poids deux mesures.

Lire aussi :L’audition de Brahim Ghali reportée

L’ire des partis politiques

Outre le communiqué du ministère des Affaires étrangères, les partis politiques représentés au Parlement ont décrié la démarche de l’Espagne dans une déclaration commune publiée le samedi 8 mai à l’issue d’une rencontre avec le Chef du gouvernement, Saad Dine El Otmani, et Nasser Bourita. Ils ont ainsi qualifié la décision de Madrid «d’acte inacceptable et condamnable» qui représente une provocation explicite vis-à-vis du Maroc. Une initiative qui, selon eux, est une «contradiction flagrante avec la qualité des relations bilatérales entre les deux peuples et les deux pays, ainsi qu’avec leurs relations de voisinage».

Lire aussi :Affaire Brahim Ghali : la diplomatie espagnole tente de se rattraper

S’opposant fortement à l’admission de Brahim Ghali dans un hôpital espagnol, les partis signataires de la déclaration ont dénoncé une manœuvre «qui reflète une attitude propre aux milices et aux bandes criminelles», et appellent le gouvernement de Sanchez àfaire le nécessaire pourremédier à cette situation. En outre, ils ont rappelé que le pays ibérique a «souffert et souffre encore du séparatisme et de son impact négatif sur sa stabilité et son unité, mais à aucun moment un parti marocain n’a pris position ou entrepris un acte soutenant la thèse séparatiste en Espagne».

Pour conclure, les partis concernés ont exhorté l’Espagne à agir rapidement pourréparer le préjudice qu’ont subises relations avec le Maroc à la suite de cette affaire. Notons enfin que la déclaration en question a été signée par le Parti de la justice et du développement (PJD), le Parti authenticité et modernité (PAM), le Parti de l’Istiqlal (PI), le Rassemblement national des indépendants (RNI), le Mouvement populaire (MP), l’Union socialiste des forces populaires (USFP), l’Union constitutionnelle (UC), le Parti du progrès et du socialisme (PPS) et le Parti socialiste unifié (PSU).

Dernier articles
Les articles les plus lu

Financement du développement en Afrique : Fettah plaide pour une mobilisation collective

Politique - Lors de la 5e édition de l’Africa Investment Forum (AIF), tenue à Rabat, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah, a appelé à une mobilisation collective pour améliorer l’accès au financement en Afrique

Farah Nadifi - 4 décembre 2024

PLF 2025 : 231 amendements examinés par la Chambre des conseillers

Politique - La Commission des finances de la Chambre des conseillers a reçu 231 amendements sur la première partie du Projet de Loi de Finances (PLF) 2025. Parmi eux, 66 ont été acceptés, 55 rejetés et 110 retirés. La majorité des propositions portaient sur le volet fiscal (177 amendements), suivi des volets douanier et divers.

Rédaction LeBrief - 4 décembre 2024

Nasser Bourita reçoit le ministre djiboutien des AE, porteur d’un message au Roi

Politique - Le Royaume du Maroc s’est constamment engagé à soutenir Djibouti dans son processus de développement.

Mbaye Gueye - 4 décembre 2024

Diplomatie parlementaire : Ould Errachid en mission au Panama

Politique - Mohamed Ould Errachid se rendra au Panama les 4 et 5 décembre à la tête d’une délégation parlementaire marocaine.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

Le Maroc et l’UE veulent relancer leurs relations parlementaires

Politique - Rachid Talbi Alami et son homologue, Roberta Metsola, ont convenu à Bruxelles d’une feuille de route pour la relance des relations entre les parlements.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Droit de grève : malgré la modification du texte, le projet divise toujours

Politique - Face à la pression des syndicalistes, le gouvernement a fait un geste visant à améliorer le projet de loi sur le droit de grève.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Rabat : 22ème réunion de la Commission militaire mixte maroco-française

Politique - Les échanges ont porté sur la coopération militaire bilatérale et les enjeux sécuritaires régionaux et internationaux.

Rédaction LeBrief - 3 décembre 2024

Sommet «One Water» : Akhannouch défend l’initiative du Maroc pour l’eau

Politique - Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, représente le Roi Mohammed VI au Sommet “One Water”, qui a débuté mardi à Riyad.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024
Voir plus

Soutien public à la presse : un décret qui divise

Politique - Six organisations éditrices représentant plus de 800 entreprises médiatiques ont exprimé leur désaccord face au décret fixant les plafonds de soutien aux secteurs de la presse.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

Maroc-France : renforcement de la coopération migratoire par une réunion inédite

Politique - En marge du séminaire biannuel des consuls généraux organisé par l’Ambassade du Maroc en France, une réunion inédite a eu lieu le 29 novembre 2024 à la Chancellerie, réunissant de hauts responsables des ministères de l’Intérieur et des Affaires étrangères des deux pays.

Rédaction LeBrief - 30 novembre 2024

Réunion sur la politique actionnariale de l’État, présidée par Aziz Akhannouch

Politique - Jeudi, le chef du gouvernement a présidé une réunion de l'Instance de concertation sur la politique actionnariale de l'État.

Hajar Toufik - 20 septembre 2024

Au-delà de la langue, le Royaume s’éloigne du français

Politique - Les administrations, ainsi que les établissements publics, sont tenus d’utiliser les langues officielles de la Nation.

Atika Ratim - 5 juillet 2023

Italie : inauguration du consulat honoraire du Maroc en Calabre

Politique - La ville italienne de Gioia Tauro a accueilli l’inauguration des nouveaux locaux du consulat honoraire du Maroc pour la région de Calabre.

Rédaction LeBrief - 1 décembre 2024

Renforcement des relations entre le Maroc et Sao Tomé-et-Principe

Politique - Le 28 novembre 2024, à Casablanca, le Chef du Gouvernement, Aziz Akhannouch, a accueilli Patrice Emery Trovoada, Premier Ministre de la République Démocratique de Sao Tomé-et-Principe.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire